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Citations sur Une histoire politique du pantalon (10)

Mais on ne peut négliger ce fait essentiel, déjà souligné pour le travestissement : une femme qui se masculinise s’élève dans la hiérarchie des valeurs. Elle gagne un pouvoir symbolique. Un homme qui adopte un vêtement féminin descend la même échelle, perdant volontairement un peu de son pouvoir, en s’approchant du statut féminin. L’une se fait sujet, l’autre se fait objet. Et il en sera ainsi aussi longtemps que notre culture reconnaîtra la « valence différentielle des sexes » comme un des principes organisateurs. La différence des sexes est en effet également une hiérarchie des sexes. L’universalisation de la jupe, après celle du pantalon serait un signal fort de réduction de la différence des sexes. On en est encore loin.
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C’est un pantalon certes protecteur mais pas émancipateur que l’on découvre dans ces témoignages. Et en France, ce pantalon n’est en rien contradictoire avec le voile islamique. Le pantalon, dès lors qu’il devient obligatoire, n’est plus porteur des valeurs héritées de son passé militant. Le vêtement de la résistance, aujourd’hui, est visiblement la jupe. La presse pour adolescentes abuse de l’expression « revendiquer sa féminité » (porter une jupe), vocabulaire révélateur d’une difficulté vaincue au prix d’un combat. Le film La journée de la jupe (2009), avec Isabelle Adjani dans le rôle d’une enseignante en jupe, réclamant pour libérer les élèves qu’elle a pris en otages l’institution d’une « journée de la jupe », montre bien le problème : le pantalon aujourd’hui présente des similitudes avec le voile. L’imagination du réalisateur, Jean-Paul Lilienfeld, rejoint la réalité.
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Le pantalon obligatoire pour les adolescentes, manière d’éviter la sexualisation du corps féminin enjuponné, n’est pas réservé aux « quartiers difficiles ». c’est un mouvement profond, issu d’une culture partagée par les jeunes. Les injonctions religieuses y ont leur part. mais l’impact de la pornographie aussi. On s’en doute, c’est la gestion de la sexualité juvénile qui est difficile, entre tabous persistants et injonctions à avoir une sexualité affranchie. Du comportement « conforme » attendu du groupe de pairs dépend la réputation, véritable mot clé. La fille en jupe, comme hier la fille en pantalon, aura mauvaise réputation. Porter une jupe, c’est « allumer », « chercher » le regard. C’est se prendre pour une femme adulte.
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Leurs arguments les plus forts, les féministes les empruntent aux hygiénistes, soucieux de sauvegarder l’avenir et la santé de la « race », et en particulier de celles qui la reproduisent. En 1899, Hubertine Auclert s’appuie sur la thèse de l’une des premières doctoresses, dont les recherches sur le corset montrent qu’il « comprime les organes, refoule en dedans les côtes, provoque des troubles respiratoires, développe l’anémie, la chlorose ». Une voie moyenne est défendue par Inès Gaches-Sarraute, qui crée le corset abdominal ou hygiénique, lequel fait le ventre plat, évitant la ptôse du bas-ventre. Bien qu’il creuse le dos, il rencontre un succès certain. Plusieurs thèses de médecine apportent aux féministes des arguments de poids en faveur de la disparition du corset, du raccourcissement de la robe, de la jupe-culotte et de la culotte-cycliste.
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Parmi toutes les raisons qui poussent des féministes – et non pas les féministes en général – à « revendiquer » le pantalon, il en est une, fondamentale, qu’il est important d’expliciter d’emblée : le pantalon est un vêtement fermé. Ne nous laissons pas abuser par le « pantalon féminin » du XIXe siècle, qui désigne en réalité une culotte du dessous, généralement fendue, c’est-à-dire ouverte. Le passage à la culotte fermée précède de peu le triomphe du pantalon féminin et même l’annonce, d’une certaine manière.
Les hommes portent donc un vêtement fermé, et les femmes un vêtement ouvert. Contrairement à ce que suggère l’envolée froufroutante de Marilyn Monroe sur une bouche de métro, la jupe soulevée est le cauchemar des femmes ordinaires… Le vent, de même que les accidents, les chutes, et de nombreuses activités et postures, sportives ou non, outragent la pudeur. Le rapport entre les sexes est aussi engagé par cette dissymétrie vestimentaire, dès les jeux enfantins (la peur des jupes soulevées), et pour la vie. L’ouverture du vêtement féminin évoque la facilité de l’accès au sexe féminin, sa disponibilité, sa pénétrabilité.
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Les limites de la libération des corps sont déjà perceptibles. La beauté reste un atout extraordinaire, que l’on préfère sous-estimer tant elle favorise celles et ceux qui en sont dotés dans toutes les interactions sociales. Le vêtement étant devenu signe du corps, c’est le corps lui-même qui doit être à la mode. Le look reste déterminant, chacun doit s’en sentir responsable, quitte à faire appel à un service de relooking. Le vêtement reste un marqueur social. Enfin, l’érotisation du corps (féminin, bien plus que masculin) à laquelle la presse féminine et masculine conduit s’avère difficile à gérer au quotidien. C’est dans cet univers resté contraignant, notamment au travail, que les codes de genre se maintiennent.
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La notion de liberté de mouvement est essentielle. La grande ville du XIXe siècle est un espace fortement sexué dans lequel la plupart des femmes ne peuvent circuler librement. Celles qui le font sont des femmes publiques. Le masque est nécessaire pour pénétrer dans l’espace que s’approprient les hommes, pour passer du statut d’observée à celui d’observatrice. George Sand est une des exceptions à la règle qui veut que les flâneurs soient tous des hommes. Pour flâner, pour se gorger du monde, il faut marcher, beaucoup et longtemps. Toute la mode conspire contre cette liberté : robes, chapeaux, chaussures vouent les femmes à la sédentarité. Le choix d’une masculinisation vestimentaire peut-il être évité ?
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La popularité du jean se confirme chez les filles : vêtement à tout faire, il peut être cool, sexy, urbain… son extraordinaire succès consacre la fin de l’ordre ancien hyperdifférencié. Le jean, avant tout unisexe, n’ignore pas des variantes genrées. Il est très symbolique que le rapprochement des sexes s’effectue autour de ce vêtement-là car son histoire spécifique est porteuse d’une grande universalité.
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Depuis l’antiquité, la femme habillée en homme préfigure un monde inversé apprécié des humoristes. Plus la société exclut les femmes (de la sphère publique, de l’instruction, du pouvoir politique) plus la peur de la revanche hante l’imaginaire du dominant. L’inversion des rôles est un fantasme antiféministe.
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Les amazones trahissent une peur évidente du pouvoir des femmes, mais aussi une peur masculine de l’amour physique (impuissance, accouplement avec une femme monstrueuse) et représentent dans la légende un danger mortel pour l’homme, modèle imité avec succès et réduit au rôle de simple géniteur.
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