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Critique de gege1968


La Maison du chat-qui-pelote : si vous êtes curieux, vous souhaiterez sûrement savoir ce que signifie ce titre mystérieux !
Après une introduction consistant à décrire la façade vétuste de la boutique arborant cette curieuse enseigne, on entre assez vite à l'intérieur, là où se joue une étrange comédie humaine.
Sous la férule d'une mère sévère et autoritaire, la vie est dure pour les deux filles de la maison. L'aînée Virginie, qui ne possède aucun charme particulier, est attirée par le fidèle premier commis de la boutique. Mais lui n'a d'yeux que pour la cadette Augustine, beaucoup plus séduisante que sa soeur. L'intrigue se complique encore avec l'entrée en scène d'un jeune artiste peintre dont la jolie Augustine tombe amoureuse, au grand désespoir de ses parents. Il faudra toute la finesse du père de famille, riche marchand drapier, pour tenter de démêler cet écheveau…
Mais comme toujours chez Balzac, l'intrigue n'a finalement pas grande importance. Cette nouvelle, au même titre que les autres nouvelles des Scènes de la vie privée, se veut en effet une illustration de la Physiologie du mariage (par un jeune célibataire), ouvrage paru un an plus tôt. L'amour peut-il résister au fil des ans, à la différence des classes, à l'absence d'éducation des jeunes filles ? Question importante que Balzac, avec son génie, pose et à laquelle il répond.
La Maison du chat-qui-pelote permet à l'écrivain d'exploiter des thématiques qu'on retrouvera plus tard dans ses autres romans : l'influence de l'éducation donc, mais aussi les ravages de la passion amoureuse ou les rigidités de la vie bourgeoise. L'opposition entre l'artiste et le bourgeois est illustrée par l'affrontement entre le peintre et le drapier, deux types sociaux dont l'incompatibilité des moeurs entraîne l'irruption du tragique dans la vie quotidienne.
Balzac évoque les problèmes de son temps. Il traite ici des problèmes engendrés par la perte de « ces nuances qui jadis distinguaient si fortement les classes de la société », bouleversement qui autorise les mariages entre classes autrefois impossibles. Mais les choses ont-elles vraiment changé depuis 1830 ? Certes, les frontières entre les classes sociales se sont encore atténuées mais elles existent toujours et, finalement, les questions abordées par Balzac sont toujours d'actualité. C'est pourquoi on peut le relire avec intérêt. Et plaisir aussi car son style aussi fait mouche ! Je ne citerai qu'une seule de ces phrases, si nombreuses, qu'on peut noter sur un carnet pour s'en souvenir : « Elle pressentait trop bien que cette tentative allait décider de tout son avenir pour ne pas frissonner à toute espèce de bruit, même au murmure de sa pendule qui semblait appesantir ses terreurs en les lui mesurant. »
Il vous faudra lire la nouvelle si vous voulez connaître le destin de la mélancolique Augustine !...
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