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Critique de AlbertYakou



Je n'attendais pas Barjavel sur ce terrain. Il commet ici une suite de réflexions sur l'espèce humaine difficiles à définir. Est-ce de la philosophie ? En un certain sens, oui, puisqu'il cherche à percer le mystère de notre présence, de nos actions, de nos buts, de notre futur.
Désabusé par moment, Barjavel ? Indubitablement.
Confiant dans l'avenir ? Pas trop.

Pour commencer, disons qu'il a une vue très biologique de notre espèce. Nous nous leurrons sur ces balivernes de l'amour et des sentiments, alors que la seule raison qui pousse les deux sexes l'un vers l'autre est l'impératif de toute espèce de se perpétuer, et donc de se reproduire. Raison que l'individu ignore. Point barre, rideau. Bon, on n'est pas dans le romantisme. En même temps, il n'a pas totalement tort.

Il note que les Hommes vivent dans une sorte de brouillard, incapable de démêler le sens de leurs actions, bourrés d'ignorance et de fausses idées jusqu'à l'indigestion, victime des propagandes de toutes sortes qu'ils subissent depuis leur enfance. Là encore, on ne peut pas lui donner totalement tort.

Il voit juste quand il affirme (on est en 1966) que l'Homme saccage le vivant, qu'il est destructeur et qu'il ira jusqu'à éradiquer toutes traces de vie sur Terre. Ecolo avant l'heure, Barjavel, visionnaire peut-être, sauf que si l'Homme efface toutes les espèces de la Terre, il disparaîtra avec elles (un point qu'il semble ignorer).

Barjavel est également effaré par les massacres et les guerres continuelles que les Hommes se livrent, qu'il attribue à la nécessité d'une population trop importante de se réguler. Là encore, c'est l'espèce qui parle et non l'individu, et notre espèce se massacrent, tel un suicide programmé, sans en comprendre la vraie raison. Et de citer les lemmings, ces petits rongeurs qui se suicideraient en masse pour réguler leur population trop importante. Belle histoire et belle comparaison, sinon qu'elles sont fausses toutes deux. On l'a cru longtemps, mais les lemmings ne se suicident pas (voir par exemple le dernier article sur la question du National Geographic https://www.nationalgeographic.fr/animaux/curiosite-animale-debunk-les-lemmings-sont-ils-vraiment-suicidaires).

Il a une dent féroce contre les Eglises (toutes : juives, chrétiennes, musulmanes, etc) qui ont perdu le message originel et qui trompe le peuple avec des superstitions et des histoires pieuses à dormir debout. Car Barjavel croit qu'il y a eu une Vérité que nous avons connue et perdue, et que les prêtres sont devenus des ignorants. En creux, malgré sa haine des Eglises, il se montre en fait très croyant dans une foi des origines, de ce qu'il nomme Dieu ou (si le terme vous gêne dit-il) le Principe créateur.

Il est convaincu que la science ET la religion, quand elles décideront de renverser le paravent du monde superficiel et des illusions, trouveront derrière, ensemble, la même Vérité. Ainsi, il démarre son essai très biologique pour finir très mystique…

Au fil des pages, notre philosophe Barjavel alterne le bon et le moins bon, les réflexions surprenantes de justesse et les grosses conneries. Parfois on s'ennuie, parfois on trouve cela intéressant. Mais, au final, c'est quand même très fourre-tout et très décousu, son affaire. Et, quand on referme le bouquin, il ne nous en reste pas grand-chose, sinon qu'il donne le sentiment de buter sur un mystère qu'il voudrait percer, mais qui le dépasse. D'ailleurs, je ne crois pas qu'il le nie. Bien au contraire.

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