AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Takalirsa


A travers l'immonde quotidien des éboueurs, le bilan alarmant de notre société de consommation.
Ramasser des montagnes d'ordures par tous les temps, supporter l'infâme odeur de cette « chiotte bouchée ambulante » qu'est la benne (affectueusement surnommée Betty), se faire asperger par des projections d'immondices... On le sait, le métier n'a rien d'attirant ! On apprend surtout, dans ce roman graphique en grande partie autobiographique, que les poubelles en disent long sur leurs propriétaires... Entre ceux qui les bourrent tellement qu'elles pèsent des tonnes, ceux qui planquent des déchets toxiques au milieu des déchets ménagers, ceux qui préfèrent désosser leur voiture morceau par morceau plutôt que de la porter à la casse, on a droit à une vaste panoplie de crétins ! Ajoutez à ça des animaux morts et des sacs pleins de vers, des flacons d'urine jetés par les routiers, le tout sur fond bleu délavé avec le style particulier de Derf Backderf, et vous obtenez une peinture abjecte mais ô combien réaliste de l'écoeurante réalité !

Heureusement le récit ne manque pas d'humour. J'ai beaucoup aimé la maladresse du chauffeur qui casse tout en manoeuvrant le camion-benne, les petites vengeances personnelles des éboueurs remplissant les boîtes aux lettres de déchets, ou encore le personnage du vieux Marv, le gars de la fourrière qui ne se contente pas d'attraper les chiens errants... Entre eux, les employés de la municipalité ne se font pas de cadeaux...
et les pauvres J.B. Et Mike sont bien méprisés. L'auteur dénonce au passage la corruption qui existe dans cette ville où les agents « rendent service » gratuitement sur leur temps de travail : « Tous ces pontes de la commune qui nous prennent pour leurs domestiques ». Mais le plus impressionnant, ce sont les passages à la décharge pour vider Betty : de grandes vignettes pleine page, agrémentées de chiffres significatifs, font prendre conscience de l'ampleur de ces véritables« planète des ordures » : « L'immensité de l'endroit me sidère toujours », avoue J.B. Même si l'on peut se targuer en Europe d'avoir une situation moins catastrophique qu'aux Etats-Unis, les statistiques font peur... d'autant plus que « Ça ne s'arrête jamais », puisqu'il existe un certain nombre d'obstacles au changement, à commencer par les profits colossaux engendrés par l'industrie du tri...
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}