Cent-neuf (plus une) nuances de l'homme.
Qui a lu Eno, Mum Poher, certains de ses Meilleurs (ses précédents livres) ou quelques billets issus de sa gymnastique rédactionnelle quotidienne, sera probablement surpris de voir
Sébastien Bailly se lancer dans le roman d'aventures. Mais pas n'importe laquelle : celle de l'homme.
Comme le sphinx avant lui, Bailly nous rappelle que
Parfois l'homme nait, vit, et même, quitte à divulgâcher, meurt. « Étonnant, non ? » aurait dit Desproges. Y a-t-il de quoi en faire toute une histoire ?
Assurément oui, tellement cette centaine de courts chapitres thématiques et chronologiques sont jubilatoires. Chacune des étapes de ce qui fait nos existences, des plus structurantes aux plus désuètes - souvent les plus marquantes – est détaillée avec distance et humour.
« L'homme est seul, la vie n'a aucun sens, mais il faut de la litière pour le chat. Et heureusement, car à défaut de donner un sens à la vie, cela impose un but à la journée. »
Si on sait depuis
Sartre que l'enfer c'est les autres, on redécouvre avec Bailly que l'autre c'est moi. Chaque lecteur trouvera dans ces pages son souvenir personnel, sa référence, sa citation, sa madeleine de
Proust. Et peut-être même que chaque femme aussi…
Plaçant quelques-uns de ses sujets de prédilection - l'humour, la cuisine, le hasard des dés ou du pile ou face… - dans un style toujours badin où prédomine le second degré, l'auteur se fait parfois plus grave voire touchant, sous les effets de la nostalgie ou de l'âge.
« Il a presque quarante ans et la roue tourne déjà. Personne ne l'avait prévenu que ce serait si court, ou il n'a pas écouté (…) Il perdra, il le sait bien, mais pas sans se battre jusqu'au bout. Il perdra comme tous les autres, mais il bombera le torse tant que ce sera possible. »
Mais entre humour et gravité, Bailly n'oublie pas de placer ce qui doit probablement être la réflexion la plus personnelle de son histoire : « L'homme ne sait pas encore que les livres sont en train de le sauver. » Alors vivement le prochain !