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Critique de fanfanouche24


Je suis dans le plus grand des embarras…Pour rendre compte d'une lecture offerte par les éditions du Seuil et de Masse critique… il s'agit du dernier roman de Jean-Daniel Baltassat, dont j'ignorais tout. Je débute par ce texte… original par son sujet, original par sa thématique… Mais la magie n'a pas opéré… et si je n'avais pas été prise par mes engagements pour Masse critique, j'aurai abandonné…
Cela ne m'empêche pas de remercier abondamment les éditions du seuil et Masse critique… car ce roman est d'une grande qualité, mais je n'étais pas la bonne lectrice à ce moment-là….

La qualité du texte, du style ne sont pas en cause… mais trop de choses ont freiné ma lecture : des phrases interminables , regorgeant de détails, de qualificatifs…Ceci peut captiver et éblouir certains lecteurs et c'est heureux. Pour ma part, je suis plutôt dans le goût de l'épure et de la sobriété.. .
Cette surabondance m'a freinée, fait trépigner… car l'essentiel du sujet tardait à poindre…à chaque fois.

Un autre manque à mon humble avis pour apprécier cette lecture, sans aller faire des recherches à droite , à gauche : un glossaire, à la fois pour les noms des personnages, leurs fonctions, mais aussi pour du vocabulaire simple, des abréviations nombreuses… que l'auteur maitrise son sujet , aie fait moult recherches…nous n'en doutons pas un seul instant, mais pour le lecteur néophyte que je suis, quelques explications des termes les plus employés…pour aborder la découverte de ce roman m'aurait fait aborder ce texte de façon moins austère.

Le sujet est très intéressant : les dernières années du règne du Petit Père des Peuples, Staline, où ce dernier se retire dans le palais décadent de feu le grand duc Mikhaïlovitch avec sa maîtresse , pour recevoir un jeune peintre, Danilov, réalisateur d'un monument colossal en son honneur.

Nous voyons évoluer Staline, personnage vieillissant, mais toujours aussi imbu de son pouvoir, entouré d'une domesticité et collaborateurs, en adoration et soumission absolues…devant lui.

Une ironie et drôlerie certaines fusent à travers ce roman comme dans cet extrait: "L'heure est maintenant aux effusions de basse-cour, baisers de main, émotions impossibles à contenir, si bien que l'une des cuisinières éreintées par tous les signes de la pâmoison, s'agrippant au poignet de la Rumichvili, ploie ses lourdes jambes, réclame un baiser de son grand homme, réclame la vie, le souffle de la vie que Toi seul, ô camarade Staline, mon aimé de rêve et de vérité, Toi seul, pardonne-moi mon indécence, mais il n'est pas un jour de ma vie où j'ouvre les yeux sans le penser, Toi seul peux me donner !...(p.80)

Un huis clos avec une multitude de personnes, mais en réalité 3 personnages prennent le devant de la scène : Staline, sa maîtresse de longue date, Lidia Vodieva, et le personnage le plus attachant, égaré dans cet univers clos et oppressant, uniquement géré dans l'ultime culte de la personnalité de Staline, Danilov, jeune artiste chargé de célébrer la gloire de Staline, par la réalisation d'une oeuvre célébrant sa grandeur ... .

Huis clos déroutant, dérangeant, glauque, oppressant... Comme l'entretien de contrôle de l'artiste, Danilov,par un proche collaborateur de Staline se faisant questionner de la manière la plus indélicate qui soit ,pour vérifier sa "bio", les surveillances, suspicions multiples... tout est excellemment rendu des abus d'un pouvoir, du culte de la personnalité par les communistes...

Je choisirai un passage lié au travail artistique que doit concevoir Danilov... pour montrer la qualité du style; du choix des mots .. ce livre est étonnant; déroutant... mais je reste mitigée et perplexe... cette découverte me fait m'interroger sur le contenu et les ambiances des autres fictions de cet écrivain que je ne connaissais pas, sur lequel je vais m'informer plus attentivement, après cette première découverte, où je suis restée sur un sentiment ambivalent

Le passage qui suit est très intéressant , car il parle du choix du matériau le plus approprié pour l'oeuvre que Danilov doit réaliser en l'honneur de Staline.

" La première question à résoudre sera celle du matériau. Non seulement parce que le matériau décidera de l'apparence des images elles-mêmes mais aussi parce qu'il générera la force symbolique du monument. de même que le granit était incontournable pour symboliser la résistance indestructible de Lénine aux forces contraires à la Révolution, la colonne vertébrale de Staline imposant au monde l'ordre nouveau de l'Union soviétique ne peut être, selon moi, que d'acier. L'acier même du camarade Staline, si j'ose dire. Un alliage hors du commun et unique: le sommet su savoir sidérurgique soviétique. (...) en outre, et c'est peut-être le plus important, cet acier est un miroir. Il demeure intact au gré des tempêtes et des beaux jours, tout comme le généralissime Staline, mais aussi les couleurs du monde, des choses et du ciel s'y reflètent dans leurs infinies variations "(p.113)

Je n'ai pas commenté l'idée très drôle de Staline, voulant et faisant reconstituer le divan du Docteur Freud, le grand Charlatan viennois...pour se faire "psychanalyser" par sa maîtresse, car de nombreuses critiques l'ont déjà fait, avec beaucoup d'à-propos...

Je le répète... ce roman est d'une grande qualité, mais je n'étais pas la bonne lectrice à ce moment-là….je le lirai et l'appréhenderai peut-être autrement ultérieurement... en tous cas, je salue l'originalité du sujet et de son approche...
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