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Critique de prettyrosemary


Complètement barré, Crash! est une sorte de road-trip perverti, qui serait confiné à une toute petite aire de la périphérie de Londres et où les mêmes motifs se répètent inlassablement : le béton, les parkings, le toboggan de l'aéroport, la route qu'on prend sans destination et qui ne nous mène jamais bien loin… Dans un texte trash et clinique, Ballard et son alter-ego mêlent sexe et carrosserie, blessures et jouissance, technologie et coïts mécaniques. C'est un roman fait pour l'oeil, où on découvre la violence inénarrable (sauf ici) d'un accident de voiture, des modifications des corps dans un ralenti de crash-test en même temps que les érections parallèles aux leviers de vitesse. Littérature du ressassement, de l'ordure, Crash! est une perfection du vide, de l'anéantissement de l'homme dans la machine. C'est dans ce genre de moment que je regrette de ne pas pouvoir pleinement savourer la lecture en V.O.

L'écriture se fait plus sage dans L'île de béton, mais le propos est presque aussi perturbant. Un type se rend compte qu'il est prisonnier d'un terrain vague entouré d'autoroutes fréquemment empruntées, parce que personne ne s'arrêtera, parce qu'on le prendra pour un clochard. Evidemment, Maitland est contraint s'organiser sa survie, de trouver à boire, à manger, un endroit où dormir, et peu à peu, il s'éloigne de la civilisation pourtant toute proche. J'ai adoré ce Robinson revisité, suivre ses tentatives d'évasions qui se font de plus en plus molles ou ambigües, au coeur des herbes et de la ferraille pas si inhospitalière. le plus fou, c'est que tout en me disant que la situation était absurde, je n'ai eu aucun mal à y croire finalement… Et le coeur du récit se situe peut-être quelque part de ce côté.

Finissons avec I.G.H. Des individus tout ce qu'il y a de plus respectable deviennent cinglés au sein d'une tour de béton de quarante étages dernier cri avec piscines, supermarché et école. Peu importe qu'ils soient issus de la même catégorie sociale, les habitants recréent des clivages entre ceux du bas, ceux du milieu et ceux du haut. le processus de retour à l'état sauvage est fascinant à suivre à travers le prisme de trois personnages : en haut, l'architecte de la tour, en bas un producteur de documentaires avide d'ascension et au milieu, un prof d'université en médecine qui tient à sa tranquillité. le summum du lieu du progrès, de la technologie et de l'autosuffisance s'effrite peu à peu. Ca commence par les poubelles, les nuisances sonores, les gosses, les chiens… Et on finit par élever des barricades et à chercher de quoi se sustenter pour le lendemain en craignant pour sa vie. Absolument passionnant.
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
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