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Critique de christinebeausson


Je ne me rappelle plus comment ce livre est arrivé dans ma pile à lire !
Émile (?) signait sur un post-it, posé sur la couverture et me souhaitait une belle lecture !
Un livre présenté comme un roman historique mâtiné avec des histoires de vampires !
Vraiment pas mon truc !
L'envie d'une petite chose facile à decouvrir après une grosse déception littéraire et me voilà partie pour cette découverte.

Nous sommes dans les années 1789, mes souvenirs scolaires sont lointains mais les dates de la révolution traînent dans mes neurones.
Une bande de jeunes nobles prêts à se lancer dans l'aventure de la démocratie en abandonnant leurs particules dans les fosses de l'histoire.
Des fêtes où se mêlent toutes les classes de la société qui finissent vers les Halles de Paris, près du marché de la boucherie où commence les travaux de l'abattoir, les trottoirs rouges et les jeunes débauchés qui viennent y traîner leurs chaussures à talons, martelant le sol imbibé de sang ... voilà ceux que l'on nomment les talons rouges !
C'est bouillonnant, l'actualité de cette période est revue et corrigée avec de vrais personnages.
Par exemple
Jean Jacob (1), qui croise la route de sosies de célébrités,
Anne-Josèphe Théroigne, dite de Méricourt (2), première féministe même si le terme n'était pas encore apparu dans le vocabulaire français,
Antoine Beauvilliers (3), créateur du premier véritable restaurant et auteur de "l'art du cuisinier" classique de la littérature gastronomique,
On évoque l'histoire de la France avec l'épisode du vote de la mort de louis XVI
« Quelle peine sera infligée à Louis ? » (4) et l'épisode de l'entrée au pantheon de Michel Lepelletier (5),
On suit les bagarres entre les différentes factions des troupes révolutionnaires ...
Les cordeliers (6), les jacobins (7), les girondins (8), les montagnards (9).
On y croise ce qui s'appelait l'armée noire (10).

On se perd, on se retrouve dans l'histoire de notre révolution... pour pimenter le tout un petit zeste d'initiation au vampirisme comme un zeste d'exotisme.
En conclusion, ce livre est un excellent remède pour réactualiser nos souvenirs sur cette période de l'histoire.


(1)
Jean Jacob, (1669-1790) est une personnalité du Jura, supposé être mort à plus de 120 ans. Son grand âge supposé, mais sujet à controverse, lui permit d'obtenir une certaine notoriété à la fin de sa vie et, par exemple, de rencontrer les membres de l'assemblée nationale en 1789 à Paris.

(2)
Anne-Josèphe Théroigne, dite de Méricourt, (1762-1817), est une femme politique liégeoise. Pour elle, les femmes « ont les mêmes droits naturels que les hommes, de sorte qu'il est extrêmement injuste que nous n'ayons pas les mêmes droits dans la société ». Ce discours provoque la colère de la presse contre-révolutionnaire : elle y fait l'objet de moqueries et de propos désobligeants, dépeinte comme une débauchée, antithèse de la féminité, « pute patriote dont 100 amants par jour payaient chacun 100 sous en contributions à la Révolution gagnée à la sueur de son corps ». Quand la France entre en guerre contre l'Autriche en avril 1792, elle fait campagne pour les droits des femmes à porter les armes : « Françaises, je vous le répète encore, élevons-nous à la hauteur de nos destinées, brisons nos fers. Il est temps enfin que les femmes sortent de leur honteuse nullité où l'ignorance l'orgueil et l'injustice des hommes les tiennent asservies depuis si longtemps ! » Mais son style, habit blanc et grand chapeau rond, et ses choix politiques la rendent impopulaire auprès des femmes du peuple. En vain, elle rédige un pamphlet passionné exhortant à l'élection de femmes représentantes avec « le glorieux ministère d'unir les citoyens et de leur inculquer le respect de la liberté d'opinion ».


(3)
Antoine Beauvilliers, (1754-1817), est célèbre pour avoir ouvert le premier véritable grand restaurant à Paris. Né de parents obscurs, Beauvilliers fut destiné dès l'enfance au métier de cuisinier, et il en suivit tous les degrés. S'étant bientôt fait une réputation très étendue, Beauvilliers ouvrit, à la veille de la révolution française, au Palais Royal, sous son propre nom,  un des plus beaux restaurants de la capitale, le Beauvilliers et il y acquit quelque fortune. C'était un des lieux de rendez-vous de la réaction.
En effet, Beauvilliers, sans doute considéré comme le premier homme de son siècle dans l'art culinaire, se montra fort opposé aux changements politiques et il essuya, en 1795, des persécutions qui l'obligèrent à quitter son commerce auxquels toutes ses pensées le rappelaient néanmoins. Ce fut dans ces jours mouvementés qu'il composa un des meilleurs ouvrages jusqu'alors connus dans l'art culinaire, sous le titre de "L'Art du cuisinier".

(4)
749 députés de la Convention, absents 23.
361 ont voté pour la mort sans condition,
26 ont voté pour la mort avec l'amendement de Mailhe
44 ont voté pour la mort avec sursis
290 ont voté pour d'autres peines
Total des votes : 721, 5 se sont récusés ou abstenus
Majorité absolue.................................... 361.

(5)
Décret du 22 janvier 1793 ordonnant le transfert du corps de Lepeletier :
Article I
Mercredi, 23 janvier, l'an second de la République, à une heure après midi seront célébrées, aux frais de la Nation, les funérailles de Michel Lepelletier, député par le département de l'Yonne à la Convention nationale.
Article II
La Convention nationale assistera tout entière aux funérailles de Michel Lepelletier. le Conseil exécutif, les Corps administratifs et judiciaires, y assisteront pareillement.
Article III
Le Conseil exécutif et le Département de Paris se concerteront avec le Comité d'Instruction publique, relativement aux détails de la cérémonie funèbre.
Article IV
Les dernières paroles prononcées par Michel Lepelletier seront gravées sur sa tombe, ainsi qu'il suit :
"Je suis satisfait de verser mon sang pour la Patrie ; j'espère qu'il servira à consolider la Liberté et l'Égalité, et à faire reconnaître ses ennemis."

(6)
Le Club des cordeliers ou société des Amis des droits de l'homme et du citoyen est une société politique fondée le 27 avril 1790 et sise dans l'ancien réfectoire du couvent des Cordeliers de Paris. Membres les plus célèbres, Marie Joseph Chénier, Danton, Camille Desmoulins, Marat ....

(7)
La société des Amis de la Constitution, plus connue ensuite sous le nom de Club des jacobins, est une société de pensée qui a constitué, pendant la Révolution française, à la fois un groupe de pression et un réseau d'une remarquable efficacité. L'action du club, essentielle dès le début de 1790, devient dominante entre 1792 et 1794. La chute de Robespierre marque la fin du grand rôle politique exercé par le club et entraîne sa dissolution en novembre 1794.
Depuis cette époque, le nom et l'adjectif s'appliquent à un homme, une femme ou un courant politique partisan d'un pouvoir centralisé de l'État[6] et hostile à toute idée de son affaiblissement ou de son démembrement.

(8)
Les Girondins sont des hommes politiques républicains qui ont siégé à l'assemblée législative et à la convention en 1792 et 1793. le nom donné à leur groupe politique est la Gironde car les principaux chefs sont des élus du département de la Gironde. Ils ont poussé à la déclaration de guerre en avril 1792. La politique d'expansion territoriale qu'ils favorisent après la victoire de Valmy provoque l'hostilité de tous les souverains européens. Les mesures militaires qu'ils prennent pour faire face à l'invasion du territoire déclenchent le soulèvement vendéen. Les Girondins, partisans de la liberté politique et économique refusent de prendre les mesures énergiques qui leur permettraient d'avoir l'appui des sans culottes afin de vaincre les ennemis de la république.

(9)
La Montagne (ses membres étant appelés « les montagnards ») était un groupe politique de la révolution française favorable à la République et opposé aux girondins. On y retrouve entre autres, Danton, Robespierre, Marat, Saint Just, ...
Pendant la révolution française, les députés de l'assemblée législative de 1791 les plus à gauche prirent le nom de montagnards, alors que les députés des bancs les plus modérés prenaient le nom de Plaine ou de Marais. Plusieurs explications sont proposées sur ces appellations. L'une des plus courantes veut que ces députés siègent à gauche sur les bancs les plus élevés de cette assemblée, d'où les références à la « Montagne », et, par opposition, à la « Plaine ».

(10)
L'armée noire ?
Il rappelle l'historique du processus d'affranchissement militaire qui existait dès l'Ancien Régime, pour dissiper ce faisant des équivoques ; il distingue l'affranchissement militaire des esclaves, qui autorise leur passage à la condition de libre mais qui conforte en fin de compte le système esclavagiste, de celui des libres de couleur qui représente la reconnaissance de leur état, puisque le port d'armes incarne l'idéal de l'homme libre. Il distingue aussi la revendication des libres de couleur sous la Révolution, fondée sur l'égalité des droits et des dignités sans considération ethnique, de celle des esclaves réclamant la liberté pour tous. C'est le cours des choses sous la période révolutionnaire qui finira par mêler les deux.
La première unité étudiée par Bernard Gainot est la Légion des Américains, composée essentiellement par des libres de couleur habitant la métropole. Elle est créée à l'initiative de Julien Raimond, alors intermédiaire privilégié parce que représentatif des libres de couleur de Saint-Domingue, qui pour l'heure ne font pas leur la cause de l'abolition de l'esclavage. le patriotisme de la communauté parisienne des gens de couleur en 1792 – vivier de la Légion à ses débuts – relève d'une stratégie d'ascension sociale et d'un projet politique d'intégration civique qui n'exclut pas des espérances de réussite individuelle. le chevalier de Saint-George – nullement militaire mais emblématique de l'intégration des gens de couleur – en prend le commandement. Il n'est pas indifférent que l'unité choisie soit une légion, formation mixte autonome de troupes légères, à propos de laquelle l'auteur rappelle avec pertinence le débat qu'elle occasionne dès l'époque de Maurice de Saxe, débat que relance le commencement des guerres de la Révolution. S'agit-il d'un détachement provisoire de l'armée régulière ou d'un corps particulier non seulement par son utilisation tactique mais encore par sa nature et sa mentalité, l'apparentant dans ce cas à une troupe spéciale, voire à une troupe coloniale ? Dans ce cas aussi, les libres de couleur conserveraient un statut spécial au sein de l'armée régulière et leur intégration ne serait pas complète.
La création de la Légion devient définitive en décembre 1792 et elle comptera jusqu'à deux cents hommes dont certains originaires de grandes villes, des non-antillais et des soldats d'Ancien Régime, le plus célèbre d'entre eux étant Thomas-Alexandre Dumas. En fait elle n'existe que sur le papier, les soldats qui la composent sont dispersés dans plusieurs corps dont l'un va combattre en Vendée, certains officiers dont Dumas étant intégrés à titre individuel dans les régiments de l'armée régulière. Mais le ministère de la Guerre refuse l'intégration collective. Il était prévu qu'une partie des hommes parte pour les Antilles, toutefois, pour différentes raisons dont le fait qu'ils sont gagnés à la cause de la liberté générale, ils refusent et la Convention fait droit à ce refus. Ceux qui sont dirigés sur la Vendée sont réduits à un rôle de troupes supplétives pour la guerre civile (c'était aussi le rôle assigné à ceux qui auraient été dirigés vers les colonies), ce qui accentue la dégradation de leur image. En l'an I V, la plupart des officiers de couleur sont définitivement écartés.
Une autre trajectoire est celle des prisonniers de couleur, libérés des pontons anglais en 1797. Ils étaient les rescapés de la lutte menée aux colonies qui avait vu la levée en masse de la population noire et mulâtre. Sur place, l'amalgame fut mis en pratique après l'abolition de l'esclavage, bien qu'avec des limites à la Guadeloupe. Mais la réussite du processus supposait l'intégration dans l'armée de la métropole même et le Directoire fait machine arrière dès mai 1798 alors que la loi du 1erjanvier 1798 mettait fin au statut particulier des possessions d'outre-mer en garantissant la continuité de celles-ci avec la métropole, et que des arrêtés supprimaient le régime spécial des troupes coloniales. L'amalgame sans cesse différé des militaires antillais conduit à regrouper plus de deux cents hommes en deux compagnies sur l'île d'Aix, dépendant du dépôt colonial de Roche-fort. Des raisons budgétaires, l'alignement des soldes se révélant trop onéreux pour les finances publiques, se conjuguent à la mauvaise image de ces soldats, due à des raisons ethniques mais aussi politiques et expliquent le traitement discriminatoire pratiqué à leur encontre. Celui-ci fait l'objet d'une polémique au cours de laquelle le ministère de la Marine, infiltré par des groupes de pression anti-abolitionnistes, avance pour se disculper des arguments qui laissent pressentir le désarmement général des hommes de couleur sous le Consulat. Ils sont finalement renvoyés à la Guadeloupe. Cet épisode, mis en lumière par Bernard Gainot car jugé crucial par lui, a d'importantes conséquences sur les événements ultérieurs de la Guadeloupe puis de Saint-Domingue. Il n'est pas indifférent que parmi ces discriminés se trouvent Magloire Pélage et Louis Delgrès protagonistes de la révolte de 1801-1802 en Guadeloupe.
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