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4,07

sur 304 notes
Cet étonnant western m'a surprise de bout en bout par sa façon très singulière d'explorer les fondements de la nation américaine ( l'émigration et la dispersion d'un peuple sur des terres inhospitalières , la guerre de Sécession et le génocide amérindien ) jusqu'à construire une méditation profonde sur la notion d'identité nationale.

Le héros est un tout jeune Irlandais qui a traversé l'Atlantique, déterminé à se forger une nouvelle vie, en Amérique, après le choc traumatique de la Grande famine qui a décimé sa famille. Il atterrit dans le Missouri à la fin des années 1840. Tour à tour danseur travesti dans un saloon pour mineurs en manque de femmes, soldat dans l'armée américaine pour exterminer les Amérindiens, soldat dans l'armée unioniste, on colle aux pas de ce personnage incroyablement souple et mobile. Sa narration est terriblement propulsive, très chargée aussi, hantée par les cris de la guerre civile et des carnages d'Amérindiens, traversée par une nature sauvage et punitive ( très proche d'un Cormac McCarthy dans ce registre ) qui abat sur les hommes faim, canicule, fièvre jaune, inondation et pluie verglaçante. Certaines scènes sont saisissantes, pas tant par la violence décrite, réelle, mais par la puissance de leur clarté à la retranscrire en flairant le banal dans l'apocalyptique, et inversement. Les descriptions de combat au corps à corps sont ainsi souvent dérangeantes mais jamais gratuites.

Le roman est tout aussi inattendu par le choix d'un personnage principal homosexuel, revêtant avec bonheur une tenue féminine en temps de paix tout en cochant toutes les cases des stéréotypes virilistes du guerrier lorsque le clairon retentit. Qui plus est lorsqu'avec John, son amoureux rencontré à l'adolescence dans le saloon, ils « adoptent » une fillette sioux. Cette fluidité des genres tout comme cette redéfinition de la famille respirent l'anachronisme, et pourtant, on y croit tellement tout est rupture, refonte, plasticité dans ce pays mouvant dévasté par la convoitise des frontières et l'anarchie. On y croit à cette famille de substitution dans ce pays fracturé peuplé de figures spectrales et de quasi squelettes affamés errants à la recherche d'un lieu pour se poser et être heureux.

La potentielle lourdeur des symboles est miraculeusement allégée par la sincérité de la voix de Thomas, exceptionnel narrateur avec son éloquence verbale bien au-dessus de celle à laquelle on s'attendrait. Elle surprend par sa simplicité pleine de sagesse et sa candeur juvénile, questionne et charme. La prose de Sebastian Barry est souvent éblouissante, notamment lorsqu'elle se pare d'accents lyriques qui rendent hommage à la somptuosité de la nature qui force l'admiration.

« le souffle de nos trois cents chevaux forment une brume qui s'élève dans la fraicheur de novembre. Leurs corps chauds fumaient sous l'exercice. On avait ordre de rester en formation mais les vieux séquoias nous laissaient pas faire. Ils nous écartaient comme si c'était eux qui se déplaçaient. On aurait pu attacher jusqu'à cinquante chevaux au tronc de certains. Les oiseaux d'Amérique, toujours étonnants, piaillaient d'un arbre à l'autre et faisaient tomber des myriades de gouttes de givre depuis les cimes. de temps en temps, on entendait un crépitement comme un tir de mousquet. Les arbres avaient pas besoin de nous. Ils faisaient leurs petites affaires. Nous, on était bruyants, avec notre harnachement, nos éperons, nos sacoches qui se heurtaient et s'agitaient, les sabots de nos chevaux qui frappaient le sol. Pourtant, les soldats parlaient à peine, on chevauchait sans un mot, comme si c'était une chose entendue. Alors que c'était les arbres qui nous réduisaient au silence. »

Mais ce qui charme le plus, malgré les atrocités qui traversent le roman, c'est son optimisme presque joyeux. Contrairement au couple condamné de Brokeback Mountain, l'homosexualité de Thomas et John n'est pas un drame, c'est un recours pour survivre aux remous de la vie. Aux fracas de l'extérieur, répond le calme quasi sacré de l'intériorité d'un couple qui s'aime tendrement, avec pudeur, et puis c'est tout.
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Le jeune Thomas McNulty a fui la Grande Famine irlandaise dans l'espoir d'une vie meilleure en Amérique. Aux côtés de celui qui est devenu son inséparable compagnon, John Cole, il endosse la tunique bleue et combat les Indiens dans les grandes plaines de l'Ouest, se travestit en femme pour chanter dans un cabaret, puis s'engage dans l'armée de l'Union pendant la guerre de Sécession. Et aussi, comme pour conjurer la violence qui les cerne, John et lui adoptent une fillette sioux après le massacre de tous les siens.


Les westerns modernes n'ont heureusement plus grand-chose à voir avec ceux des années trente à cinquante. Terminé le mythe des gentils et virils cow-boys confrontés à la cruauté des sauvages indiens. D'abord, en un hommage au fils gay de l'auteur, c'est un couple homosexuel qui, évoqué avec une pudeur et une délicatesse contrastant singulièrement avec les violences induites par les guerres et par la prévalence de la loi des armes en cette période de l'histoire américaine, joue le rôle principal dans cette vaste fresque. Et puis, Indiens, soldats et colons se retrouvent emportés, la plupart du temps bien malgré eux à leur petit niveau, dans une spirale infernale où s'enchevêtrent inextricablement, jusqu'à leur faire perdre toute raison, misère et famine, peurs et représailles de plus en plus terribles. Dépassés et impuissants, Thomas et John constatent amèrement que nul autour d'eux n'échappe au processus de pourrissement qui transforme peu à peu les protagonistes les plus raisonnables en incontrôlables bêtes fauves.


Alors que les massacres entre colons et indiens ne concernent déjà plus que les territoires les plus occidentaux d'Amérique, c'est bientôt le Nord et le Sud qui s'empoignent à leur tour dans un nouveau carnage dont les enjeux passent encore par dessus la tête des simples soldats employés comme chair à canon. Toujours, le regard et le bon sens paysan de Thomas traduisent en mots simples et imagés la nécessité de suivre le mouvement et de tenter de survivre, souvent tout court, parfois le moins mal possible. Et l'on demeure saisi par tant d'instinctif à-propos, exprimé avec une innocence et une sincérité encore amplifiées par la langue un peu frustre de cet homme condamné depuis la naissance à une existence des plus humbles.


Ce naturel contribue pour beaucoup à l'attachement du lecteur pour ce couple étonnant de courage et d'humanité, qui, en adoptant une fillette sioux après avoir contribué à l'extermination de sa tribu, relègue par ailleurs définitivement tout manichéisme loin de ces pages en permanent clair-obscur. Aussi brutal soit leur contexte, les personnages parviennent à y préserver, chaque fois que possible, ces tranches de bonheur qui donnent malgré tout son prix à leur vie.


Une grande réussite donc que ce roman plein d'aventure et d'émotion, écrit à la hauteur d'un humble émigré irlandais jeté dans le chaudron d'une jeune Amérique en ébullition. L'on retiendra incidemment que les Amérindiens ont de tout temps considéré l'existence d'hommes à tendance féminine et de femmes à tendance masculine, portant au moins à quatre le nombre de genres humains.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Quel drôle de bon bouquin !
Ce récit nous propose une fresque historique dans l'Amérique des colons, à une époque où les frontières n'ont pas encore été dessinées, un récit qui commence environ 40 ans avant "Little big Horn" et Custer.
Une fresque car le parcours vécu par le narrateur est une synthèse d'à peu près tout ce que l'on pense connaître de l'histoire des Etats-Unis.
Il y a d'abord le sort des immigrants, souvent pauvres et ne comptant pour rien aux yeux des nouveaux américains, il faudra une volonté énorme et de la chance pour survivre, le destin ne tient souvent qu'à une rencontre décisive.
Thomas va nous raconter sa rencontre avec Cole, sa participation aux guerres indiennes, à la guerre de sécession, il va nous parler de l'esclavage et de la folie de ce monde d'alors ou la vie ne tenait souvent qu'à un fil.
Ce qui va cependant rendre cette histoire extraordinaire tient à la personnalité du narrateur, elle est aux antipodes de l'image que l'on se fait du cowboy viril et crasseux. On peut parler de contre pied voire d'anachronisme car Thomas et son "galant" John Cole sont homo.
Autant dire qu'ils ne se trouvent pas au bon endroit au bon moment et pourtant l'histoire de cette destinée est parfaitement crédible, bravo à l'auteur d'avoir trouvé cette note et ce tempo.
Le style narratif est à la première personne et sans aucun dialogue autre que ceux évoqués par Thomas. Il y est question d'atrocités, de celles que l'on commet car il faut bien obéir aux ordres, mais aussi de repentance et d'espoir. Ce qui m'a frappé dans ce récit, c'est cette conscience de la brièveté de la vie et la façon dont elle est sous entendue toujours.
Le personnage principal semble veiller en permanence sur une flamme de bougie vacillante, sa vision du monde est belle dans sa simplicité car il sait exactement de quoi dépend son bonheur et j'ai beaucoup aimé sa lumière intérieure. Beaucoup aimé aussi ses observations de la nature humaine et de la nature tout court.
La galerie des personnages de ce roman est sublime de représentativité, ni anges ni démons, ils sont tous ou presque un mélange de férocité et de bienveillance, deux faces d'une même pièce qui s'expriment selon les aléas de la vie. Parmi tous ces personnages j'ai été particulièrement ému par Winona qui est à mon sens le personnage symbolique de ce roman.
Il me reste à parler du style plutôt "familier" et qui m'a un peu étonné au début, mais qui se révèle finalement bien adapté au récit et à l'instruction supposée du narrateur.
A l'arrivée c'est probablement le western le plus atypique que vous lirez un jour mais c'est aussi une belle expérience de lecture.
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Thomas McNulty a traversé l'Atlantique pour fuir la famine et la misère de son Irlande natale. Jeune adolescent, sa route croise par hasard celle du beau John Cole. Quitte à errer, autant le faire à deux. À Daggsville, ils se font embaucher comme jeunes danseurs travestis en femmes devant des mineurs la plupart du temps avinés. Chaque soir, pendant deux ans, ils ont tourbillonné et virevolté sur la piste. Mais, leurs corps changeants, ils n'ont eu d'autre choix que de troquer leurs robes à froufrous contre une tunique bleue. Engagés volontaires, les deux adolescents prirent la direction des grandes plaines de l'ouest où l'ennemi commun aux Anglais, aux Irlandais ou encore aux Espagnols, l'Indien, tombera sous leurs balles. Mais bientôt d'autres combats les attendront tous avec la Guerre de Sécession...


Sebastian Barry s'est inspiré du destin d'un arrière-grand-oncle, dont la magnifique photo orne la couverture, pour nous raconter l'histoire de Thomas McNulty et de John Cole. Il nous livre un roman épique, au souffle romanesque où se côtoient la mort, les guerres, la violence, la misère, la famine mais aussi l'amour. L'amour que se porte Thomas et John, un lien indéfectible, à la fois puissant et pudique dans une Amérique puritaine. Thomas, le narrateur, décrit tout à la fois les combats sanguinaires, les massacres des Indiens, la rage et la haine qui peuvent habiter certains soldats, l'absurdité de la guerre mais aussi la bonté et la générosité de certains hommes, la splendeur d'un paysage ou d'un soleil couchant. le ton employé se révèle parfois détaché, candide ou encore innocent, ce qui n'empêche pas d'imaginer les pires horreurs. Un roman puissant, intimiste, à la fois grave et poétique. Une épopée lyrique habitée par d'inoubliables personnages.
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" On était des pestiférés .
Des humains faits rats, la faim ça vous prend tout."
Voici une fresque grandiose où abondent les questions existentielles qui oscille entre récits de guerres effroyables et soirées animées où les protagonistes sont déguisés dans un saloon pour mineurs un peu avinés ...ils se travestissent en femmes pour des spectacles....
L'auteur imagine les mémoires de Thomas Mc Nulty, un orphelin irlandais fuyant son pays , traversant l'Atlantique afin d'échapper à la famine : "le Canada avait peur de nous, la faim ça vous prend tout, alors on était plus rien...."s'engageant du côté de l' Union dans la guerre de Sécession.
A travers la société de 1850 , au coeur du récit écrit à la premiére personne, Thomas décrit comment il vivait son quotidien : son corps livré à la faim, au froid parfois à une peur abjecte et insondable...sa quête d'identité sexuelle .
Sa rencontre avec John Cole, un "copeau d'humanité " comme lui, son amant, son amour : "John Cole était mon amour, tout mon amour ètait pour lui..."est pour lui une révélation , et les souffrances s'éloignent ....
L'auteur conte la violence de l'Histoire dans une Amérique parcourue de plaines immenses, de bisons et d'ardentes mêlées ou tour à tour John et Thomas combattent les Indiens des grandes plaines de l'ouest .
L'écriture simplifiée comme une épure ressemble à un tableau fort, coloré , puissant , on marche avec Thomas et John en quête d'un toit pour la nuit , dans un beau vacarme où les voilà obligés , malgré eux , à " aller tuer de l'Indien " .
Un ouvrage au côté épique et romanesque, de toute beauté , naturel, à la fois intime et universel qui se double d'une réflexion sur des destins contrariés des familles irlandaises, l'amour, l'arrachement à un pays et la capacité d'un peuple migrant prêt à résister à tout , en plus de l'attachement à ce qui vaut la peine d'être vécu dans une existence âpre et passionnée.

(Le visage du héros : l'arrière grand- père de l'auteur figure sur la couverture du livre .)

Traduit de l'anglais ( Irlande) par Laetitia-Devaux.
Encore un beau roman Irlandais !


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C'est une histoire de cow-boys et d'Indiens, vraiment pas ce qui m'attire, et pourtant quel roman magnifique ! L'exemple même du chef d'oeuvre à côté duquel je serais passée, sans les chronique élogieuses d'amis Babeliotes (soyez en remerciés !).
Thomas McNulty (le narrateur) et le beau John Cole se rencontrent alors qu'ils sont des adolescents qui vagabondent dans le Missouri du milieu du XIXe siècle. Après avoir été danseurs dans un saloon, ils s'engagent dans l'armée et combattent les Indiens, puis les Confédérés. Au gré de leurs aventures, il finissent par former une famille déroutante pour l'époque (on n'est pas chez Laura Ingalls). Mais le bonheur est une chose fragile en temps de guerre...

Un tel résumé est bien réducteur, tant ce roman est multiple : c'est avant tout une belle histoire d'amour entre deux hommes, racontée sobrement et de la façon la plus naturelle du monde. C'est aussi une sacrée épopée qui retrace la fondation des Etats Unis, avec ces milliers d'Européens miséreux et affamés qui rêvaient de terre promise, et qui ont finalement contribué à exterminer les Amérindiens. C'est enfin une oeuvre d'une pureté et d'une poésie délicieuses, ponctuée de réflexions existentielles qui remuent : "Il dit que quand on regarde le passé, la vie est allée très vite, même si sur le moment, ça lui avait semblé très long."
En à peine 300 pages denses et intenses, Sebastian Barry recrée un western plus proche de la réalité que ceux de John Wayne : certes, on traverse des plaines brûlées par le soleil et on croise des troupeaux de bisons, mais on est surtout plongé dans la boue, la poussière, la pluie, la terre imbibée de sang, et surtout on ressent la faim, la faim, la faim. Cependant, le ton est doux et soyeux, porté par la grâce de Thomas McNulty, sa fraîcheur, sa spontanéité, son immense amour pour son "galant", et malgré la dureté des faits relatés, la lecture reste aérienne et envoûtante.

Tout est parfait dans ce roman, l'auteur a atteint le juste équilibre entre la structure narrative et les différentes thématiques abordées, l'aspect documentaire et les réflexions déchirantes, la romance inouïe et l'écriture à la candeur maîtrisée. J'applaudis des deux mains.
Typiquement le genre de lecture que l'on aimerait savoir sans fin.
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Quand deux solitudes se rencontrent et s'enchantent...
Exactement ce qui arrive à Thomas McNulty, l'immigré orphelin Irlandais et narrateur des Jours sans Fin et John Cole, l'américain loqueteux, alors qu'encore adolescents en cette moitié de 19e siècle américain chacun traîne sa misère de son côté.

De cette rencontre naîtra des aventures régentées par la faim, l'absence de foyer salubre et la recherche de vêtements décents qui entraîneront des situations parfois burlesques (quand tout de robes et perruques vêtus, ils remplaceront des danseuses de cabaret histoire de continuer à faire tourner le tripot en l'absence de ces dames) souvent horribles (guerre de Sécession, massacre d'Indiens...) mais invariablement racontées par Thomas sur le même ton bienveillant, ne semblant jamais s'émouvoir de rien sinon de la vie et de la santé de son beau partenaire.
Chacun prenant soin de l'autre et n'existant que pour lui, ces deux-là traversent le pire de l'Amérique en construction sans montrer la moindre inquiétude face aux dangers qui les menacent en permanence.
Et ils ont eu raison. Non seulement ils vont se sortir (parfois in extremis) de toutes les situations périlleuses auxquelles ils vont être confrontés mais n'hésiteront pas à adopter une petite Indienne orpheline pour ainsi former une famille aussi atypique qu'attachante dans l'Ouest sauvage dont sont faites les légendes.

De l'Histoire, des aventures, de l'amour, le Far West, tout est bon dans le roman de Sebastian Barry mais de mon point de vue, le succès des Jours sans fin vient incontestablement du personnage de Thomas qui, ayant gardé sa robe de ginchard, se travesti à nouveau sur la route de l'Ouest afin de traverser des régions malfamées et ainsi passer avec John Cole et leur fillette pour une simple petite famille ralliant de nouveaux territoires et la promesse d'une vie nouvelle, puis le danger passé renfilant parfois cette robe pour plus aucune raison du tout, pour décider finalement de ne plus jamais s'habiller autrement qu'avec des atours féminins.
Et le récit qui est fait de ces évènements précis coule tellement de source, tout semble si naturel et instinctif, à aucun moment Thomas qui a combattu courageusement dans les pires batailles du 19e siècle n'est montré comme perverti ou déviant ou je ne sais quelle autre idiotie.
Un livre qui remue, qui nous embarque avec un Sebastian Barry en capitaine de navire qui nous mène où il veut et qui, s'emparant d'un sujet cruel et difficile nous le restitue beau et fabuleux.
Une réussite.
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Le Far-West comme si vous y étiez, les plaines de l'Ouest américain, les pionniers, les indiens, les bisons, les tuniques-bleues, mais aussi la guerre, le froid, la faim et surtout le bruit et la fureur des hommes.

Une époque sauvage dans un pays sauvage que même Dieu semble avoir abandonné.

Avec « Des jours sans fin », nous sommes très loin du roman national et familial. Sébastian Barry, qui a l'assurance des grands écrivains, nous raconte la vie de Thomas McNulty, jeune émigré irlandais et de John Cole un vagabond d'à peine seize ans venu de Nouvelle-Angleterre.

Pour eux ce sera à la vie, à la mort. Ils vont devenir danseuses de saloon pour des chercheur d'or esseulés, chasseurs de bisons, militaires contre les indiens, Tuniques bleues contre les confédérés, cultivateurs de tabacs dans les Tennessee. Mais surtout ces deux-là vont s'aimer tendrement et follement. Dans le chaos de cette deuxième moitié du XIXe siècle, deux hommes, deux coeurs simples cherchent à vivre tout simplement.

"La Bible a pas été écrite pour nous, ni aucun livre. On est peut-être même pas des humains, puisqu'on rompt pas le pain céleste. Pourtant, si Dieu essayait de nous trouver une excuse, il pourrait invoquer cet étrange amour parmi nous. C'est comme quand on cherche dans l'obscurité, qu'on allume une lampe et que la lumière vient à notre rescousse. On découvre des objets ainsi que le visage d'un homme qui est pour vous comme un trésor déterré. John Cole. Une sorte de nourriture."

Le texte est d'une beauté fracassante, l'écriture limpide nous emporte, nous sommes avec Thomas le narrateur et jamais nous ne le quitterons.

Un magnifique roman où il est aussi question de mariage gay, d'adoption et du droit à l'indifférence, si, si tout cela aux alentours de 1860 entre la Californie et le Mississipi.

Il y a de « Little big man » d' « Impitoyable » de « Soldat bleu » mais aussi du désir d'une petite maison dans la prairie repeinte aux couleurs arc en ciel.

Un roman à lire absolument , comme du reste, absolument tous les romans de Sebastian Barry.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je ne vais pas y aller par quatre chemins j'ai été déçue par cette lecture.

D'abord j'ai été gênée par l'écriture. Je l'ai trouvé étouffante et peu aérée. Ce n'est pas la première fois que je lis un livre qui tient plus du langage oral que de l'écrit et d'habitude ça passe tout seul. J'adore ça même ! Mais là, ça n'a pas pris : l'écriture ne m'a paru ni fluide ni naturelle. Ce qui fait que j'ai passé mon temps à buter sur certaines phrases et à les relire. Fatalement le plaisir de lecture s'en ressent.

Pour le reste mon ressenti peut se résumer en une seule phrase : le manque de profondeur. Il apparaît sous différentes formes ; beaucoup de sujets sont abordés mais ils sont juste survolés. Nous ne savons rien de John Cole, rien du passé de Winona. Il y a quelques flash-back de la vie de Thomas en Irlande mais très disséminés et peu précis. Je n'ai pas réussi à m'attacher réellement à ces personnages qui me sont restés trop étrangers.

Le contexte historique est abordé par à coup et sans précisions. On traverse l'histoire des Etats-Unis au pas de course : extermination des indiens, guerre civile, ségrégation, homosexualité, esclavage,… sans jamais rien approfondir réellement. Si vous avez les références tant mieux sinon tant pis. Désolée mais même quand on s'y retrouve et que l'on comble les vides c'est désagréable.
Le fait que Thomas et John puissent vivre leur histoire sans heurts ne me paraît pas convainquant. A aucun moment ils ne sont maltraités, menacés, alors qu'à l'époque l'homosexualité n'était absolument pas envisageable !
De même l'attachement de Winona à ces deux hommes ne me semble pas non plus crédible. Comment cet attachement a bien pu naître ? Cela se fait trop facilement pour une enfant arrachée à son peuple et à sa culture, qui plus est par des hommes en uniforme exactement comme ceux dont elle s'éprend. Ce sont quand même ces soldats qui ont massacré les siens. Ces ellipses dans le récit m'ont beaucoup gênée et l'histoire m'a complètement échappée, devenue pour moi pas très crédible. Puis j'ai eu l'impression que ça manquait de subtilité seuls quelques passages poétiques m'ont permis d'aller jusqu'au bout telle une bouée de sauvetage.

Une chose est réellement approfondie : l'auteur s'attarde longuement sur la vie de soldat et là je me suis ennuyée : mais pourquoi me donnait autant de détails sur la vie quotidienne et rien sur le reste qui me paraît tellement essentiel? Mais où il veut en venir bon sang ?! Et bien je ne sais pas. Ce livre et moi c'est une rencontre ratée.
A la fin de ma lecture j'ai une impression de vide. L'histoire aurait pu… si... dommage….et puis ça m'énerve…
Conclusion : ce n'était tout simplement pas pour moi contrairement aux apparences.

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Sebastian Barry, je l'ai découvert il y a quelques mois à peine avec le percutant (selon mes critères ) « le testament caché » qui m'avait marqué par le destin tragique de Roseanne…
Cette fois-ci, changement radical de registre puisque l'auteur nous emmène aux Etats-Unis au dix-neuvième siècle.
Comme beaucoup d'irlandais, Thomas a émigré aux Etats-Unis en espérant y trouver un meilleur avenir que les siens qui ont été décimés par la grande famine.
Pour survivre, Thomas va tour à tour être danseur travesti, soldat que ce soit lors des guerres contre les indiens (nous sommes dans les années 1850 ) puis plus tard, soldat dans l'armée de l'Union lors de la guerre de Sécession.
Avec son ami et compagnon John Cole, il va vivre des choses terribles et il nous décrit sans concession le massacre des tribus indiennes…
Ce roman m'a un peu rappelé le grand film de Kevin Costner » Danse avec les loups », même si l'histoire est différente.
Je n'ai percuté que vers la moitié de ma lecture au sujet du nom de famille du narrateur : en effet Thomas McNulty. Dans le testament caché, Roseanne se nomme aussi McNulty….. Une lointaine parenté doit donc exister entre ces deux personnages….
Je viens de gagner via une masse critique de Babelio » Des milliers de lunes » , qui raconte l'histoire de Winona, la fille de Thomas et John…J'avoue que je suis assez pressée de découvrir cette suite…
Une belle lecture, qui ne peut pas laisser indifférent, au vu des thématiques abordées….

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