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Critique de Cigale17


Voilà une oeuvre très originale ! Il ne s'agit pas de la transposition d'un classique, comme souvent, mais de la suite qu'Alain Cayroles et Juanjo Garnido ont donné à un ouvrage de Francisco Gómez de Quevedo y Villegas, paru en 1626, à savoir l'Histoire de la vie de l'aventurier nommé don Pablos de Ségovie, vagabond exemplaire et miroir des filous. Cette magnifique BD, Les Indes fourbes, est construite en trois chapitres, flanqués d'un prologue et d'un épilogue. Elle relate les aventures picaresques de don Pablos, qui n'est pas « don » du tout, mais qui est un gueux, né dans une famille très pauvre. Ce personnage truculent est prêt à toutes les bassesses pour s'en sortir, s'élever, et plus que tout, survivre ! Il est menteur, voleur, baratineur, retors, cynique, il trahit ceux qui l'aident, et les auteurs réussissent le tour de force de le rendre infiniment… sympathique ! Pablos va se retrouver aux Indes occidentales espagnoles alors que les conquistadores ont déjà pillé ce qu'il y avait à piller. Il n'empêche : certains aventuriers sont toujours prêts à croire à un Eldorado…
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Le texte off se présente dans des bulles de parchemin tout au long de l'histoire, et les premiers mots du prologue sont « Seigneur, je suis de Ségovie ». Il faudra attendre l'avant-dernière case pour savoir à qui s'adresse vraiment don Pablos. Je suis tombée sous le charme de l'exploitation du tableau de Velasquez, si souvent commenté, Les Ménines (1656), dans le prologue et l'épilogue. La relecture proposée ici reprend la plupart des personnages, omet la reine, permet au spectateur d'adopter le point de vue du peintre plutôt que celui du modèle, modifie ce que reflète le miroir, bref, recompose le tableau au plus grand bonheur de la lectrice admirative que je suis ! Je suis certaine que je n'ai pas repéré le quart des citations littéraires, picturales ou cinématographique contenues dans cette BD, et ça n'enlève rien à son intérêt, au contraire : cela suffirait à imposer une relecture. Les dessins sont absolument magnifiques, la mise en page et la mise en couleurs particulièrement réussies : des teintes qui exploitent la palette des ocres jusqu'à arriver au rouge, des bleus rares et magnifiques (la mer, la nuit), des verts subtils (la forêt), etc. Une mention spéciale pour l'incroyable, foisonnante et dépaysante double page centrale ainsi que pour la magnifique couverture. Chapeau bas !
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