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Critique de roquentin


Vers la fin des années quatre-vingt, j'avais lu Harlem Quartet de James Baldwin, sans trop savoir qui était cet auteur et ce qu'il représentait pour la communauté noire US. Je ne me souviens guère ce que ça racontait et j'ai ignoré Baldwin jusqu'à aujourd'hui.
M'intéressant de plus en plus à la lutte pour les Droits Civiques en Amérique, je suis évidemment revenu vers James Baldwin. Et cet essai, présenté ici.
Il est écrit en 1963 et est un des livres fondateurs dans cette lutte. Non dans sa violence ou son appel à celle-ci, mais justement au contraire, dans sa justesse d'analyse et sa modération, sa recherche d'apaisement et de bon sens. Une sorte de MLK non doctrinaire.
Cet exercice n'est pas facile. le gentil James Baldwin se place entre la Nation of Islam et son leader emblématique Elijah Muhammad chez qui il prit le thé sans être convaincu par son combat, et les suprémacistes blancs de tout plumage. C'est dire s'il doit lui-même se battre et tenir un propos fort pour être audible...
Ce livre est bien plus qu'un simple appel à l'apaisement entre deux communautés. Il vaut tout autant par sa qualité d'écriture au service des idées. le style est parfois mordant dans sa démonstration des inégalités, mais les solutions qu'il propose ne le sont pas. C'est toute la finesse de James Baldwin et cet alliage de douceur et de fermeté fait la beauté de ce livre. Qui finalement est très particulier, car quand il s'agit d'un essai, habituellement, la beauté est rarement une qualité recherchée, voire obtenue. L'amour qu'il exprime pour la race noire est émouvant et sublime, tout en évitant le prosélytisme. On se sent tout petit en étant Blanc et en lisant ça.
Voici un passage, qui par sa densité, explique beaucoup de chose en peu de mots:
“Il faut beaucoup de souplesse spirituelle pour ne pas haïr celui qui vous hait et dont le pied écrase votre nuque, et de ne pas appeler vos enfants à le haïr exige une sensibilité et une charité encore plus miraculeuses.” Voilà un passage qui résume bien le propos de Baldwin dans ce livre et qui restitue la force de son style et de son pouvoir évocateur”

Baldwin a aussi cette belle humilité de nous parler de ses propres doutes, de ses propres errements quand il épousa assidûment la foi (l'église évangéliste) et qu'il tenta de trouver les réponses par ces voies-là. Il a le courage de présenter in fine sa propre conviction, exempte de toute obédience politique, religieuse ou sociale.

Ce livre est essentiel et son message n'ont pas pris une ride, tout est toujours d'actualité.
Devez-vous le lire? Oui si vous voulez connaître cet appel différent à l'égalité raciale aux Etats-Unis. Et rendu avec une plume superbe. C'est court, à peine cent-trente pages. Non si vous vous contentez de vous y intéresser à travers les médias main stream...
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