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EAN : 9782070368471
214 pages
Gallimard (14/10/1976)
3.85/5   507 notes
Résumé :
L'homme se trouve devant deux destins possibles : périr dans son berceau, de sa propre main, de son propre génie, de sa propre stupidité, ou s'élancer, pour l'éternité du temps, vers l'infini de l'espace, et y répandre la vie délivrée de la nécessité de l'assassinat. Le choix est pour demain. Il est peut-être déjà fait.
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,85

sur 507 notes
S'il ne résoud aucun des mystères existentiels Barjavel les pose à sa façon très personnelle, mêlant les faits scientifiques à son écriture empreinte de poésie, et mettant à mal toutes les convenances.

Ce petit livre de 215 pages est un trésor à dévorer le plus lentement possible, pour n'en perdre aucun détail...chaque phrase contient 100 000 fois son poids de sens et de réflexion. Et de savoureuse hérésie!

Attention : ce livre changera sûrement votre vision du Monde...il a 45 ans mais n'a peut être jamais été plus actuel qu'aujourd'hui.
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Le désir d'explorer la totalité de l'oeuvre de Barjavel m'a guidé vers "La faim du tigre", un livre qu'il revendique comme essentiel dans sa bibliographie. Certes, il est différent de ceux que j'ai lus jusque là ! Toutefois, si je devais effectuer un classement personnel, il ne dominerait pas les autres romans qui ont toujours réussi à m'emporter, ailleurs, loin de la banalité et du quotidien, en dehors de moi. Celui-ci moins. Ses réflexions sur l'homme sont accompagnées d'un jus scientifique vulgarisé qui a subi les ravages du progrès. le voile s'est dissipé par endroits et les découvertes récentes faussent certaines hypothèses, certains postulats, même si, son questionnement sur l'espèce humaine et son évolution fait sens et résonne bien plus dans une société confrontée aux conséquences tangibles, notamment climatiques, de la course en avant effrénée de l'homme que dans celle des trente glorieuses, période d'écriture et de publication de ce roman. Sa quête du chemin vers Dieu, l'Absolu, la force supérieure qu'importe le nom donné rejoint celles d'autres intellectuels, savants, écrivains ou philosophes passionnés d'ésotérisme. Sa colère contre les religions, qui ont brisé le lien, caché puis perdu la connaissance et le moyen de communiquer avec le Créateur m'a ramené à un passé récent. Je me suis beaucoup intéressé à cette volonté humaine remontant à des millénaires lors de l'écriture de la Malédiction de Nostradamus. de ce fait, sûrement, le discours de l'auteur m'a semblé une redite de ce que j'avais pu relever dans la phase documentaire. Mais, ses interrogations ou son analyse des religions ont néanmoins trouvé un écho bienveillant. le temps de la révélation ne devrait plus tarder, selon les auteurs du « Visage de Dieu » ou les prédictions anciennes. Lui à peut-être déjà les réponses.
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Essai qui débute de manière un peu foutraque, sans que cela ne lui porte préjudice... Au contraire, dans un foisonnement d'idées spéculatives, Barjavel nous parle du libre-arbitre de l'homme -nul selon lui car l'homme n'a pas d'autre destinée que celle de se reproduire et toute sa vie est dirigée dans la réalisation de cet objectif (ça ne vous rappelle pas un peu Schopenhauer ?)

Entre autres humiliations adressées à la prétention humaine, Barjavel n'hésitera pas à lancer quelques comparaisons sympathiques :

"Les espèces ont-elles conscience de leur mission ? le genre humain sait-il qu'il doit continuer ? Si cette conscience collective existe, l'homme individu ne peut pas plus la connaître qu'une cellule musculaire de la cuisse d'un pilier de mêlée ne peut connaître les règles du rugby et le désir de vaincre. Et pourtant, toutes les cellules du joueur travaillent pour cette victoire. "

Malheureusement, Barjavel poursuit en se consacrant à la question de la religion. A partir de ce moment-là, le bouquin se transforme en un alignement de tracts prosélytes... Toute son originalité disparaît au profit des notions bien convenues (mais avec lesquelles Barjavel semble quand même s'emmêler les pinceaux) de Créature, de Créateur, de religion vraie/fausse/pervertie, faisant des démonstrations de tout et n'importe quoi tout en avouant qu'il n'y connaît pas grand-chose et qu'il a tout juste survolé les textes religieux -mais pas besoin d'en savoir plus pour faire des théories !

Ne nous morfondons pas trop... Après tout, ce texte n'est peut-être qu'une belle rêverie... Un essai qui joue sur les mots et les interprétations des phrases... Ainsi en est-il de cet extrait significatif parmi tant d'autres :

"Alors Yahvé Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme… » (Genèse, 2-21, 22.) Remarquons d'abord que le début de ce récit est la relation parfaite d'une intervention chirurgicale : anesthésie, opération, fermeture de la plaie, opératoire. Ce qui permet de déduire que l'auteur du récit, il y a cinq ou six mille ans, vivait dans une société où les opérations sous anesthésie étaient habituelles. […]"

Mais partant de là, les interprétations sur le monde deviennent infinies et perdent tout leur sens... le tigre avait si faim qu'il a fini par se provoquer une belle indigestion...
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La faim du tigre/René Barjavel
Après avoir lu et relu dans ma jeunesse les oeuvres les plus connues de René Barjavel, « Ravage », « La nuit des temps », « le voyageur imprudent », « le diable l'emporte », « le grand secret », je relis aujourd'hui cette suite de réflexions sur la vie qui m'avait enthousiasmé naguère.
Publié en 1966, ce recueil allie candeur et réflexion profonde : les questions essentielles sont posées ; les réponses échappent il faut bien le reconnaître.
Avec un certain humour, Barjavel nous livre ici quelques belles pages toutes simples qui nous rappellent que « la matière vivante ne semble pas avoir d'autre raison d'être que de s'étendre dans l'espace et se perpétuer dans le temps… »
En particulier, « l'homme doit donner la vie qu'il a reçue, il ne sert qu'à cela, il naît, pense, travaille, se bat, souffre uniquement pour cela, et s'il meurt sans l'avoir fait, d'autres l'ont fait autour de lui, son existence inutile ne compte pas plus que son existence utile, ce qui compte, c'est la vie de l'espèce. »
Une arme toute puissante va interférer chez l'humain : le plaisir de l'amour. Et l'amour, c'est l'oubli de soi. le piège n'est pas loin qui va se refermer.
L'auteur aborde ensuite la question sous l'angle de la nécessité puis du hasard: « l'organisation du vivant ne s'est pas faire par nécessité pour défendre la vie. » La cellule initiale était mieux armée pour se défendre qu'un organisme multicellulaire. Et cette progression dans la complexification de la vie « ne peut pas être le fait du hasard, car hasard et progrès ne sont pas compatibles. »
Pour l'auteur, l'évolution était déjà tout entière contenue dans la première cellule.
Paradoxalement, plus les conditions sont effroyables pour l'espèce, plus elle est prolifique.
La vie reste un miracle et Barjavel se demande « s'il existe une fin vers laquelle tendent l'énergie prodigieuse, l'organisation impitoyable, les perpétuels et éblouissants miracles de la vie. »
Il prend comme exemple la parfaite conception d'une oreille, son anatomie et sa physiologie. Un outil d'une perfection inouïe. Et il ajoute :
« Il faut être singulièrement facile à contenter pour accepter de voir dans la simplification harmonieuse de son aménagement général, le raffinement de ses détails, la diversité de son fonctionnement mécanique, acoustique, électrique, chimique, séreux, sanguin, conjonctif, osseux, musculaire, nerveux, liquide, solide, gazeux…le résultat chanceux de mutations hasardeuses…Le hasard ne conçoit pas, n'ajuste pas, n'organise pas….L'examen de notre univers sans parti pris impose à notre logique la conclusion qu'il est le fruit d'une intelligence inventive et d'une volonté planificatrice. »
Attention, le mot Dieu est banni et les religions exécrées par l'auteur. Son regard anticlérical porte plus loin.
Si la première loi de notre univers c'est l'équilibre, force est de constater que l'homme met à mal cet équilibre depuis quelques décennies.
Le suicide collectif des lemmings en Scandinavie et des bobacs en Sibérie narré par l'auteur et par Giono nous rappelle que l'équilibre biologique sait user de tous les procédés pour qu'une espèce ne prolifère pas outre mesure. Les déséquilibres provoqués par la disparition des rapaces et des loups expliquent cela. Un étonnant passage du livre…
Pour l'Homme, ce sera l'Homme lui-même le prédateur. Les guerres, la bombe, les armes…Et comme « chaque camp est persuadé qu'il n'y a qu'une façon pour l'homme d'être heureux : la sienne, il est prêt à imposer ce bonheur à l'autre camp par la force. »
Bien sûr il est dur de lire : « L'individu n'est rien. L'espèce le commande. Et la loi d'équilibre commande les espèces.» Et pourtant !
Plus loin, Barjavel aborde en toute simplicité les questions cosmologiques, univers, expansion et infini.
Les religions n'ont pas su entrouvrir la porte vers la compréhension de ce monde affirme Barjavel qui analyse ensuite le rôle de Moïse une fois redescendu du Sinaï. Et d'ajouter : « Comme celui de Moïse, le visage de Jésus a reçu son voile. » Les religions ont faussé la donne : elles ne répondent pas aux questions.
A la fin, Barjavel se pose en philosophe, s'interroge et nous questionne : « Est-ce cela le rôle du vivant ? Donner une existence à L Univers en le percevant ? »
Pour conclure, je dirai que j'ai bien aimé la phrase qui suit dont je fais souvent une devise : « Ma famille protestante m'avait appris à respecter et honorer mes ancêtres huguenots qui s'étaient battus pendant des siècles pour la liberté de leur culte et de leur pensée. Je me sentais solidaire d'eux… » Mais c'est une autre histoire … !
En bref, un très bon livre qui fourmille d'anecdotes amenant chacun à son niveau à se poser des questions.
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Je n'attendais pas Barjavel sur ce terrain. Il commet ici une suite de réflexions sur l'espèce humaine difficiles à définir. Est-ce de la philosophie ? En un certain sens, oui, puisqu'il cherche à percer le mystère de notre présence, de nos actions, de nos buts, de notre futur.
Désabusé par moment, Barjavel ? Indubitablement.
Confiant dans l'avenir ? Pas trop.

Pour commencer, disons qu'il a une vue très biologique de notre espèce. Nous nous leurrons sur ces balivernes de l'amour et des sentiments, alors que la seule raison qui pousse les deux sexes l'un vers l'autre est l'impératif de toute espèce de se perpétuer, et donc de se reproduire. Raison que l'individu ignore. Point barre, rideau. Bon, on n'est pas dans le romantisme. En même temps, il n'a pas totalement tort.

Il note que les Hommes vivent dans une sorte de brouillard, incapable de démêler le sens de leurs actions, bourrés d'ignorance et de fausses idées jusqu'à l'indigestion, victime des propagandes de toutes sortes qu'ils subissent depuis leur enfance. Là encore, on ne peut pas lui donner totalement tort.

Il voit juste quand il affirme (on est en 1966) que l'Homme saccage le vivant, qu'il est destructeur et qu'il ira jusqu'à éradiquer toutes traces de vie sur Terre. Ecolo avant l'heure, Barjavel, visionnaire peut-être, sauf que si l'Homme efface toutes les espèces de la Terre, il disparaîtra avec elles (un point qu'il semble ignorer).

Barjavel est également effaré par les massacres et les guerres continuelles que les Hommes se livrent, qu'il attribue à la nécessité d'une population trop importante de se réguler. Là encore, c'est l'espèce qui parle et non l'individu, et notre espèce se massacrent, tel un suicide programmé, sans en comprendre la vraie raison. Et de citer les lemmings, ces petits rongeurs qui se suicideraient en masse pour réguler leur population trop importante. Belle histoire et belle comparaison, sinon qu'elles sont fausses toutes deux. On l'a cru longtemps, mais les lemmings ne se suicident pas (voir par exemple le dernier article sur la question du National Geographic https://www.nationalgeographic.fr/animaux/curiosite-animale-debunk-les-lemmings-sont-ils-vraiment-suicidaires).

Il a une dent féroce contre les Eglises (toutes : juives, chrétiennes, musulmanes, etc) qui ont perdu le message originel et qui trompe le peuple avec des superstitions et des histoires pieuses à dormir debout. Car Barjavel croit qu'il y a eu une Vérité que nous avons connue et perdue, et que les prêtres sont devenus des ignorants. En creux, malgré sa haine des Eglises, il se montre en fait très croyant dans une foi des origines, de ce qu'il nomme Dieu ou (si le terme vous gêne dit-il) le Principe créateur.

Il est convaincu que la science ET la religion, quand elles décideront de renverser le paravent du monde superficiel et des illusions, trouveront derrière, ensemble, la même Vérité. Ainsi, il démarre son essai très biologique pour finir très mystique…

Au fil des pages, notre philosophe Barjavel alterne le bon et le moins bon, les réflexions surprenantes de justesse et les grosses conneries. Parfois on s'ennuie, parfois on trouve cela intéressant. Mais, au final, c'est quand même très fourre-tout et très décousu, son affaire. Et, quand on referme le bouquin, il ne nous en reste pas grand-chose, sinon qu'il donne le sentiment de buter sur un mystère qu'il voudrait percer, mais qui le dépasse. D'ailleurs, je ne crois pas qu'il le nie. Bien au contraire.

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Citations et extraits (153) Voir plus Ajouter une citation
1er janvier 1966. Je vais terminer ce livre aujourd'hui, malgré tous les efforts de mes deux petites filles qui grattent à ma porte, m'appellent, courent dans le couloir après la queue du chien, pleurent, rient, vivent et ne se doutent de rien.
J'ai deux petits-fils aussi, au bord de la mer.
Quatre bourgeons qui portent déjà dans leurs cellules innocentes les ordres de la lignée, de l'espèce et de la vie. Et d'ici que ce livre paraisse, peut-être y en aura-t-il un ou deux autres en chemin.
La vie, l'amour, l'espèce ne sont pas chiches.
L'année finit l'année commence, la vieille la jeune terre tourne, tourne sur elle-même, tourne autour du soleil dans le grand espace vide, tourne comme le dernier valseur qui ne veut pas que le bal finisse.
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1 - Rien ne justifie la guerre. Jamais.


2 -La guerre est un processus d'automutilation déclenché au sein de l'espèce humaine par la violation de la loi d'équilibre du monde vivant.
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Un dé à coudre empli de tourbillons de rien : c'est l'humanité. Découpez, en trois milliards. Prenez votre part. Voilà le baigneur ! c'est l'homme. Je. Moi qui écris ce livre...Moi qui le lis...Je suis un trois-milliardième de dé à coudre. Cet acier dur, c'est du vide, tourbillons, néant. C'est un couteau zéro. Ma main pareil. Mon cœur non plus...Pourtant, si cette main zéro prend ce couteau de vide et le plante dans ce cœur de rien...
Aïe !...
La vie, la mort, la souffrance ne tiennent pas dans le dé à coudre.
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Les espèces ont-elles conscience de leur mission ? Le genre humain sait-il qu’il doit continuer ? Si cette conscience collective existe, l’homme individu ne peut pas plus la connaître qu’une cellule musculaire de la cuisse d’un pilier de mêlée ne peut connaître les règles du rugby et le désir de vaincre. Et pourtant, toutes les cellules du joueur travaillent pour cette victoire.
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Et j'accuse les Eglises de me voler Dieu parce qu'elles sont devenues incapables de le montrer et de le démontrer.Quand elles prétendent que Dieu n'est ni montrable ni démontrable, elles ne démontrent que l'ignorance où elles sont tombées.
Elles ne sont plus des maisons de Dieu, elles ne sont que des maisons de la morale, où l'on enseigne des règles que l'individu ne doit point enfreindre s'il ne veut pas se voir refuser la Vie éternelle. En réalité, ces règles ne l'approchent ni ne l'éloignent de Dieu. ce sont des règles destinées à rendre possible la vie sociale et empêcher les structures des groupes humains de s'écrouler. Chaque Eglise a les siennes, qui correspondent aux mœurs de la société au sein de laquelle elle s'est développée. Elles sont nécessaires à la vie en commun, mais n'ont rien à voir avec la recherche de Dieu.
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