Paléontologie : Une histoire illustrée

Toujours prêt à prendre des risques et prompt à l'autopromotion, Andrews déclara crânement, un jour où il avait reçu une balle perdue dans la jambe au cours d'une chasse : "Je ne me souviens que de dix fois où j'ai frôlé la mort."
On a d'ailleurs affirmé qu'Andrews, qui apparait sur de nombreuses photos avec un chapeau à bords vissé sur la tête, avait inspiré le personnage d'Indiana Jones. Les créateurs des films n'ayant jamais confirmé ce point, son influence fut vraisemblablement indirecte puisque, grâce à sa notoriété, il était devenu une sorte d'archétype de l'aventurier américain de cinéma du milieu du XX ème siècle.*

*A propos de Roy Chapman Andrews (1864-1960)

Rendu plus tard célèbre par son rôle dans le film Jurassic Park, le genre Velociraptor (attrapeur rapide) a été décrit au début du XXe siècle. Les vélociraptors étaient en réalité assez petits (moins de 60 cm de haut), ne pesaient pas plus qu'un chien de race colley, et étaient peut-être recouverts de plumes. Ils partageaient néanmoins avec leurs cousins de plus grande taille la griffe hypertrophiée unique, en forme de faucille, qu'ils portaient à chaque pied et que l'on suppose avoir servi pour lacérer les proies.

Plus remarquable encore, I'histoire de la vie semble maintenant remonter presque aussi loin qu'il est possible. La ceinture de Nuvvuagittuq, au Québec, est un fragment d'un ancien fond marin âgé de 3,77 à 4,28 milliards d'années, qui renferme des tubes et des filaments micrométriques d'hématite - un minéral ferreux - similaires à ceux que produisent, de nos jours, les bactéries ferro-oxydantes des sources hydrothermales sous-marines. En outre, on connaît des microfossiles qui remontent presque aussi loin dans le temps, et il semble donc que la vie ait pu apparaître étonnamment tôt après la formation des océans de la planète il y a quelques 4,5 milliards d'années.

L'effondrement de la forêt tropicale du Carbonifere correspond à une période, il y a quelque 307 millions d'années, au cours de laquelle le climat mondial a changé drastiquement, entrainant des bouleversements environnementaux, atmosphériques et écologiques majeurs. Le climat s'est, d'une façon générale, asséché, entraînant la disparition de la forêt tropicale qui sétendait alors sur le supercontinent équatorial, lequel englobait les actuelles Eurasie et Amérique du Nord. On parle ici des fameuses « forêts à charbon » de la période carbonifère qui, indirectement, avaient accru la concentration en oxygène atmosphérique au point d'atteindre le niveau le plus élevé que la Terre ait connu - soit 35 %, comparés aux 21% actuels - et qui avait permis aux insectes, par exemple, d'atteindre des tailles énormes. Cet effondrement fut donc une extinction, mais qui allait créer des conditions favorables à d'autres réussites à venir, et qui se préparaient en coulisses : celles des plantes à fleurs, des reptiles et des mammifères.

Les poissons ont été les premiers vertébrés, et la plupart des vertébrés sont des poissons. La détermination de leurs liens de parenté se trouve donc au cœur de la biologie de ce groupe animal et dans le prolongement d'une tradition inaugurée au XIX* Siècle par Louis Agassiz. La proposition de classification [...] a été publiée dans une analyse de la cruciale évolution des tissus osseux des vertébrés. Seuls quatre des groupes [...] existent encore de nos jours : les cyclostomes, qui rassemblent les poissons sans machoires que sont les lamproies et les myxines; les chondrichtyens, c'est-à-dire les requins, raies et espèces apparentées, qui sont des poissons cartilagineux ; les actinoptérygiens, poissons osseux à nageoires rayonnées; les sarcoptérygiens, poissons osseux qui comptent dans leurs rangs les cœlacanthes, les poissons à poumons et tous les vertébrés terrestres.

Dans les années 1960, on assista également à une réorganisation complète de la classification des animaux. En 1966, la publication de l'ouvrage Phylogenetic Systematics, par l 'allemand Willi Hennig (1913-1976), conduisit au remplacement des vieux systèmes arbitraires de la généalogie animale par un système novateur, simple, presque mathématique, appelé cladistique. Le « clade », mot d'origine grecque signifiant « branche », fut établi comme l'ensemble des descendants d'une unique espèce ancestrale dont ces descendants ont hérité les caractères particuliers qui les définissent et les unissent. Il devint la seule unité taxonomique valide et remplaça les genres, classes, ordres, familles, etc. Après cela, les arbres évolutifs prirent un aspect plus logique, presque minimaliste ; ils représentaient désormais des « théories » scientifiques basées sur des preuves reconnues plutôt qu'un rangement des espèces dans des cases sur des bases subjectives. Et aujourd'hui, les fossiles ne sont plus les seules preuves disponibles pour construire des arbres cladistiques : maintenant que l'ADN se prête à comparaison, sa structure ayant été élucidée en 1953 par James Watson, Francis Crick, Rosalind Franklin et Maurice Wilkins, on peut également utiliser les gènes.