AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Polybe


Il y a en fait deux histoires dans ce roman. La première raconte l'épopée de deux jeunes garçons pauvres, dont un Irlandais de Sligo ayant fui dans des conditions épouvantables la famine dans son pays, qui s'engagent dans l'armée, participent aux guerres indiennes puis à la guerre de Sécession, qu'ils terminent dans la sinistre prison d'Andersonville. Et cette première histoire est très bien traitée. Je ne dirai pas qu'elle est agréable à lire, parce qu'elle est remplie de pures horreurs, mais c'est très bien fait et parfaitement crédible. La seconde raconte l'histoire d'amour entre les deux protagonistes, qui vont en venir, par le caprice des évènements, à adopter une jeune indienne et là, comment dire cela gentiment, disons que l'auteur choisit un point de vue moderne et militant qui est totalement anachronique. le côté oh regardez comme c'est sublime ce couple d'homosexuels qui va adopter une jeune indienne, et tout se passera merveilleusement bien, sans aucune intolérance ni question déplacée ni aucune question du tout d'ailleurs, y compris de la part du rude soldat qui les accueille dans sa ferme et trouve tout naturel qu'ils dorment dans le même lit, y compris de la part des charmants domestiques noirs du vieil homme, y compris quand l'un des deux, en proie à des questions de genre, se promène en robe à la maison et demande à être appelé Madame, m'a paru totalement hors sol, si on parle bien de l'Amérique de 1870. D'ailleurs à aucun moment dans le roman, les deux protagonistes ne sont confrontés à la moindre homophobie, ni même au moindre quolibet. Cela n'existe pas. le racisme tant que vous voudrez, mais l'homophobie fi Monsieur vous n'y pensez pas. Tous les spectateurs qui assistent à leurs spectacles de travestis sont tous enthousiastes et ravis, alors qu'il s'agit de rudes mineurs qui savent pertinemment qu'ils regardent des hommes déguisés. Non, non : unanimement ils trouvent cela merveilleux et ils sont transportés par la grâce et la poésie du spectacle. de la même manière alors que très jeunes garçons nos héros sont embauchés par un tenancier de salon pour se déguiser en filles et faire danser les mineurs, ce qui est un fait historiquement avéré, tous les rudes mineurs se comportent en parfaits gentlemen et jamais aucun ne se permet une plaisanterie ou un geste déplacé. de qui se moque t'on là ? le parti pris est tellement outré qu'il en devient ridicule.
Du coup on se retrouve un peu gêné parce que le roman oscille entre des passages parfaitement crédibles et réalistes et une sorte d'histoire bien pensante et feelgood au pays de Mickey.
Ce n'est pas un mauvais livre, loin s'en faut, mais dans un genre assez similaire, guerre et travestissement, je conseillerais plutôt le très bon Neverhome de Laird Hunt, qui réserve en plus dans ses dernières pages une mise en abime vertigineuse qui oblige à reconsidérer la véracité d'une partie de ce qu'on a lu.

Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}