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Critique de Unhomosapiens


C'est l'édition Balland de 1982, anonyme, que j'ai lue. J'ai vu sur Babelio qu'il existe une ré-édition chez Pocket de 1994 cette fois avec le nom de l'auteur : Jacques Cellard. On apprend que Jacques Cellard, parallèlement à sa carrière d'enseignant, a écrit plusieurs ouvrages érotiques. On lui doit, en tant que linguiste et historien, des dictionnaires de français, notamment en collaboration avec Alain Rey. On ne sera donc pas surpris de la richesse et de la justesse historique de l'environnement de ce journal d'une jeune fille de bonne famille. L'intrigue – est-ce vraiment une intrigue – se déroule pendant l'été 1888, en pleine crise du « boulangisme », dans la région d'Uzès. Il m'a fallu jeter un coup d'oeil sur wikipedia pour me rafraîchir un peu la mémoire sur cette période. le général Boulanger, avec l'appui des bonapartistes , voulait fomenter un coup d'état contre la IIIe république. Mais, tout cela s'est terminé par le suicide de Boulanger. Ceci est important pour comprendre la toile de fond du texte. En fait il s'agit du journal intime d'une jeune fille de l'aristocratie, et bien consciente de l'être, de son initiation à la sexualité et au libertinage. La famille est en vacances dans leur propriété aux alentours d'Uzès. Agnès, d'abord avec sa femme de chambre, ensuite avec sa cousine, va découvrir les pratiques sexuelles avec les paysans des environs. Plus la jeune fille va être initiée, plus le texte va se faire salace avec un vocabulaire qui n'a rien à envier aux livres pornographiques. On suit en parallèle les conversations de la famille et de leurs invités venus de Paris, sur la politique du moment et le regard complaisant porté sur le boulangisme. le texte est émaillé de réflexions dans ce sens. La jeune fille est bien consciente de son rang et prend un malin plaisir en s'accoquinant avec de jeunes paysans. Mais elle n'est pas en reste avec les «prétendants » hypocrytes de son rang qu'elle se plaît à choquer par sa lubricité. La perversité naissante de Agnès s'accompagne également de réflexions sur les pratiques religieuses qu'elle trouve fastidieuses mais auxquelles elle est bien obligée de se plier. En résumé, j'ai trouvé ce texte fort intéressant. L'auteur rend tout à fait crédible ce journal écrit par une jeune fille, à la manière « fin de siècle ». Intéressant aussi de noter les références aux écrivains comme Catulle Mendès, ou Maupassant. Sans oublier Sade, bien sûr dont Agnès se délecte. Ses dernières turpitudes faisant d'ailleurs immanquablement penser à certaines descriptions du marquis.
Un dernier mot pour féliciter l'éditeur pour la jaquette illustrée d'une magnifique photo de nu "fin-de-siècle", qui ne peut qu'inviter le lecteur à sa découverte.
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