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Critique de Givry


Givry
28 novembre 2017
Ce récit se situe entre le Sénégal et le Mali, au début du vingtième siècle, à l'époque de la domination coloniale française. Le héros est Wangrin, personnage haut en couleurs. Il a souhaité que son histoire soit racontée et transmise aux générations suivantes par Hampâté Bâ.

L'histoire débute au moment où Wangrin a son premier contact avec un colon français et il décide immédiatement de prendre la place de l'interprète de celui-ci. Il estime qu'il parle mieux français et son ambition ne fait que commencer. Les griots et marabouts vont jouer un rôle important dans l'ascension sociale de Wangrin. Les griots sont les communicants, ils traduisent en discours les volontés politiques, les idées de leurs chefs. Les marabouts exécutent les volontés de façon magique, avec des règles ancestrales, venues du fond des âges, fascinantes pour nous occidentaux au début du siècle suivant.

C'est un document sur les règles et coutumes de ces peuples. On y découvre combien des chefs locaux possédaient d'immenses richesses : têtes de bétail, or, pierres précieuses. Ils étaient très puissants mais la colonisation les a fait disparaitre, en particulier en obligeant ces familles à envoyer leurs enfants à l'école des otages (oui, c'est bien le nom!). Cette école enseignait plus que le français, elle « modelait » à la façon occidentale ces enfants de familles dotées de pouvoir. Ce seront les membres de ces familles riches qui iront ensuite sur le front de la première guerre mondiale, combattre aux côtés des français. Est-ce que les français qui les ont côtoyés à cette occasion ont pu imaginer l'importance locale et la richesse de ces gens ? Pas sûr, car les noirs n'étaient pas toujours considérés à ce moment-là comme des hommes à part entière.

Wangrin pourrait irriter à force de saisir toutes les occasions pour grimper à l'échelle sociale, parfois en écrasant sur son passage des gens de bonne volonté. Car ce récit est une succession de faits pour asseoir la réussite de Wangrin, cet insatiable manipulateur. Peut-on lui en vouloir ? La postface de l'auteur nous éclaire sur ce Wangrin : il était d'une famille importante, et a donc suivi les enseignements de l'école des otages. Or il a l'intelligence de combattre les colons avec leurs armes, et aussi ceux qui assistent avec zèle les colons. En redistribuant une partie de ses richesses aux pauvres, il perpétue le rôle qu'il aurait dû avoir si la colonisation n'avait pas eu lieu.

A lire sous cet angle.

Lien : http://objectif-livre.over-b..
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