AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BVIALLET


L'abbé de la Croix Jugan est un ancien chef chouan qui n'a pas respecté ses voeux monastiques en prenant les armes contre les Bleus. La révolte ayant échoué et la royauté n'ayant pas été restaurée, l'abbé tente de se suicider en se tirant un coup d'espingole dans la tête. Il ne réussi qu'à se défigurer. Recueilli par une vieille paysanne de son parti, il se fait surprendre par une troupe de soudards bleus qui le torturent atrocement et le laissent pour mort. Mais quelque temps après, il réapparaît, tel un pénitent recouvert d'une capuche qui masque son visage défiguré dans l'église de Blanchelande, dans le Cotentin. Il lui est interdit par l'Eglise de dire la messe. Parmi les fidèles, se trouve Jeanne-Madelaine le Hardouey, ex demoiselle de Feuardent, aristocrate déchue et mal mariée à un gros fermier enrichi par la récupération des biens du clergé. le couple a voulu se passer des services de bergers à demi sorciers qui lui jettent un sort pour se venger. Jeanne tombe follement amoureuse de l'abbé qui n'en a cure. On retrouve bientôt le cadavre de Jeanne dans l'eau du lavoir du village. Les rumeurs vont bon train et les catastrophes continuent à s'enchaîner.
Ce livre aurait pu être un roman policier, mais Barbey d'Aurevilly l'a voulu autrement. le lecteur ne saura jamais si Jeanne s'est suicidée ou si elle a été assassiné. Et pour la suite, c'est la même chose, il ne pourra soupçonner que des forces obscures, maléfiques instrumentalisant et détruisant des destins. Rien de réaliste, rien de rationnnel. Un monde de magie noire et de sorcellerie... Nous sommes donc en présence d'un livre de style fantastique au sens où on l'entendait au XIXème siècle et très proche de certains textes d'Hofmann, Poe, Conan Doyle, Shelley, Stocker et même Maupassant ("La main coupée"). Paru initialement en feuilleton, ce roman a les défauts de ses qualités. Tout repose sur une ambiance semi-gothique, inquiétante, angoissante particulièrement réussie, mais rendue par de longues et méticuleuses descriptions à la mode de l'époque. Certain(e)s les trouveront peut-être rebutantes. Dans la littérature actuelle, il est habituel d'aller à l'essentiel en laissant au lecteur le soin d'imaginer la scène, le décor et les sentiments des personnages. A l'époque, le cinéma n'existait pas. Nul doute que le cerveau du lecteur d'aujourd'hui ne fonctionne pas comme celui d'hier car il peut piocher dans une sorte de "banque de données imaginatives" d'une grande richesse et n'a peut-être plus besoin qu'on lui décrive tout par le menu. Il n'en demeure pas moins que ce livre est un classique du genre et qu'il est écrit dans une langue magnifique et illustrée d'un grand nombre d'expressions de patois normand fort savoureuses qui obligent le non-initié à aller consulter le glossaire en fin de volume.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}