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Critique de AMR_La_Pirate


Je n'étais pas revenue vers ce cher Balzac depuis début septembre, mettant en pause mon ambitieux projet de lire ou relire tous les titres de la Comédie Humaine.
Je reprends avec une nouvelle, La grande Bretèche et retrouve avec plaisir le docteur Horace Bianchon en tant que narrateur. J'avoue une grande sympathie pour ce personnage secondaire récurrent.

Les théoriciens rapprochent cette nouvelle de deux autres courts récits, Autre étude de femmes, une sorte de variation sur des portraits de personnages féminins et véritable peinture d'une époque que, personnellement, j'avais presque considéré comme des notes de travail De Balzac et le Message que j'avais trouvé brouillon et inachevé.
Ce texte a successivement été rattaché puis détaché d'autres passages de la Comédie Humaines comme Les Contes bruns que je n'ai pas encore lus.

Ici, nous n'avons qu'une seule histoire, très aboutie, celle de Mme la Comtesse de Merret et d'un jeune grand d'Espagne exilé en France, une histoire d'amour et de mort.
Il est deux heures du matin dans un salon et le docteur Bianchon s'apprête à raconter une « histoire terrible » pour le plus grand plaisir des personnes qui l'entourent. Il narre alors avec talent comment il a percé le secret d'une belle propriété laissée à l'abandon près de Vendôme grâce aux récits d'un vieux notaire et d'une servante d'auberge. Nous l'imaginons sans peine, désoeuvré dans les moments de liberté que lui laissaient ses soins à une riche malade, laissant d'abord libre court à son imagination puis menant sa petite enquête.
Son récit monte graduellement en puissance, dévoilant peu à peu une dramatique énigme où l'adultère, la religion et la morale, thèmes et valeurs chers à Balzac, sont en bonne place ; il est surtout question du poids des serments portés sur la croix du Christ et des risques que l'on prend en cas de mensonge. J'ai lu quelque part que Balzac se serait inspiré d'une relation de sa mère avec un amant espagnol à l'époque où il était pensionnaire au collège de Vendôme et qu'on peut donc lire entre les lignes une sorte de punition oedipienne…
Bianchon campe admirablement ses personnages ; le notaire notamment est haut en couleur avec une diction et des expressions particulières.
La grande Bretèche est une véritable nouvelle avec une vraie chute, où Balzac nous ramène dans le salon du début et fait état de l'effet de l'histoire racontée par le docteur sur l'assistance féminine : « après ce récit, toutes les femmes se levèrent de table, et le charme sous lequel Bianchon les avait tenues fut dissipé par ce mouvement. Néanmoins quelques-unes d'entre elles avaient eu quasi froid en entendant le dernier mot ».

Ainsi que je le dis souvent, certains des textes courts De Balzac sont de véritables petits bijoux et il est vraiment dommage qu'ils ne soient pas davantage étudiés dans les collèges et lycées.
Nous avons ici un beau conte cruel, savoureux et bien tourné.
Une belle découverte !
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