Une gourmandise

Je l'ai acheté sur un marché de Provence. J'ai repêché «Une gourmandise» sur un étal de livres d'occasion, entre les melons, les olives, les saucissons aux herbes, les présentoirs d'épices et d'essence de lavande. Avant même d'être lu, c'était déjà une promesse olfactive et gustative. Promesse tenue. Je remercie Muriel Barbery d'avoir décrit si bien, avec tant d'élégance, de délicatesse, la saveur des cornes de gazelle. Au fil des pages, son personnage principal pourtant agonisant, ayant voué son existence au plaisir de la bonne chère, et de la chair, se souvient. Il se souvient et m'a emportée avec lui à la recherche de sa madeleine ultime. Merci encore Mme Barbery, votre écriture sensuelle, rythmée, riche et précise, a réveillé mes souvenirs de pâtisseries dans un salon de thé de Rabat, du potager de mon grand-père, de la soupe au pistou de ma grand-mère, de l'odeur du gâteau basque en train de cuire. le héros sans coeur a le ventricule qui lâche, peut-être d'avoir plus battu pour la tendre fermeté des huitres fraiches que pour son épouse et ses enfants. le mien a fondu comme du chocolat sous le soleil d'août en lisant ce petit livre suave, sucré, salé, iodé et amer. Son titre anglais est «Gourmet Rhapsody», je trouve qu'il lui va à ravir. Si vous ne salivez pas en le lisant alors je ne comprends plus rien, alors je me dirai que, décidément, je suis trop dépendante de mes papilles, et que mon salut est d'épouser un maître queux.

PS: Et si vous voulez plonger dans la cuisine Italienne avec délectation lisez "Chaud brulant" de Bill Buford. Grâce à cet homme je ne regarde plus les pâtes de la même façon...