Page 147 : Bixiou - Pour faire le mal, il faut faire quelque chose, et il ne faisait rien.
A quarante ans, on veut tout, tant on craint de ne rien obtenir, tandis qu'à vingt-cinq ans on a tant de choses qu'on ne sait rien vouloir.
Il ne restait ou ne venait que des paresseux, des incapables ou des niais. Ainsi s'établissait lentement la médiocrité de l'Administration française. Entièrement composée de petits esprits, la Bureaucratie mettait un obstacle à la prospérité du pays, retardait sept ans dans ses cartons le projet d'un canal qui eût stimulé la production d'une province, s'épouvantait de tout, perpétuait les lenteurs, éternisait les abus qui la perpétuaient et l'éternisaient elle-même ; elle tenait tout et le ministre même en lisière ; enfin elle étouffait les hommes de talent assez hardis pour vouloir aller sans elle ou l'éclairer sur ses sottises.
On ne s'ennuie jamais à faire de grandes choses.
Aucune femme n'aime à entendre faire devant elle l'éloge d'une autre femme ; toutes se réservent en ce cas la parole, afin de vinaigrer la louange.
Eh bien, monsieur, un employé serait plus logiquement un homme qui pour vivre a besoin de son traitement et qui n'est pas libre de quitter sa place, ne sachant faire autre chose qu'expédier.
Où finit l'employé commence le fonctionnaire, où finit le fonctionnaire commence l'homme d’État.
Savez-vous qu'il n'y a pas dans une nation plus de cinquante ou soixante têtes dangereuses, et où l'esprit soit en rapport avec l'ambition? Savoir gouverner, c'est connaître ces têtes-là pour les couper ou pour les acheter.
La méchanceté combinée avec l'intérêt personnel équivaut à beaucoup d'esprit.
Enfin, l'employé de province est quelque chose, tandis que l'employé de Paris est à peine quelqu'un.