Il posa sa bouche et son nez contre ses cheveux, inspira profondément. La puanteur était atroce mais il continua à respirer, comme s’il pouvait, d’une certaine manière purifier l’espace autour d’elle, effacer la pollution, et lui rendre sa véritable odeur, intacte et brillante ainsi qu’au premier jour. L’ai passait dans ses narines, devenait plus profond, plus intense à mesure qu’il le retenait dans ses poumons avec la ferveur d’un joaillier couvant des diamants ternis et mal taillés
Il sortit de sa cabane, aussitôt plongé dans la fournaise matinale du monde extérieur. On aurait dit que les logements avaient été conçus pour faire mijoter leurs occupants et les laisser agoniser, pantelants, la bouche sèche comme du papier de verre. Ceux-ci s'écorchaient à force de gratter le grand vide épuisé où certains conservaient leur âme. D'ici ce soir, il allait planter quelqu'un, casser un nez ou un doigt, puis il retournerait dormir et ainsi de suite.