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Critique de Christophe_bj


Deux grandes amies, lycéennes brillantissimes, Rachel Deville et Adèle Prinker, prennent des voies opposées : la première fait des études de lettres et la seconde de mathématiques. Cette orientation est en grande partie déterminée par leurs familles, les Deville étant une dynastie de grands bourgeois littéraires et les seconds, d'extraction plus modeste, ne jurant que par la science. Nous allons suivre leur parcours à la fois professionnel et d'amitié, celle-ci connaissant des moments de « fusion » et aussi de longs moments de silence complet. ● Je crois que je n'ai absolument pas compris où Nathalie Azoulai voulait nous emmener : à déterminer qui des deux en compétition est cette « fille parfaite » ? A faire l'histoire d'une amitié en dents de scie ? A s'interroger sur le suicide ? Sur la prédominance de la science dans le monde contemporain ? Sur la perfection qui n'est pas de ce monde ? Tout cela à la fois ? ● Je n'avais déjà pas aimé son roman le plus connu, Titus n'aimait pas Bérénice, prix Médicis 2015, j'ai voulu récidiver avec celui-ci dont la thématique, une amitié entre deux jeunes filles opposées, me paraissait à première vue intéressante. ● Mais Nathalie Azoulai a une façon d'opposer les sciences et les lettres qui sonne très années quatre-vingt ; il me semble qu'aujourd'hui on a dépassé ce genre d'oppositions stériles sur lesquelles on pouvait à l'époque demander aux lycéens de disserter. ● du coup, la chronique analytique de cette amitié m'a semblé vaine, creuse et lourde, et surtout très ennuyeuse. ● L'alternance aujourd'hui (Adèle Prinker s'est pendue à 46 ans – je ne divulgâche rien, c'est dans les toutes premières pages) et hier (la vie des deux étudiantes) ne suffit pas à dynamiser un récit d'une grande platitude, dans lequel des analyses spécieuses succèdent à la narration de micro-événements sans aucun intérêt. ● Je ne me suis attaché à aucun des personnages, les familles Deville et Prinker réussissent l'exploit d'apparaître à la fois caricaturales et superficiellement caractérisées. ● On peut cependant sauver le style, et quelques moments de grâce : « On ne se pend pas sans penser à l'image qu'on va produire, la stupeur, le face à face des deux corps à la verticale, le vivant et le mort, l'effet du poids qui pend, l'effroi pantois du premier témoin, la misère crue de la dépouille. » ● « [Q]uand je lis de la philosophie, j'ai l'impression de mâcher du vide. » ● « J'adorais Darwin, je trouvais qu'il expliquait notre existence mieux que tous les romans du monde. Mais les littéraires n'aiment pas Darwin et n'aiment pas qu'on aime Darwin, ils trouvent que c'est une vision du monde qui manque de douceur et de vertu. » ● Ou encore : « le problème, c'est que je me méfiais de mes nouveaux pairs, les écrivains. Leur sentiment d'importance, leurs poses, leurs pétitions et leurs cascades de vertu m'incommodaient et me rappelaient le salon de ma mère. Plus je les côtoyais, plus je remarquais qu'ils inventaient toutes sortes de mythes et de figures pour pourfendre, incriminer, s'indigner, sans la moindre connaissance ni en économie, ni en géopolitique, ni en rien de ce qui faisait réellement tourner le monde. Au réel, ils préféraient leurs cosmogonies où des dieux vils et sanguinaires se déchaînaient invariablement contre des peuples sans ressources. Ça leur donnait une position, une chaire depuis laquelle juger, pérorer, proclamer l'existence du Bien et, par la même occasion, la leur. »
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