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Critique de BazaR


♪L'Améri-que, l'Améri-que, Je veux la voir, et je l'au-rai. ♫

C'est à cette chanson de Joe Dassin que le début de cette novella m'a fait penser. Ça aurait pu être au Titanic, remarquez, vu que tout se passe sur un navire de croisière – le Virginian – qui trace son sillage dans tous les sens à travers l'Atlantique dans l'entre-deux-guerres.
C'est sur ce bateau que l'extraordinaire conteur Alessandro Baricco nous dévoile la vie d'un gars absolument hors norme ; un gars qui aurait sa place dans une galerie de portraits de Jean-Pierre Genet. Rien que le nom complet du bonhomme est hallucinant : Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento. Ça ne sort pas de la cuisse de Jupiter, mais de son « père par défaut » qui le trouve tout bébé, abandonné sur le navire.
Le récit ne nous est pas conté par la voix de ce héros. Son esprit devait rester un mystère, un paquet de voiles groupés en pelure d'oignons que l'on épluche lentement ; chaque pelure soutirant du lecteur des ho ! et des ha ! de surprise, de pure joie ou de tristesse, ou le poussant simplement à se gratter la tête de confusion. le narrateur est en quelque sorte l'ambassadeur de tous les lecteurs, ressent les épluchures comme je les décris et les transmet par télégraphe au lectorat ébahi.

Le narrateur travaille sur le Virginian comme musicien ; il joue de la trompette et adore le jazz. Novecento, c'est le pianiste (vous l'auriez deviné au titre). Il adore… jouer au piano de la musique que personne n'avait jamais entendue ; quelque chose de fascinant, d'hypnotique, capable de vous transporter direct dans le plus beau rêve éveillé, de vous occasionner des transes plus puissantes que les sermons évangélistes, de déprimer un pro de chez pro qui prétend avoir inventé le jazz.
Entendre cette musique… c'est la seule chose qui manque vraiment dans ce roman seulement constitué de mots écrits. Aussi difficile que d'imaginer la musique des sphères célestes. Intellectuellement je peux imaginer un morceau jazzy que j'adore, et extrapoler le plaisir en le multipliant par mille, mais c'est pas ça qui va me la faire ressentir.

Comprendre les pensées de Novecento, même exprimées via le narrateur, c'est aussi comme écouter un morceau de jazz, libre, complexe, poétique. Parfois, ça frise le freejazz auquel je ne comprends rien, sob ! Mais la compréhension n'est pas indispensable à l'émotion. On s'installe, on lit, on se laisse porter par la mer de mots. Je n'ai lu que Novecento et Soie, mais à chaque fois j'ai trouvé que c'était la meilleure façon de recevoir Alessandro Baricco.

N'hésitez pas à vous laisser aller, vous aussi.
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