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Critique de OverTheMoonWithBooks


" Elle lui expliqua alors qu'elle avait attendu d'avoir un homme, un soldat courageux, qui la vengerait en tuant au moins dix janjawids, tandis qu'elle mangerait le foie cru de chacun d'entre eux. [...] Elle répondit qu'elle savait tout de la guerre, absolument tout, et répéta que ceux qui avaient tué ses parents et viola ses soeurs jusqu'à ce que mort s'ensuive n'étaient pas des soldats de l'armée régulière mais bien des janjawids elle savait faire la différence. "

Cette histoire, c'est celle d'Abderahman, cette jeune fille mystérieuse retrouvée sous des cadavres qui cherche à se venger de ceux qui lui ont tout pris d'une manière des plus barbares qui soit. C'est ce qu'indiquait le résumé de la 4ème de couverture. Ç'aurait pu être un conte macabre qui narrerait la quête de cette amazone darfourienne parmi les personnes déplacées dans un pays pas si lointain et dans une époque pas imaginaire, mais bien dans la réalité des affrontements ethniques en Afrique.
C'est ce que j'attendais, mais ce n'est pas le point central du roman ! le fameux messie du Darfour ne l'est pas davantage.

En réalité, Abdelaziz Baraka Sakin dresse plusieurs portraits des acteurs de cette mauvaise pièce jouée par entre les gouvernements locaux et les Nations Unies dont les populations sont des dégâts collatéraux dont on se souci peu.
Ce roman commence comme une rumeur angoissante, avec un ton de conteur africain, on sent le tragique venir entre les mercenaires ignares qui participent à une vaste machine qu'ils comprennent assez peu. Leur mission : tuer, peu importe qui et peu importe la raison. Il faut verser du sang, et c'est sans état d'âmes.

Le sujet est bien sûr terrible - pour peu qu'on est quelques notions d'histoires et d'actualités - et décrit sans fard une réalité bien loin de nous. La réalité où le viol est une arme de guerre pour anéantir mentalement et physiquement les femmes , mais pas seulement. Pour preuve le commentaire cynique de ce mercenaire après ses crimes :
" La mort lui donnerait du répit, laisse-la vivre, elle finira au camp de Kima entre la vie et la mort, sans mari ni enfants, sans père ni mère, sans village et sans honneur".

On le voit à la télé, mais c'est vrai. C'est incompréhensible, et ça dépasse la fiction. Mais c'est vrai.

Et tous les personnages décrits, qui gravitent plus ou moins autour d'Abderahman (de près ou d'assez loin) voient une promesse de renouveau avec ce messie dont tout le monde parle. C'est là qu'intervient le côté animiste du récit. Est-ce un faux prophète ou est-ce vrai ? Après tout, qu'importe.
Cet homme incarne pour tous ces êtres brisés et anéantis la seule chose qui leur reste d'humain : un espoir de paix, de retour à un temps où les tribus Arabes et Noires vivaient en bonne intelligence, et où ils ne sont pas menacés par des armés de rebelles et un gouvernement corrompu qui ne sert que ses intérêts et soumets les observateurs internationaux fantoches.

J'ai eu du mal à rentrer dans ce récit, et c'était loin d'être ce à quoi je m'attendais. Toutefois une chose est sûr, c'est un roman très percutant et qui interpelle et donne à réfléchir.
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