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Critique de Enkidou


Il est des livres dont on se dit qu'ils auraient manqué au monde s'ils n'avaient pas existé. Et d'autres dont on se dit que leur absence n'aurait causé nul dommage. 4321 fait partie de ces derniers. Des livres facultatifs.

On suppose donc que c'est pour des raisons purement alimentaires qu'Auster a écrit les 1200 pages de ce récit, dont le lecteur ne gardera rien qu'une vague écume un peu écoeurante. On se dit que l'auteur, après l'avoir achevé, a dû se sentir dans le même état d'esprit que le personnage central de son récit à la p. 799 : "Ferguson s'assit sur le lit ... et tout à coup [il eut] une sorte de haut-le-coeur ... Il n'avait jamais rien éprouvé de pire. Jamais connu une telle honte ... Puis, toujours nu, il ... sortit sur le balcon et lança la liasse de billets dans la nuit froide de janvier".

Alors oui, c'est malin et habilement ficelé, cette quadruple auto-biographie imaginaire de quatre Ferguson potentiels. Mais derrière la virtuosité il n'y a que du vide. le livre n'est qu'un long, très long, bavardage. Auster écrit bien et surtout facilement, mais il ne suffit pas de faire des phrases d'une page et demie pour être Proust. Auster est certainement un type cultivé, mais énumérer à longueur de récit des dizaines de titres de livres sans réussir à en dire le moindre mot original ne justifie pas le temps qu'il a passé à l'écrire, ni encore moins le temps que le lecteur passe à la lire. le dénommé Ferguson, dont on suppose qu'il est un double de l'auteur même s'il est raconté en quadruple exemplaire, est un gars très ordinaire, sans épaisseur ni profondeur, et globalement sans intérêt, et tout ceux qui l'entourent, tout ce qui lui arrive, tout ce qui arrive autour de lui, est ou devient pareillement insignifiant.

Au total, un indéniable savoir-faire, et probablement beaucoup de travail, pour mettre en place un habillage habile et chatoyant qui ne réussit pas à masquer la vacuité du propos. On ne retiendra finalement de ce livre qu'une seule chose : l'amusante genèse imaginaire du nom d'Ichabod Ferguson, le grand père du personnage central, ainsi baptisé par une improbable déformation de la réponse en yiddish qu'il fit à l'officier de l'immigration qui, à son arrivée à Ellis Island, lui demandait son nom : "Ikh hob fargessen" C'est drôle, mais c'est un peu juste pour justifier un livre, surtout de 1200 pages.
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