AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome fait suite à Schism. Il contient les épisodes 1 à 8 de la série qui a débutée en 2011.

-
- Épisodes 1 à 4 - Suite aux événements de "Schism", Logan "Wolverine" a décidé de prendre la responsabilité d'ouvrir une nouvelle école pour mutants, baptisée Jean Grey School for Higher Learning. Il a choisi de construire l'école à neuf sur l'ancien emplacement de celle de Charles Xavier, 1407 allée Graymalkin, à Salem Center, dans le conté de Westchester, dans l'état de New York. Il en est le proviseur, responsabilité qu'il partage avec Kitty Pryde. Alors que l'histoire commence Logan et Kitty doivent accompagner deux inspecteurs d'académie dans une visite guidée de l'établissement qui ouvre ses portes le jour même. Ces 2 personnes font preuve d'un racisme latent vis-à-vis des mutants en général, et ils ne peuvent que constater au fur et à mesure les aspects non conventionnels de l'établissement, ainsi que les nombreux défauts de jeunesse des installations, sans parler du caractère ingérable de plusieurs élèves. Mais les choses se gâtent vraiment quand Kade Kilgore se présente aux portes de l'établissement pour délivrer un utlimatum. Kilgore (le nouveau patron du Club Hellfire, avec Manuel Enduque, Baron Maximilian von Katzenelnbogen et Wilhemina Kensington) ne tolérera pas l'existence d'une école pour mutants.

Ce nouveau titre des X-Men (initié en 2011) est écrit par Jason Aaron, dessiné par Chris Bachalo (pour les épisodes 1 à 3, aidé par Duncan Rouleau, Matteo Scalera, avec pas moins de 7 encreurs) et Nick Bradshaw (pour l'épisode 4). Dès le début le ton de cette série à l'humour et la légèreté, très éloigné du pathos habituel des séries X-Men. La veille alors que Logan angoisse à l'idée de la rentrée, Charles Xavier lui rend visite pour lui faire partager son expérience de responsable de centre éducatif et il le vanne sur le nombre de fois où l'école sera détruite, sur le budget de construction à prévoir, et sur le fait qu'il n'aurait pas parié sur Logan pour prendre sa succession. le tour du propriétaire avec les 2 inspecteurs s'avère tout aussi générateur de sarcasmes et de moqueries, et le malaise de Logan va augmentant. Aaron a donc opté pour un ton humoristique qui prend le pas sur le reste, c'est-à-dire que le lecteur ne doit pas s'attendre à de grandes révélations, et certains personnages ne sont présents que pour leur potentiel comique. Par exemple, Toad (Mortimer Toynbee) ne sert que de faire valoir comique du fait de la tâche qui lui a été confiée.

Cependant, Jason Aaron raconte bien une histoire qui s'inscrit dans la continuité des X-Men. Pour commencer il s'agit d'une conséquence directe de "Schism", mais en plus le lecteur doit posséder une solide connaissance des personnages mutants de l'univers partagé Marvel pour s'y retrouver. Une partie de l'humour repose sur la connaissance des 14 membres du personnel de l'école. C'est un petit moins gênant si le lecteur ne connaît pas les 20 élèves inscrits aux cours (je vous laisse la surprise de découvrir leur identité). Les 3 premiers épisodes servent donc à poser les bases de la série, ainsi qu'à raconter le premier conflit contre Kade Kilgore et ses troupes. Tout se solde par le recrutement d'un nouvel élève ayant une forte relation avec les X-Men.

Dans l'épisode 4, Aaron prend le temps de développer les relations entre les élèves, et celles entre les membres de l'équipes enseignantes. Il équilibre les moments humoristiques (une incroyable leçon d'histoire du futur donnée par Deathlok), et les moments plus émotionnels, tels que la reprise de contact entre Bobby Drake (Iceman) et Angel (Warren Worthington) après ce qui lui est arrivé dans The Dark Angel Saga 2.

Pour les 3 premiers épisodes, malgré le nombre de personnes impliquées, le même style prédomine du début jusqu'à la fin et il s'agit de celui de Chris Bachalo. On retrouve donc son implication dans les détails des bâtiments pour faire de cette nouvelle école un lieu unique. Il y a sa façon de dessiner les personnages qui incorpore des influences cartoon et manga, sans qu'elles prennent le dessus sur l'aspect général. Ces 2 influences se remarquent dans la façon de dessiner les visages : assez épurés avec quelques caractéristiques exagérées pour leur donner plus d'expressivité. Elles se retrouvent également dans quelques silhouettes, en particulier celle très filiforme de Kitty Pryde. Il a une façon toute à lui d'appréhender certains éléments vestimentaires, comme les bottes ou les extensions des gants au niveau de poignets. Enfin sa façon d'utiliser les aplats de noir pour donner plus de substance aux silhouettes ou à des éléments du décor rend les combats beaucoup plus intenses et les utilisations de superpouvoirs uniques. Il faut voir Iceman créer des structures massives de glace, c'est à la fois primaire, massif et brutal. le lecteur ne peut donc que regretter que dans certaines pages (malgré l'aide nombreuse dont il a bénéficié), il n'ait pas eu le temps de peaufiner les arrières plans (surtout pendant les scènes de combat).

Pour l'épisode 4, Nick Bradshaw adopte un style détaillé avec une forte influence d'Art Adams sur la façon de dessiner les visages. le lecteur a donc droit à des personnages très mignons avec des expressions à craquer, dans des décors très immersifs.

Le tome s'achève avec un facsimilé du prospectus de présentation de l'école Jean Grey School for Higher Learning (avec la liste des cours), une double page illustrant les événements à venir, une page à base d'icones listant les membres du personnels de l'école et les élèves (fort utile si vous ne suivez les séries X-Men que de loin), 4 couvertures alternatives, le tweet du cours dispensé par Deathlok, et 3 pages d'esquisse de Chris Bachalo.

Ce début de série s'avère une agréable surprise avec un scénariste très en verve, drôle et vif (sous réserve que le lecteur soit familier des X-Men), avec des dessins plein de personnalité, assez porté sur une forme douce de dérision dans leurs exagérations.

-
- Épisodes 5 à 8, avec un scénario de Jason Aaron, et des dessins de Nick Bradshaw (épisodes 5 à 7) encré par Walden Wong, et de Chris Bachalo (épisode 8) encré par Tim Townsend.

Épisodes 5 à 7 - Charles Xavier avait raison : la principale qualité pour le responsable de l'école pour surdoués de Westchester est d'avoir un compte en banque bien fourni. Pas de chance, ce n'est pas le cas de Logan. Évidemment, il se tourne vers Warren Worthington pour lui demander une aide financière, mais l'état de ce dernier depuis The Dark Angel saga II ne lui permet pas de disposer librement de sa fortune. Ce n'est pas grave : faute d'avoir des ressources financières, Logan a des idées. Il emmène donc Quentin Quire avec lui pour aller s'en procurer. Avant de partir il confie la responsabilité de l'école à Bobby Drake parce que Kitty Pride est légèrement indisposée par une soudaine grossesse. Heureusement Hank McCoy a tout le matériel nécessaire pour effectuer un voyage fantastique et découvrir l'origine de ce gros ventre.

Épisode 8 - le nouveau Club Hellfire (avec à sa tête Kade Kilgore) a mis la main sur Sabretooth et l'a envoyé massacrer les agents de l'agence gouvernementale SWORD (Sentient World Observation and Response Department), à commencer par Abigail Brand la copine d'Hank McCoy.

Cette série continue donc à marier mutants et humour dans un cocktail bien dosé. Jason Aaron associe une intrigue en bonne et due forme, découlant naturellement de l'existence de cette nouvelle école : concentration de jeunes mutants avec des caractères juvéniles, constituant une cible de choix pour tout un tas d'ennemis. Fort heureusement la place dévolue aux membres juvéniles du nouvel Hellfire Club est minime, et le reste est tout à fait à sa place dans la mythologie très riche des X-Men. Aaron installe un niveau de suspense satisfaisant et des surprises viennent régulièrement capter l'attention du lecteur.

Ce qui fait la spécificité de cette série (par rapport aux innombrables autres passées et présentes) réside dans la dose d'humour et dans la manière de faire exister les personnages principaux (essentiellement Logan, Kitty Pride, Hank McCoy). D'un coté Quentin Quire a perdu un partie de son tranchant par rapport à ses apparitions dans les épisodes écrits par Grant Morrison ; de l'autre il a conservé une attitude arrogante pleine de morgue et de suffisance qui alimente à la fois les réparties avec Logan, mais aussi le scénario. Aaron ne réduit pas Quentin Quire à un dispositif narratif humoristique, il conserve sa personnalité qui est une partie intégrante de l'histoire. Cette approche de mêler humour et personnalité s'applique à tous les personnages. Par exemple, Kitty Pride n'a rien perdu de sa fraîcheur et de sa détermination. À aucun moment elle n'accepte le rôle de victime malgré cette grossesse peu naturelle : elle continue à faire preuve d'un soupçon d'autodérision, ce qui la rend plus réelle et plus sympathique.

En outre Aaron a trouvé le bon dosage entre récit accessible à tous les lecteurs, et évocation de la continuité. Si vous êtes nouveau lecteur, il est possible que vous vous sentiez parfois dépassé par l'apparition fugitive d'un mutant ou sa mention, mais cela ne nuit en rien à la compréhension du récit. Vous percevez alors que ces personnages évoluent dans un monde plein de références qui ne demandent qu'à être découvertes. Si vous êtes un fan des personnages, vous vous rendez compte qu'une ou deux scènes évoque des échos de moments forts, des passages historiques de cette série. La fuite de Kitty Pride dans les sous-sols de l'école avec un gros monstre qui la poursuit évoque forcément l'une des premières nuits qu'elle a passée seule dans l'école (épisode 143 de 1981, réédité dans Days of future past). Ce passage apparaît comme un hommage discret, à destination des fans.

Le style de Nick Bradshaw évoque fortement celui d'Art Adams. Il y a cette même volonté de détails minutieux, ce même souffle juvénile qui habite les personnages. Il sait doser ces ingrédients de manière à ce que les cases restent lisibles et à ce que les personnages respirent une joie de vivre modérée, mais bien présente. Évidemment ce parti pris est cohérent avec l'approche narrative d'Aaron et met en valeur aussi bien l'humour que la chaleur humaine des personnages. Bradshaw apporte un autre atout visuel : il se montre inventif. Il ne se contente pas de reproduire les images stéréotypées de ses confrères. Ainsi le premier voyage dans le corps d'un des membres du personnel de l'école offre une vision intéressante des globules rouges, des vaisseaux (avec Quire en train de graffiter), et de la texture du cerveau. L'entrain des personnages évite que le ventre rond de Kitty ne devienne obscène, et il confère une autre dimension au personnage de Quentin Quire. Sans cette vitalité, il y est certain que le personnage de Broo n'aurait été qu'un cliché improbable et privé de toute capacité à provoquer de l'empathie chez le lecteur. Non seulement Bradshaw réussit à réconcilier la nature de Broo avec sa personnalité particulière, mais en plus le lecteur s'attache à ce monstre aux expressions sympathiques. Par contre, il est visible que les encreurs s'essoufflent au fur et à mesure des épisodes et il est possible d'observer une diminution des nuances et des détails dans le troisième épisode (qui reste d'un bon niveau). Pour le dernier épisode, Bachalo et Townsend utilisent toujours leur style si affirmé, avec des exagérations sur les visages, une capacité tout aussi remarquable à insuffler de la vitalité dans les personnages, un encrage qui joue sur les contrastes entre surface noire et surfaces colorées, etc. Ce style est moins immédiatement plaisant, mais il s'accorde également avec l'ambiance de ce tome.

La bonne surprise de la première partie est confirmée : Aaron, Bradshaw et Bachalo animent des personnages sympathiques et leur font vivre des aventures prenantes et distrayantes.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}