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Critique de mjaubrycoin


Pour pouvoir apprécier pleinement la qualité d'un livre, il est indispensable de savoir au préalable à quel public il va s'adresser. Ainsi on peut juger de l'adéquation entre l'histoire racontée et le lecteur qui va la découvrir.
Le monde selon Britt-Marie me parait parfait pour une classe d'âge qui ne dépasse pas l'adolescence, puisqu'il présente sous forme de conte moderne une histoire pleine de bons sentiments et de tendresse, centrée sur la résilience des exclus de la croissance, sur l'entraide et l'amitié, et dans ce monde des "bisounours" à la suédoise, le football joue un rôle primordial.
L'histoire est simple: Britt-Marie, qui a atteint la soixantaine sans jamais pouvoir vivre pour elle-même, s'aperçoit que son mari Kent la trompe et décide de le quitter sur un coup de tête pour se mettre à travailler.
Après avoir littéralement harcelé sa conseillère en formation (qui mérite une auréole de sainte pour ne jamais l'avoir renvoyée sur les roses!) elle trouve un emploi comme gardienne d'une MJC sur le point de fermer parce qu'elle est située dans un village sinistré que la crise économique a littéralement vidé de ses habitants et de ses entreprises.
Ne restent sur place que ceux qui ne peuvent pas aller ailleurs et qui cumulent les fonctions, ou les enfants dont le seul but est de taper dans un ballon sur un parking désaffecté ou encore un rat solitaire avec lequel l'héroine entretient une relation suivie.
Britt-Marie, obsédée de la propreté et du ménage, aura bien du mal à se faire à ses nouvelles fonctions mais finira par sympathiser avec les irréductibles locaux et deviendra entraîneuse de foot , permettant aux enfants de participer à une compétition et de réaliser ainsi leurs rêves.
Tous sortiront grandis de cette belle aventure qui leur aura permis de retrouver leur dignité et de nouer des liens affectifs étroits, faits de tendresse et de respect réciproque malgré les différences.
Le style narratif est direct, les phrases simples et courtes, les personnages dénués d'ambiguité et un humour indulgent survole tout le roman pour lui donner une légèreté gracieuse qui n'est pas ternie même par le plus terrible des drames.
Je disais donc que le texte était parfait pour un jeune lecteur.
Pour un adulte, il en va autrement. Il est certes des romans destinés prioritairement à un public de jeunes adultes qui peuvent transcender les genres par leurs qualités intrinsèques et parler intimement à tous les lecteurs. Ce n'est pas le cas de celui-ci.
L'histoire m'a paru invraisemblable et les personnages caricaturaux, notamment celui de l'héroïne que l'auteur a bien eu du mal à humaniser au fil du récit. le comportement obsessionnel de Britt-Marie peut légitimement faire douter de sa santé mentale et les réactions de son entourage, toutes en bienveillance et indulgence, particulièrement peu crédibles . L'humour est répétitif et ne parvient que difficilement à arracher un sourire.
Mais quel est donc ce pays où il suffit de faire le siège d'un service administratif pour obtenir ce que l'on demande, par exemple la création d'un terrain de foot dans une banlieue défavorisée ? Un doux rêve ...auquel il ne faut pas croire ,bien sûr, sinon quelle déception pour ces jeunes qui errent sans but dans les banlieues...
Ce n'est pas un livre que l'on peut lire d'une traite tant l'ennui guette le lecteur à chaque page et tant le déroulé de l'intrigue s'avère prévisible.
J'imagine que la Suède, qui partage avec d'autres pays européens, les affres d'une crise économique et migratoire sans précédent, éprouve elle aussi le besoin de se rassurer en produisant une " littérature-doudou" qui éclaire un quotidien bien gris.
Je ne suis cependant pas convaincue qu'il faille pour autant renoncer au principe de réalité et produire des contes pour grands et petits tellement détachés de toute crédibilité qu'ils en deviennent grotesques.
Décidément, le genre feel-good n'est pas pour moi !
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