AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de clude_stas


A Paris, le 6 avril 1820, naît Gaspard-Félix Tournachon. Vingt ans plus tard, il se nomme Nadar pour l'éternité. Dans un premier temps, journaliste, puis caricaturiste, photographe, aéronaute … c'est un homme avide à qui le hic et nunc semble trop exigu pour y séjourner. Il aime son temps, la modernité naissante, mais surtout il aime ses amis dont il tire le portrait. Plus il côtoie de célébrités (dont Sarah Bernhardt), plus il devient un homme de coeur. Un homme d'avenir. Mais le monde ne le sait pas. Pour cette raison, il le survole.
A Paris, le 25 septembre 1844, naît Sarah Bernhardt. Vingt-cinq ans plus tard, elle est surnommée « la Scandaleuse » pour la postérité. Fille sans père, elle fait tout pour attirer sur elle le regard des autres. Tuberculeuse, elle se repose très souvent dans son cercueil capitonné. Elle aime le théâtre, les auteurs de son époque mais surtout, elle aime ses amis. Jean Cocteau la baptise « le Monstre sacré ». Elle est une femme de coeur. Une femme de courage. Tout le monde le sait. Pour cette raison, elle le survole, une fois, en compagnie d'un bel officier anglais, entièrement sous son charme.
La troisième partie est consacrée à l'expérience que vit Julian Barnes lui-même, celle de la perte de l'être cher. Ainsi va la vie. Il ne veut pas la perdre mais la perd quand même. Elle le laisse seul. Et il se retrouve, tel Nadar perdu dans les airs, tel Sarah Bernhardt isolée sur scène. Mais les sentiments que suscite l'éternelle absence sont ici exprimés avec délicatesse et sensibilité, sans aucun apitoiement, tout en retenue. Il souffre. Personne ne le sait. Tout le monde le lit. L'amour nous rend plus fort, nous grandit, nous permet d'envisager la vie différemment, sous un autre angle. Là-haut, par exemple … Pourtant, toujours trop lourd, le corps retombe. A un moment ou à un autre.
Julian Barnes, que je découvre ici (merci, Sylvie, pour ce cadeau !), se révèle un grand écrivain, parvenant à mêler le particulier, l'intime et l'émotionnel à l'Histoire plus universelle. La résonance de l'expérience personnelle se traduit dans la construction de l'ouvrage : deux premières parties, plus légères, plus « aéronautiques », oserais-je dire, servent de prélude à la plongée au coeur de la noirceur de la vie. Aimer ne suffit jamais à vaincre la mort.
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}