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Critique de 5Arabella


Un petit livre d'une grande densité, d'un auteur soudanais, exilé et interdit dans son pays , vivant actuellement en Autriche. Abdelaziz Baraka Sakin évoque dans ce court roman la guerre du Darfour. Il ne faut pas s'attendre à un récit fortement structuré et linéaire : nous suivons quelques personnages dans leurs chemins chaotiques et heurtés, comme ceux que la guerre provoque. Comme celui d'Ibrahim Khidir, enrôlé de force du jour au lendemain, dans un conflit dont il ne voit pas le sens et qui évolue entre les différents camps, au hasard.

L'auteur met en cause les versions officielles de ce conflit. Il ne s'agit pas pour lui le moins du monde d'un conflit ethnique : cette notion n'a pour lui aucun sens dans une population de toute façon très mêlée. La division entre les Noirs et les Arabes, les anciens esclaves et les anciens maîtres, n'a plus de sens : ils sont tous plus ou moins issus des mêmes ancêtres, dans des proportions qui peuvent juste varier un peu. La distinction est artificielle, créée pour des besoins politiques de faire la guerre, de manipuler la population. Les plus féroces, les sans scrupules, prennent les armes et massacrent, pillent et violent, juste pour le plaisir de la violence et de la domination. Il y a des passages, terribles et magnifiques à la fois, de tout ce déchaînement de violence, une ironie impitoyables vis-à-vis de ceux qui sont à son origine, et qui en profitent.

Et il y a cette figure christique du Messie, quelque peu étonnante, dans un contexte musulman, et surtout en décalage par le message prôné, un message de paix et d'amour. Comme un espoir de quelque chose d'autre, le refus total de la haine et de violence, qui n'est pas la solution.

C'est un livre déconcertant, mais indéniablement très puissant, d'une écriture forte et personnelle. Une belle expérience, même si tout n'est pas toujours évident, d'autant plus si on ne connaît pas bien le contexte.
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