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Critique de motspourmots


Vous faisiez quoi le 11 juillet 1972 ? (Si vous n'étiez pas né, surtout ne partez pas) Ce jour-là, un peu partout dans le monde, des milliers d'individus qui ne connaissaient pas forcément grand-chose aux échecs avaient les yeux rivés sur un écran de télévision pour suivre le coup d'envoi du championnat du monde. En pleine guerre froide, un petit génie américain, Bobby Fisher allait affronter le champion en titre depuis 1964, Boris Spassky, héritier d'une longue tradition russe. La rencontre va s'étaler sur deux mois, en Islande. Les images sont de piètre qualité mais l'événement hypnotise les foules, autant pour ce qui se joue sur l'échiquier qu'autour. J'avoue que les noms m'évoquaient quelque chose mais, au moment d'ouvrir ce livre je ne me souvenais même pas qui avait gagné (tant mieux pour le suspense) et, à part le nom des pièces et leurs couleurs ou le terme échec et mat, je ne savais rien d'une partie d'échec. Pourtant, ce récit m'a captivée, et émue.

Enfant, l'auteur avait l'habitude de se glisser sous la table du jardin familial pour jouer tout en écoutant les conversations des adultes. C'est ainsi que le nom de Bobby Fisher, objet d'un échange passionné entre son père et un ami est devenu un souvenir d'autant plus obsédant à la mort du père, survenue peu de temps après. Il n'a de cesse de tenter de comprendre ce qui pouvait à ce point forcer l'admiration de son père, psychologue réputé. Et le voilà refaisant le match, explorant la personnalité singulière de Fisher (vraiment pas sympathique le monsieur), enfermé dans un échiquier depuis son plus jeune âge et retraçant, partie après partie, les péripéties de la rencontre et la guerre que vont se livrer les deux champions. La guerre, oui. C'est le mot employé par l'auteur qui ose un parallèle fascinant avec la guerre de Troie et convoque l'Illiade, Ulysse et Achille. le récit devient épique, brillant et totalement addictif.

Si l'aventure de ce championnat et de ses acteurs est passionnante grâce au regard, à l'humour et au sens du rythme de l'auteur qui sublime la dramaturgie de la rencontre, elle est aussi au service d'un autre récit, plus intime, celui du lien père-fils et de la souffrance lorsqu'il vient à se rompre. L'auteur le fait affleurer avec dextérité dans le tissage de l'intrigue et une pudeur qui laisse peu à peu filtrer l'émotion. Aucun élément n'est là par hasard, tout prend sens. Je suis passée par un tas de sentiments pendant ma lecture, j'ai souri, j'ai admiré les stratégies et les parti-pris de l'auteur, j'ai eu envie d'applaudir et ma gorge s'est finalement serrée. Complètement cueillie, convaincue et admirative. Bref, j'ai adoré.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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