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Critique de Presence


Ce tome est le second consacré au Punisher dans la collection Epic Collection. Il comprend 3 récits.

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The Punisher : Cercle de sang (1986, Steven Grant, Mike Zeck, John Beatty) - Punisher sort de prison et est secondé par une mystérieuse organisation pour lutter contre le crime. Les créateurs commencent à éloigner Punisher des superhéros pour un polar dur et violent, bien réussi sauf pour le dernier épisode réalisé par une autre équipe.

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Punisher (épisodes 1 à 10) - Ces épisodes sont initialement parus en 1987/1988, tous écrits par Mike Baron. Ils ouvrent la première série illimitée consacrée au Punisher. Les épisodes 1 à 5 sont dessinés et encrés par Klaus Janson qui en assure également la mie en couleurs. Les épisodes 6 & 7 sont dessinés par David Ross, avec une mise en couleurs de John Wellington et un encrage de Kevin Nowlan pour le 6, et de John Beatty pour le 7. Les épisodes 8 à 10 sont dessinés par Whilce Portacio, encrés par Scott Williams, et mis en couleurs par John Wellington. Ces épisodes s'accompagnent de l'épisode 257 de la série Daredevil, écrit par Ann Nocenti, dessiné par John Romita junior, encré par Al Williamson et mis en couleurs par Max Scheele.

Épisodes 1 & 2 - Punisher s'attaque à un bâtiment abritant un laboratoire de crack, avec un bazooka. Après son attaque, il va se recueillir devant le mur du mémorial de la guerre du Vietnam, sur lequel il retrouve le nom de Curtis Hoyle, un lieutenant sous les ordres duquel il s'est retrouvé. En remontant la filière du crack, il se retrouve prisonnier ligoté sur une chaise et torturé à la gégène. Son enquête l'emmène jusque dans une hacienda en Bolivie. Épisode 3 - Frank Castle prend un peu le vert à Marion dans le Missouri. Il se retrouve à assister à une attaque de banque, ce qui l'amène à infiltrer un groupe de suprémacistes blancs. Épisodes 4 & 5 - Frank Castle se rend dans la base de Mircochip (David Lieberman) pour lui passer commande d'un nouveau van. Il fait la connaissance de son fils Louis Frohike, surnommé Microchip junior. Plus tard, alors que Castle passe commande auprès de son fournisseur d'armes Martin, celui-ci est abattu par un individu qui ne survit pas à la riposte de Casle. Il avait dans sa poche un flyer vantant les bienfaits du révérend Samuel Smith. Cette enquête l'emmène en Guyane.

Épisodes 6 & 7 - Punisher est tranquillement chez lui dans un entrepôt à l'écart quand il entend la benne à ordures ménagères. Il sort, flingue à la main, et découvre 3 individus compactés dans la trémie. Son enquête l'entraîne sur la piste de trafiquants de matière radioactive, vendant du plutonium à des terroristes arabes et à faire équipe avec Rose Kugek, une agente du Mossad. Épisodes 8 & 9 - Punisher enquête à Wall Street sur une OPA louche et des meurtres de sans-abris. Épisode 10 + Daredevil 257 - Alfred Coppersmith s'est fait licencier du laboratoire pharmaceutique où il travaillait, suite à une automatisation des chaînes de production. Il s'est mis à empoisonner des médicaments de cette entreprise. Daredevil et Punisher sont sur sa trace, chacun de leur côté.

Après le succès de Punisher: Circle of Blood (1986) de Steven Grant, Mike Zeck et John Beatty, l'éditeur Marvel met en chantier un série mensuelle consacrée à ce personnage qui mène une guerre contre toute forme de crime, et qui exécute froidement les coupables. Il décide d'en confier l'écriture à un scénariste d'une quarantaine d'années, ayant relancé la série Flash à zéro pour DC Comics l'année d'avant. Mike Baron est essentiellement connu pour ses 2 séries indépendantes : Nexus avec Steve Rude, série rééditée en omnibus par Dark Horse, et Badger avec Jeff Buttler et Bill Reinhold. Il a écrit les aventures du Punisher dans cette première série mensuelle, pour les épisodes 1 à 44, 46 à 48, 50 à 63, 76 et les numéros annuels 1 à 4. Pour cette série, il reprend les idées directrices établies par Steven Grant : Frank Castle est un individu avec une connaissance professionnelle des méthodes combats, un militaire entraîné et costaud, mais aussi faillible et humain. Son comportement devient moins obsessionnel que la version de Grant. Dès la première histoire, le scénariste continue de s'émanciper des conventions de superhéros. Castle intervient bien avec sa tenue à tête de mort, mais il peut s'agit d'un simple gilet pare-balles avec une tête de mort réalisée à la bombe à peinture.

En outre, Punisher n'est pas cantonné à New York, pouvant aussi bien poursuivre son enquête à l'étranger (Bolivie, Guyane) que dans des villes de province. Baron reprend l'idée mise en oeuvre par Grant & Zeck, que Punisher a une vie sexuelle, même s'il ne la recherche pas activement. Dès l'épisode 4, il ajoute un personnage secondaire : David Lieberman, surnommé Microchip, ainsi que son fils dans le même épisode. Ils assurent la logistique de Frank Castle. Ce dernier devient un vigilant à la justice expéditive qui s'attaque à des trafiquants de drogue, à des manipulateurs criminels, à des suprémacistes, à des terroristes, à des tueurs occasionnels. Baron semble piocher dans la source inépuisable des gros titres et des faits divers, se tenant à l'écart des individus dotés de superpouvoirs, à l'exception de Daredevil, le temps d'un épisode. de mission en mission, le lecteur constate l'efficacité létale de Punisher, son absence d'ami, son absence de pitié pour les criminels en tout genre, sa faillibilité. le scénariste malmène son héros, que ce soit des coups sur la tête, frappés par derrière, ou même la torture avec un génératrice électrique. Il sait donner de la consistance à chaque opération criminelle, avec des détails spécifiques comme le fait que Castle retrouve des compagnons d'arme du Vietnam, un prédicateur au toucher magnétique et peut-être bénéfique, une rose poussant au milieu d'une décharge, une mystérieuse combattante des services secrets, un garde du corps japonais massif comme un sumo, un gadget destructeur à base de technologie. À chaque fois, le lecteur se laisse emporter par l'intrigue, et observe Punisher enquêter et débiter du criminel, pour une sensation cathartique très efficace.

Après le choc visuel des dessins de Mike Zeck et leur intensité (le regard fou de Castle), les responsables éditoriaux choisissent de faire appel à Klaus Janson qui avait encré, puis fini les dessins de Frank Miller sur la série Daredevil, leur donnant une apparence rugueuse et brut, y compris lors des quelques apparitions de Punisher. Il a conservé ce détourage au contour irrégulier, cette façon de rendre compte de la banalité des lieux, de la normalité des civils, et de la forme de folie qui habitent les criminels, ainsi que de la froideur de Frank Castle. le résultat est très convaincant dès le premier épisode. Même s'il utilise encore de ce de là quelques nuances de couleurs un peu criardes, Klaus Janson dépeint un monde normal assez consistant et varié, des individus plausibles avec des tenues vestimentaires adaptées et normales. Lors des scènes d'action, il reste dans un registre très descriptif, sans l'exagération malsaine de Mike Zeck, avec une saveur factuelle qui fait ressortir la froideur de Castle. Au fil des épisodes, le lecteur découvre des scènes mémorables : Punisher armé d'un bazooka pour s'attaquer à un laboratoire de crack, Punisher soumis à la gégène, Punisher perçant un réservoir d'engin de chantier, la première apparition du révérend Samuel Smith rayonnant littéralement, ou encore Vicki White s'approchant du lit de Castle en se déshabillant.

Après 5 épisodes marquants, Klaus Janson cède sa place à David Ross. Ce dernier reste dans un registre descriptif, mais plus aéré, avec des dessins moins détaillés moins abrasifs. Cette caractéristique est accentuée par l'encrage lissé de Kevin Nowlan, très sophistiqué mais pas forcément adapté à la nature du récit. L'épisode 7 est encré par John Beatty qui avait encré Mike Zeck sur la minisérie. le lecteur retrouve des expressions décalquées sur celles dessinées par Zeck, mais sans sa force narrative, sans l'impact de ses compositions. Les 3 épisodes suivants sont dessinés par Whilce Portacio, encore débutant. Ses dessins marient une approche descriptive et réaliste dotée d'un bon niveau de détails, avec la minutie, et parfois la vivacité des dessins de Jim Lee, impression renforcée par l'encrage de Scott Williams qui deviendra par la suite l'encreur attitré de Jim Lee. Portacio se montre convaincant, avec des cases plus agréables à l'oeil que celles de Janson, mais sans perdre la brutalité de ce monde, à la fois par des mouvements plus vifs, à la fois par l'encrage de Williams qui ajoute des petits traits dans les contours pour marquer les textures. Portacio est beaucoup plus à l'aise que David Ross pour représenter la violence dans ce qu'elle peut avoir de brutale ou de sadique. Là encore, le lecteur ressort de ces 3 épisodes avec des images mémorables en tête : Castle en faux agent fédéral, le garde du corps japonais massif, le dispositif à crochet perforant monté sur une planche à roulette, les coups échangés entre Daredevil et Punisher.

L'épisode 10 et l'épisode 257 de Daredevil racontent la même histoire, mais du point respectif de chaque héros. La coordination entre Mike Baron et Ann Nocenti est exceptionnelle. le lecteur découvre d'abord la version du Punisher, avec sa volonté de mettre définitivement hors d'état de nuire un individu devenu toxique pour la société. Frank Castle est partisan d'une justice expéditive et définitive, punissant les criminels, prévenant toute possibilité de récidive. Puis il découvre la position de Matt Murdock, défendant une société imparfaite, mais avec des règles et un appareil de justice constitué, nécessaire même s'il est perfectible. L'odieux criminel de l'épisode du Punisher acquiert une épaisseur avec le portrait qu'en dresse Ann Nocenti, laissant au lecteur la responsabilité de la faire la part entre une exécution cathartique, et la mise en oeuvre d'une justice qui reconnaît l'imperfection des êtres humains. Une confrontation d'idéologie intelligente et pertinente.

Mike Baron réussit sa mission de créer les spécifications d'une série mensuelle dédiée au Punisher, un individu tuant sans remord, et évoluant dans un monde sans superpouvoir (ou presque). Il mérite sa place dans l'histoire du Punisher, après Gerry Conway, John Romita senior et Ross Andru qui ont créé le personnage en 1974, Steven Grant & Mike Zeck qui lui ont insufflé une épaisseur tragique en 1986. Prochain créateur majeur dans le développement du Punisher : Chuck Dixon en 1992.

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The Punisher in Assassin's Guild (Jo Duffy & Jorge Zaffino , 1988) - Punisher se retrouve impliqué dans une série d'assassinats commis par des individus appartenant à une guilde asiatique. Jorge Zaffino dessine un Punisher minéral très inquiétant, sur la base d'une intrigue reprenant les ingrédients de Circle of Blood, sans son intensité maniaque. 3 étoiles.
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