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Critique de fuji


Retrouver la plume de Franck Balandier c'est faire un curieux voyage au fil d'une vie qu'il effeuille avec gourmandise,poésie, dérision, désillusion, humour, noirceur...
Votre regard va être dirigé vers trois champs (c'est lui le maître), sur seulement quarante et un jours, au coeur de la canicule de 2003.
L'exposition: un homme, une femme, chacun dans son immeuble en vis à vis, un point commun, leurs métiers sont complémentaires.
La narration se fait en voix off, celle de Jonathan Appferdel:"Enfin seul. Voilà ce que je me dis. Je viens de quitter ma femme. Cinq ans de vie commune, c'est long. Surtout quand on ne s'aime pas. Je m'en vais depuis toujours. Je ne suis que de passage."

La force de l'écriture c'est cette voix monologuant qui va créer en vous une persistance rétinienne. Les images se créent, se meuvent et restent en vous pour vous chambouler.
Dépasser la cinquantaine ce n'est pas vieux, c'est avoir un vécu, une expérience ...
Sauf, pour l'homme qui ne se voit pas vieillir, il ne voit que le vieillissement de la femme.
Dans la vraie vie c'est comme au cinéma, la femme de plus de cinquante ans, disparaît de la vue, oui elle n'est plus si jeune et ferme, mais elle existe plus forte, plus conquérante, plus assumée et meilleure dans cette maturité. Mais ce sont des qualités qui ne se voient pas dans un monde consumériste.

Vous qui me lisez, je ne veux pas vous dévoiler cette histoire qui ne se résume pas, mais que chacun vivra dans sa chair, que vous soyez homme ou femme vous ne resterez pas indifférent à cet inventaire des corps.

La Guest star c'est la Mort, il a fallu attendre 2003 pour savoir que beaucoup trop de personnes meurent sans faire de bruit, seules après avoir aimé, donné et rendu service à leur famille et voisinage. Pas le temps de leurs rendre visite ou de venir aux obsèques, non la vie est là et c'est bien connu ce sont les autres qui vieillissent et qui meurent. La réquisition de 4000 m2 d'entrepôts frigorifiques sur Rungis en dit long...
Mais la mort, ne peut-on reprendre les mots d'Anaïs Nin dans son journal : "L'unique sortilège contre la mort, la vieillesse, la vie routinière, n'est-il pas l'amour?"

Tous les ingrédients sont là, comme sait le faire l'auteur, pour vous amener à réfléchir de tout votre être et pas seulement avec votre tête, sur le sens à donner à l'existence.

En lisant ce beau livre que je vous recommande vivement, une musique me trottait dans la tête, celle de Gérard Manset, avec ces paroles là:

"Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire.
Il chante la terre.
Il chante la terre

Et c'est une vie sans mystère
Qui se passe de commentaires."
©Chantal Lafon de Litteratum Amor 14 janvier 2017
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