Différence entre photographier et faire de la photo.
Est photographe tout nostalgique, tout conteur, tout trompe-la-mort qui sort de la réalité comme du cinéma de ses rêves pour en rapporter une preuve.--François-Marie Banier
Ernesto Sabato --- Préface
Je n'hésiterais pas à dire que son besoin de peindre, d'écrire, et en définitive, de s'exprimer, naît d'une carence originelle qu'il laisse entrevoir dans l'histoire de son petit Balthazar: " J'ai toujours voulu que quelqu'un m'aime, être plus qu'un enfant dont on caresse la tête en passant, plus qu'un fils de remplacement, plus qu'un fils débrouillard. Etre irremplaçable. Je voulais appartenir. Appartenir, c'est s'abandonner." Le souvenir de ce déchirement instaure ce regard compatissant avec lequel il peint ces êtres désemparés qui chaque jour doivent reconquérir le sens de l'existence. Qu'il s'agisse de personnes anonymes ou d'artistes, de musiciens, d'auteurs de renom, je crois que ce qu'il essaie de rendre manifeste à nos yeux c'est cette blessure commune, ce besoin urgent et primordial d'être aimé et d'appartenir, qui se trouve au coeur de tous les êtres humains.
Banier est un être insatisfait et irréconcilié, enivré d'une lucidité dérangeante. --Ernesto Sabato (p. 8)
L'autre éternel de Martin d'Orgeval
Oeuvres d'une vie, prises dans la vie, parlant de la vie, les photographies de François-Marie Banier expriment tour à tour, ou quelquefois mêlés, le sublime, le dérisoire, le burlesque, le tragique, l'ironie, la joie, la mélancolie, le temps qui passe, le temps qui vient. " Visages, démarches, allures, couples, solitudes, sont poèmes manifestes, écrit-il. Le photographe les publie."
S'effaçant devant ses modèles, Banier fait de la photographie une histoire personnelle sans jamais dire "je". (p. 13)
Saviez-vous que la photographie donnait aussi la parole aux objets ? Elle accorde à leur impuissance une sorte de sourire, comme à tout ce qu'elle touche.---François-Marie Banier (p. 337)
Dire que, depuis que je suis né, j'accumule des preuves. mais de quoi ? --François-Marie Banier (p. 341)
Parler d'écriture, ici ? L'écriture est aussi vicieuse que la photographie. Elle n'apparaît derrière le style, derrière nous, que lorsque c'est fini. -- François-Marie Banier (p. 338)
Tout ce que l'on découvre à chaque fois que l'on regarde une photo n'appartient qu'à vous. Le temps est arrêté, décrit, les faits sont là et, dans un léger flottement, la photo tout à coup déborde. On y ajoute tout ce qu'on ignorait du personnage et de soi-même : nous avons vécu entre-temps. La photo vit, nourrie de cette vie supplémentaire qu'elle nous suggère; et de celle que nous lui imposons. - François-Marie Banier (p. 337)