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Critique de coincescheznous


Balzac est, parmi les auteurs classiques, l'un de ceux qui suscite le plus de commentaires contrastés. Les uns crient au génie, tandis que les autres baillent aux corneilles. J'ai longtemps fait partie de la seconde catégorie et contrairement aux récits de Flaubert, Zola ou Maupassant, je trouvais ceux De Balzac plutôt ennuyeux, me perdant dans ses descriptions par le menu et ses dissections à la loupe des sentiments humains. Pourtant, depuis plusieurs années, c'est avec un oeil de plus en plus passionné que je fréquente la Comédie Humaine (la maturité diront certain, l'âge diront d'autres). Alors oui, Balzac n'est probablement pas l'auteur le plus facile d'accès pour un jeune lecteur et je ne le recommanderai pas à celui qui lit un livre par an. Mais pour celui qui aime le grand style, le sens de la tragédie, l'analyse au microscope de la nature humaine, Balzac est un délice.

La recherche de l'absolu, même s'il n'atteint pas les sommets de la Peau de chagrin, des Illusions perdues ou de Splendeurs et misères des courtisanes (ah Lucien de Rubempré et Raphaël de Valentin !), me l'a encore indubitablement prouvé.



Cet opus, classé dans les études philosophiques de la Comédie Humaine, conte l'histoire d'une riche famille de Douai où la bonté, l'ordre et la noblesse règnent sans partage jusqu'à ce que Balthazar Claes, le chef de famille, ne se mette en quête de l'absolu – rien de moins que la pierre philosophale, origine de la matière, quête ultime de tous les alchimistes. Balthazar est un érudit d'une grande intelligence et ayant étudié la science avec les scientifiques les plus renommés de son temps. Mais cette recherche, qui est une chimère, va le consumer de telle façon qu'il va perdre pieds avec le réel et entraîner sa famille dans sa chute.

Ce récit est celui d'une obsession qui devient une véritable drogue. Elle sépare Balthazar des siens, qu'il ne voit plus, n'entend plus, perdu qu'il est dans ses travaux qui le mobilisent. Balthazar n'est pas alcoolique ou accro à quelques substances que ce soit, pourtant le résultat est le même. Il n'a plus conscience d'être, ne se soucie plus de rien, et détruit sa vie pour ce graal inaccessible, qui devient la seule chose qui compte. Lui, l'homme si moral et digne, se roule dans la fange sans même réellement s'en rendre compte, se livre à toutes les bassesses et, pire encore, livre les siens aux chiens, pourvu qu'il continue ses expériences. Comme un alcoolique ou un drogué, il ment, triche, réalise, se flagelle, se sèvre, mais toujours replonge dans son obsession, impossible quête, terrible addiction, qui le dévore.

Face à lui des figures féminines courageuses et bienveillantes essayent de sauver le foyer et le nom de cette grande famille, tout en tentant de comprendre, d'absoudre et d'aimer cet homme consumé par ses recherches, qui détruit tout autour de lui.

Certains passages sont incroyablement baroques et d'une violence inouïe. On pense aux grandes tragédies classiques en lisant ce livre. Les héros, y sont ainsi les mêmes: bons et nobles, mais manipulés par des forces supérieures, qui les poussent à souffrir et se déchirer jusqu'à la mort.
Un récit puissant soutenu par un style immense, du grand art.



Tom la Patate
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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