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Critique de Denis3


Ne pas avoir de but ?
Il faut avoir les moyens !

Quatre journalistes, que font-ils ? C'est vrai qu'ils ne jouent pas aux cartes ! Mais après un bon dîner, bien arrosé, ils s'adonnent aux digestifs. Là, ils se laissent aller, et se content les histoires les plus corsées, celles qu'il faut pour titiller le palais d'un vieux de la vieille, un de ceux qui ont déjà tout vu. Je parle bien entendu de Blondel, encore un peu tendre sur les bords, soit, de Finot, qui n'a plus rien à apprendre de ce monde, du très silencieux Couture, et de Bixiou, la poche à venin du journal. La fine équipe qu'on retrouve dans Les Illusions Perdues.

Il est question de femmes cherchant mari, de jeunes hommes niais, de maris évitant leurs femmes, d'hôtels particuliers, de cabriolets, d'équipages et de beaucoup, beaucoup d'argent. L'argent, où le trouver ? En cette époque de grande innovation, on le trouve de plus en plus à la bourse. Un marché financier extrêmement libéralisé, en apparence, mais dominé par les Loups Cerviers. Des banquiers d'affaires, les plus grands, ceux qui se sont construits en dévorant les autres. Et qui maintenant dominent le marché et le soumettent à leurs spéculations, habituellement frauduleuses. Les loups et les moutons partagent la bergerie, les uns pour dévorer, les autres pour alimenter.
Le plus fameux de ces prédateurs est le baron de Nucingen. de lui, on ne connait que ce qui, pour lui, n'a que peu d'importance: sa femme, ses hotels particuliers, ses équipages, ses maîtresses… une vitrine. On ne sait rien de son passé, si ce n'est qu'il est Alsacien. On ignore tout de sa vie intérieure, s'il en a une. C'est que tout, absolument tout, n'est qu'un moyen : le moyen d'agrandir ses richesses. Et celles-ci, à quoi servent-elles, quel but ultime souhaite-t-il atteindre ? Entrer en politique ? S'acheter un titre plus considérable? Se lancer dans quelque entreprise glorieuse ? Non. L'argent n'est pas un moyen … si ce n'est qu'il confère une puissance, aussi informelle que réelle. Est-ce là le but ultime du ténébreux baron ?

A 66 pages, La Maison Nucingen est une nouvelle plus qu'un roman. J'ai trouvé les personnages bien croqués : même le mystère de Nucingen en dit long sur sa personne. J'ai, par contre, assez peu apprécié le huis-clos entre journalistes : des personnes qui discutent autour d'une table … Et j'ai trouvé ennuyeux le démontage, long et minutieux, des mécanismes frauduleux employés par Nucingen. En somme, je me suis surpris à lire assez distraitement après vingt ou trente pages. La critique sociale De Balzac, toute pertinente et bien écrite qu'elle soit, commence sans doute à me paraître répétitive et un rien cynique.

Je crois que je vais lui accorder quelques vacances.
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