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Critique de LightandSmell


« Un suspense qui a figuré sur la liste des best-sellers du New York Times » le danger avec ce genre d'accroche, c'est de susciter certaines attentes. Or, du suspense, je n'en ai pas ressenti particulièrement sauf au début, ayant trouvé que Lisa Barr tournait en rond et avait tendance à diluer l'intrigue pour justement, sans succès, créer du suspense. de la tension, par contre, oui, il y en a ! Et c'est ce que je préfère retenir de ce roman qui, malgré quelques défauts, m'a tenue captive jusqu'à la fin.

L'autrice nous plonge dans une scène d'ouverture qui donne envie d'en apprendre plus sur les protagonistes, la situation et le déroulé des événements qui a pu amener au retournement de situation auquel on assiste. Cela tombe bien puisque c'est ce qu'elle nous propose tout au long de ce thriller qui met en avant brillamment un sujet passionnant bien que révoltant : le pillage des oeuvres d'art par les nazis. Un pillage méthodique et de grande ampleur permettant, entre autres, de financer la machine nazie ! Bien que l'aspect financier de cette entreprise de spoliation soit important, l'autrice nous propose ici d'en aborder la dimension humaine à travers un personnage que j'ai trouvé terriblement émouvant.

Ellis Baum, homme âgé gravement malade, ne souhaite qu'une chose avant sa mort : retrouver La Femme en feu, dernière toile du peintre Ernst Engel volée il y a 75 ans par les nazis. Si le vieil homme le recherche, c'est avant tout parce que sa mère, lâchement assassinée après avoir été humiliée, a servi de modèle au tableau, et ce que celui-ci représente le seul moyen pour lui de partager un peu de son passé avec les siens. Un passé qu'il a sa vie durant caché, même à sa propre famille, transformant l'horrible vérité en une histoire de self-made man dont les Américains sont si friands. Mais hélas pour Ellis, le tableau vaut une fortune et il n'est pas le seul à le vouloir… Il pourra heureusement compter sur l'aide de différentes personnes : son amant de toujours, son grand ami le journaliste Dan Mansfield, la jeune journaliste Jude Roth, et Adam, son petit-fils préféré et grand artiste qui a pris de la distance avec le monde de l'art.

Mais cette équipe plurielle et complémentaire sera-t-elle suffisante pour faire face à la brillante et déterminée Margaux de Laurent ? Cette galeriste de renom semble, en effet, prête à tout, et même au pire, pour protéger son héritage, son nom et garder la mainmise sur le trésor de guerre qu'elle a dérobé, contenant, entre autres, La Femme en feu. Un tableau qui a un lien avec la seule personne qu'elle ait jamais aimée, son grand-père. Si j'ai trouvé Ellis touchant, bien que parfois égoïste par les sacrifices qu'il demande de faire à ses proches pour atteindre son ultime souhait, j'ai été fascinée par Margaux de Laurent. Cette femme est sans coeur, égocentrique, manipulatrice, dangereuse, et amorale, mais on ne peut pas s'empêcher d'attendre avec impatience de découvrir ses coups tordus et autres machinations. Elle ressemble à un cobra prêt à frapper à tout moment, qu'on ne peut pas lâcher un seul instant du regard sans en subir les conséquences.

Face à une antagoniste d'une telle envergure, l'autrice peine à proposer des héros aussi fascinants, d'autant qu'elle tombe dans une pseudo romance dont les prémices m'ont fait lever les yeux au ciel. On va dire que vu le contexte, les « il est trop beau, je ne peux pas le quitter des yeux » m'ont quelque peu déconcertée et sortie de ma lecture. C'est le seul vrai point faible du roman, mais il est de taille. J'ai eu l'impression que ces sentiments naissants étaient destinés à engendrer un certain sentiment de jalousie chez l'un des personnages le rendant encore plus dangereux, raviver des insécurités chez un autre, et donner de la force à un troisième, mais j'ai trouvé ça lourd et inutile…

J'ai néanmoins aimé la détermination de Dan, un journaliste d'investigation relégué après un terrible accident derrière un bureau, mais qui continue à faire ce qu'il aime et à le faire bien. J'ai apprécié qu'il donne sa chance à Jude, une jeune femme qui a fait une entrée fracassante dans son bureau et qui se révèlera pleine de ressources. Jude m'a épatée par son passé démontrant chez elle une vraie force de caractère et une réelle vocation de journaliste. J'ai, en outre, apprécié sa détermination, son sens de l'initiative, l'amour qu'elle porte à sa mère, mais j'aurais aimé qu'elle réfléchisse un peu plus avant d'agir, car son côté impulsif ne sera pas sans conséquence pour les autres. Quant à Adam, il est touchant même si je ne suis guère sensible au stéréotype de l'ex-artiste torturé… Je dois néanmoins reconnaître avoir été émue par sa relation pleine de tendresse avec son grand-père, qui va enfin s'ouvrir à lui en lui révélant ses secrets.

L'enquête en elle-même est passionnante, nous emmenant dans différents pays et nous faisant revivre à travers l'histoire d'Ellis et de Margaux, un pan difficile de l'Histoire mondiale. Elle nous permet également de réaliser les enjeux financiers autour des oeuvres d'art volées par les nazis. Sans insister lourdement, l'autrice rappelle d'ailleurs que certains pays sont moins prompts que d'autres à réparer les injustices du passé, et nous conduit à une réflexion plus globale autour de la place des oeuvres d'art volées par les nazis dans des musées. Au-delà de cet aspect, ce qui fait, pour moi, l'attrait de cette enquête est la tension que l'on ressent à se mesurer à une personne telle que Margaux de Laurent, qui semble toujours avoir un coup d'avance sur tout le monde. Ainsi, plus on s'approche d'elle, plus on a peur de se brûler les ailes !

En conclusion, La Femme en feu plaira aux personnes appréciant les romans sous tension, Lisa Barr, à travers une antagoniste qui fait froid dans le dos, poussant les protagonistes et les lecteurs dans leurs retranchements. L'angoisse monte à mesure que l'enquête sur les traces d'un tableau, volé par les nazis il y a 75 ans, progresse et nous conduit vers une inéluctable et brutale confrontation… Auréolé d'une belle dose de tension, un thriller implacable qui lie petite histoire et grande Histoire et nous rappelle que si l'art est à tout le monde, il a été et est toujours source d'un important trafic financier !
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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