« Les incandescentes » Élisabeth Bart
Un penseur est une personne qui passe une partie de son existence à s'interroger sur le sens des choses et des événements.
Élisabeth Bart s' intéresse dans ce livre à 3 penseuses européennes : la française
Simone Weil, l'italienne
Cristina Campo et
l'espagnole Maria Zamprano.
Dans son premier chapitre, elle montre ceux qui les unit en particulier les nombreuses références à Antigone, emblème de la femme qui accepte le sacrifice de sa vie pour défendre son idéal de justice.
Dans les chapitres suivants, elle analyse la pensée de chacune. L'union de la poésie et de la philosophie pour
Maria Zambrano, l'imagination et l'attention pour
Simone Weil et
Cristina Campo. Il est bien difficile de résumer un livre d'analyse, d'en tirer une synthèse sans risquer d'en omettre toutes les subtiles nuances. Disons seulement qu'à travers la pensée de ces trois femmes, Élisabeth Bart oppose la métaphysique moderne qu'elle appelle la métaphysique du management (devons nous comprendre une philosophie utilitariste?) à la métaphysique du don gratuit voire même une mystique de la souffrance (là, je dis attention danger ! le dolorisme n'est-il pas la pire des hérésies chrétiennes?).
Cette philosophie de l'abandon total et inconditionnel à un Dieu d'amour amène à une « jouissance surnaturelle » laquelle n'a pas d'équivalent dans le domaine naturel des sens y compris le plaisir sexuel.
Au passage, l'auteur ( ou auteure ? Accepterait-elle le néologisme?) écorne un tantinet le féminisme moderne qui promeut l'égalité de pouvoir entre hommes et femmes. Elle fait justement observer que les trois femmes citées n'ont jamais désiré le pouvoir. « Les incandescentes brûlent d'une plus haute lumière » précise-t-elle.
Il faut lire ce livre qui constitue une extraordinaire ouverture vers un monde de pensées boudé par maints éditeurs et médias. Outre son originalité, il s'avère relativement facile à lire en ce sens que l'auteur (e) s'abstient de jargonner dans ce que
Molière appelait « un pompeux galimatias et un subtil babil » un peu trop fréquent dans les ouvrages de philosophie modernes.