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Critique de Bouteyalamer


Au travers de Solal, son alter ego, l'auteur médite sur l'amour et le corps souffrant. L'impossible amour, jamais reçu par l'enfant non désiré, jamais satisfait par Simon qui l'a initié, jamais rassasié par le vagabondage au temps périlleux du SIDA. L'amour naïf offert par Lou qui tarde à comprendre que Solal n'est pas attiré par les femmes. Solal prépare les concours puis travaille dans un service d'urgences psychiatriques. L'introspection minutieuse le prépare à la vision du corps souffrant, à l'écoute d'une raison déviante, au rôle d'acteur et de spectateur d'une bientraitance maladroite, bien vite débordée.

« Il serait heureux que puisse ici s'écrire un roman d'apprentissage ou que Solal prenne les traits juvéniles des héros de quelque saga initiatique, ceux d'un jeune homme enfin prêt à participer au salut de l'humanité souffrante » (p 60). L'impossible roman, morcelé, hésitant, est servi par une écriture sincère où le récit est coupé de poèmes. Les images sont rocailleuses (« Il n'y a que ce ciel sang de poulet qui tonitrue désormais. Couleur plus sonore que n'importe quel cri. Solal pourrait hurler et écouter l'écho escalader à toute allure les étages du puits au fond duquel parvient un peu de lumière » p 12). La réflexion est parfois laborieuse, n'est pas Proust qui veut : « Car que sent-on, que voit-on quand on s'interroge sur ce qu'a laissé un être aimé ? le plus souvent sous le projecteur trop fort de la conscience, de la volonté de percevoir, on ne fait qu'aplanir tout relief et constater que ce miroir au-dedans de soi ne porte plus qu'une infime rayure, moins qu'un cheveu, dont le gommage ne déforme même pas le portrait qu'on se fait de soi, juste un filament évanescent et l'impression d'une trace de poussière. de la poussière, voilà ce que nous laissent certains examens de conscience rétrospectifs. On s'efforce de regarder à la loupe, mais ça ne rend rien, aucune image qui bouleverse ou nous gêne, seulement le peep-show du passé et notre reflet absent dans la nostalgie vague qui flotte » (p 118).
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