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Critique de NathalieBC


Non Chostokovitch n'a pas été aussi lâche que Julian Barnes veut bien le décrire dans son roman le Fracas du temps. Il a même fait quelques pieds de nez à Staline en s'inspirant, par exemple, du folklore juif. Mais bon, Barnes a choisi ce biais-là: raconter la vie de Chostakovitch à travers trois temps forts de sa lâcheté: 1936 et la mise à l'Index de son opéra, Lady Macbeth, 1948 et le voyage officiel à New-York, 1960 et son adhésion au parti communiste. Cependant Barnes ne fait jamais la leçon à ce pauvre Chostakovitch (dont la vie tragique tourne à la farce): au contraire, il nous interroge sur notre propre lâcheté, nous qui vivons dans un monde libre, où les artistes se vantent d'être décadents, ou l'art est bankable parce que, justement, il n'appartient pas au peuple. Qu'aurions nous fait, nous, si prompts à critiquer, à railler, à polémiquer, face à un régime totalitaire, meurtrier, injuste, et versatile ? A quoi bon jouer les héros si votre art doit disparaître avec vous ? Chostakovitch était-il plus lâche que Romain Roland, qu'André Malraux, que Pablo Picasso qui vantaient un "Paradis socialiste" dont ils n'auraient pas supporté le centième pour eux ?
L'écriture de Barnes est un peu elliptique, décousue mais les traducteurs ont fait un travail formidable qui rend l'oeuvre à la fois fluide et délicieusement ironique. Un vrai coup de coeur que ce Fracas du temps.
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