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Critique de Perlaa


Un prêtre, Sombreval, rompt son sacerdoce pour se marier. Après la mort de sa femme, il retourne avec Calixte, sa fille souffreteuse, dans sa campagne natale. Au fin fond d'une Normandie rurale et inhospitalière l'ambiance est lourde dans le château dépouillé. Les prédictions du démon, les médisances des villageois et l'opprobre public transforment leur séjour en retraite assiégée… jusqu'à l'arrivée du fougueux Néel de Néhou paré de mille vertus qui s'éprend immédiatement de la belle et vertueuse Calixte.
Pour échapper à la malédiction et épargner sa fille tant aimée le renégat Sombreval, antihéros fier et courageux, va devoir faire preuve d'un insensé dévouement.

Voilà un résumé bien sec, bien peu barbeyaurevillienesque. La distance multiséculaire (2) a fait jaunir cette trop longue histoire kitsch en diable - tant pis pour l'anachronisme - et sa fin totalement hallucinée.
Partir pour la campagne profonde dans la Manche au début du 19ème siècle est un dépaysement hardi. J'ai chevauché, bien secouée, sur des chemins de perdition, franchissant les fondrières, les landes et les marais, « un terroir aux arômes concentrés » où les villageois « patoisent » sans filtre. L'ambiance est malsaine, mystérieuse. Elle infuse tout le roman dans un halo brumeux de superstitions.
Outre ses qualités de conteur Barbey d'Aurevilly possède une autre corde à son arc. Sa plume assassine fustige sans prendre de gants ceux qu'il désapprouve. Très incorrect probablement déjà à son époque il l'est plus encore de nos jours. Ses considérations malheureuses sur les serviteurs noirs de Sombreval, et ses affirmations péremptoires sur l'éducation et le mariage des filles seraient juste impossibles.
Pourquoi alors lire un tel ouvrage aujourd'hui ? L'abandon de la religion et le trop grand amour paternel sont au coeur du récit. A l'évidence, ou plutôt à la lecture, c'est irréaliste et peu convaincant. Alors, pourquoi ? Pour l'écriture, la vie campagnarde, la restitution d'une époque et au final pour bien mesurer l'écart avec certains contemporains, Flaubert ou Balzac pour n'en citer que deux.


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