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Critique de Laureneb


On pourrait lire un roman rural, avec les travaux des heures et des jours, une vie de labeur qui ne s'arrête jamais. On pourrait être dans un passé plus lointain, une société qui n'est pas encore mecanisée. Seuls l'évocation de frères morts à la guerre permet de donner des repères chronologiques. Il faut semer, faucher, acheter des outils, vendre des animaux... Dans ce monde, la société est hierarchisée, patriarcale, violente, où la richesse est la terre. La famille, ce sont ceux qui travaillent le même champs, peu de place pour les sentiments ni pour la faiblesse. Arsène apparaît ainsi comme froid, calculateur, l'important est la productivité, pas le sentimentalisme envers le vieil ouvrier fatigué, même s'il l'a elevé. Cependant, la misère et la violence des rapports humains ne sont pas celles de la terre de Zola. Les familles présentées sont relativement aisées, si elles sont âpres au gain, c'est pour augmenter leur capital.
On pourrait aussi lire un conte fantastique dans un cadre champêtre. Ce est pas le Berry de George Sand, mais on retrouve des contes de veillées avec des monstres, ainsi que des descriptions assez poétiques du paysage jurassien - même si, une nouvelle fois, le personnage principal n'est pas sensible à l'esthétique pure, ne voyant que les rendements possibles.
Ensuite, on pourrait y voire un roman politique présentant les tensions religieuses de la Troisième République entre cléricaux superstitieux et anti-cléricaux rationnalistes. le personnage du maire est ainsi intéressant dans ses contradictions.
Mais j'ai choisi d'y lire une galerie de portraits de femmes souhaitant assumer leurs désirs. Il y la Dévorante, géante insatiable qui dévore les hommes. Il y a Juliette, jeune fille qui reste sage mais regarde émue l'ennemi de la famille. Il y a la toute jeune Belette qui demande à la Vierge de lui offrir une paire de gros nichons pour attirer les hommes, ou Louise, la matriarche, qui a refoulé ses désirs. Et il y a la Vouivre, créature surnaturelle ou jeune bourgeoise provocante ? On n'aura pas de réponse tranchée, mais elle représente la liberté sexuelle et érotique, libre de son corps et de ses mouvements. Mais cette figure de tentatrice reste inquiétante et dangereuse, ceux qui meurent sont ceux qui ont transgressé la norme.
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