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Critique de SophieLesBasBleus


Waouh ! Quel roman ! Je ne sais si je saurai définir tout ce que j'y ai trouvé, tout ce qui m'a fait l'aimer immédiatement, comme une évidence, comme un coup de foudre amoureux. La première de couverture déjà est fascinante : une foule d'hommes faisant le salut nazi et, au milieu d'eux, comme isolé par un objectif photographique ou comme la lunette d'un fusil, un homme qui, seul, croise ses bras dans une attitude qui n'est même pas de défi mais simplement de refus tranquille, opiniâtre et sûr de lui. La scène se passe à Hambourg, le 13 juin 1936 et cet homme qui dit non se nomme August Landmesser. Quatre-vingt -un ans après, la narratrice reconstruit son histoire en prenant pour postulat de départ que c'est par amour qu'August a dit non ce jour-là. Car il est follement amoureux d'Irma, August, absolument, éperdument amoureux de sa femme et qu'importe que la loi pour la protection du sang aryen l'empêche d'aimer une Juive. Les idéologies, la politique, les convictions, il ne s'en préoccupe guère lorsqu'il câline sa petite Ingrid et lorsqu'il regarde le ventre à nouveau rond d'Irma. Aimer est peut-être la première insoumission, l'originelle, celle qui nourrit la force du choix. Aimer alors que les mâchoires de l'Histoire se referment insidieusement sur les existences ordinaires, sur les vies des petites gens. Et les broient. Mais finalement, finalement, n'est-ce pas l'amour insoumis qui reste vainqueur ? A la seule condition que la mémoire recouse le passé à l'avenir.
Il y avait probablement beaucoup de manières d'évoquer August Landmesser et autant de points de vue à adopter. Adeline Baldacchino choisit d'y pénétrer, en entraînant le lecteur à sa suite, pour nous en faire découvrir les enchaînements, les possibles, les attestés, les rêvés, les imaginés. le récit construit de superbes passerelles entre les temporalités, entre la fiction et le réel, entre la biographie et la poésie. Et cette écriture ! Magique ! Sa musicalité, son rythme lui donnent une puissance incantatoire qui offre consolation et espérance. L'enquête que mène la narratrice pour retrouver trace d'August en prend une dimension sacrée. Pour l'émotion, pour le plaisir de la beauté pure, j'ai relu plusieurs fois certains passages et me suis laissée submerger par l'harmonie du choix des mots et de leur agencement.
Ce premier roman d'Adeline Baldacchino est, pour moi, une merveille, un diamant que l'on garde précieusement et que de multiples relectures ne peuvent ternir. Il rejoint mes inoubliables précieux. Mes essentiels. Ceux qui témoignent. Ceux qui élèvent. Ceux qui dispensent l'inexprimable bonheur de lire et de savoir toujours s'en émerveiller.
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