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Critique de horline


La postérité est certainement redevable d'une lorgnette mal ajustée à l'égard de Samuel Pozzi, chirurgien talentueux titulaire de la première chaire de gynécologie spécialement créée pour lui. Mais en se lançant sur les traces de cet homme qui a introduit les bonnes pratiques et l'hygiène à l'hôpital, Julian Barnes préfère jouer les chroniqueurs mondains.
La difficulté à reconstituer le passé de cet homme mondialement connu à l'époque n'y est pas étrangère. Mais c'est surtout la toile de fond, foncièrement romanesque qui intéresse l'auteur. Samuel Pozzi peint en 1881 avec des doigts fins et délicats et revêtu d'un manteau rouge qui lui donne une magnificence digne des princes de la Renaissance, est semble-t-il une figure incontournable de la Belle Époque. Barnes en fait l'épicentre d'une vaste fresque parisienne qui mêle esprit de salon et péchés baroques. Nous contemplons alors le vaste réseau des relations de Pozzi avec le beau monde, entraînant d'autres histoires faîtes de rumeurs, d'anecdotes piquantes et de bons mots caustiques. Et l'auteur semble se délecter de ces intrigues de boudoir, n'hésitant pas à se rendre visible dans son travail d'écriture, entre réflexions personnelles et analyse témoignant de sa fine connaissance de ce qui agite l'époque.
Si l'auteur anglais s'égare parfois, c'est peut-être parce qu'il n'y a pas de véritable chemin pour percer les mystères qui entourent ce scientifique rationnel et progressiste vivant au milieu d'une société décadente, narcissique aux aventures trépidantes mais un peu vaines. On peut aussi considérer que l'auteur a envisagé ce livre comme un immense moment de liberté, les lacunes historiques l'ayant conduit à renoncer au récit pur ou à l'illusion d'une continuité naturelle susceptibles de constituer une biographie romanesque. La seule oeuvre de fiction présente ici est À rebours de Huysmans, incarnation de la transgression et qui agit comme un miroir des personnes qui peuplent cet objet littéraire.
C'est une oeuvre qui se déguste comme une sucrerie que l'on s'autorise parfois. Pour le plaisir de lire l'érudition d'un auteur francophile.
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