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Critique de tamara29


Russel Banks est -à mes yeux- l'un des meilleurs romanciers contemporains américains. de sa belle plume souvent sombre, il dépeint les exclus, les minorités et les marginaux avec tant de réalisme qu'il semble les avoir étudiés et côtoyés longuement.
« Lointain souvenir de la peau » me faisait de l'oeil depuis des mois mais, j'avais quelques hésitations du fait du thème même des délinquants sexuels. Et je finissais toujours par commencer un autre roman moins « dérangeant ».
Finalement, je m'y suis risquée et je n'ai pas regretté. Je crois d'ailleurs que cette lecture me restera en mémoire pendant un certain bout de temps.
Banks nous raconte la réalité de ces déviants sexuels aux Etats-Unis par l'histoire du Kid, un jeune délinquant sexuel, et de sa rencontre avec un professeur de sociologie (aussi intelligent qu'obèse) souhaitant étudier les sans-abri et les délinquants en tout genre.
Tous deux ont un rapport au corps (et aux autres) (le premier qui ne s'est plus touché depuis sa condamnation et le deuxième boulimique à l'extrême) qui ressemble à un lointain souvenir de la peau. (Mais on pourrait aussi parler de leur addiction respective : le sexe virtuel et la nourriture).
Le Kid est un jeune homme de 21 ans, naïf, vierge et qui a pour seul ami son iguane Iggy. Son seul lien avec le monde se fait par le biais d'Internet ; le virtuel faussant alors sa vision du réel et de la relation aux autres (sites pornographiques, etc.).
Condamné à porter pendant 10 ans un bracelet électronique à la cheville, à rendre des comptes à la société, obligé à résider dans le Comté mais à qui il est interdit de s'approcher à moins de 800 mètres de tout lieu fréquenté par les enfants, soit par équation, de toute école, lieu public, etc., il n'a donc d'autre choix que de vivre sous un viaduc (en Floride) avec les autres condamnés et déviants sexuels de toute sorte.
Si j'ai été quelque peu déçue par une partie du livre -le mystère qui entoure le professeur que j'ai trouvé un peu rocambolesque-, l'histoire du Kid n'en reste pas moins touchante et captivante. Et, en nous faisant aussi sourire, notamment par la naïveté et les réflexions du Kid, R. Banks nous évite une lecture trop pesante.
Ainsi, j'aurais tendance à considérer qu'au-delà du Kid, ce qui me restera en mémoire, c'est surtout la capacité qu'a eu Banks, presque insidieusement, de m'ouvrir un peu plus l'esprit, de me rappeler que tout n'est pas radicalement ou blanc ou noir et que trop souvent et trop rapidement, nous posons des étiquettes et portons des jugements sur les autres. Par facilité et sentiment de sécurité, nous mettons des personnes en marge de la société et préférons les éviter du regard, les oublier, les éloigner de notre vie.
Et ce, avec ce « paradoxe » que la société a elle-même rendu possible (pour ne pas dire créée) certaines de ces déviances et donc déviants (sexuels dans le cas présent).

Lorsque certains auteurs (ou romans) me permettent de réveiller ma conscience, m'aident à avoir un regard différent et plus « juste » sur ce qui m'entoure, pour les remercier, je me dis qu'ils méritent au moins un « quatre étoiles »…
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