Belle étude d'
Elisabeth BART concernant l'oeuvre de trois penseuses du 20 ème siècle (
Simone Weil,
Maria Zambrano et
Cristina Campo), portant sur les correspondances de la
poésie, de la philosophie, et de la religion dans le sens mystique du terme.
Les points de rencontre de ces trois écrivaines de feu "
les incandescentes" sont abordés à partir de thèmes fondamentaux tels le mythe d'
Antigone, les relations conflictuelles de la
poésie et de la philosophie, la première ouvrant une porte sur la transcendance, la seconde toujours sous le joug de l'esprit de système et de domination.
Sont abordées essentiellement : les oeuvres de
Sophocle et la réécriture du mythe d'
Antigone y compris par Zambrano elle-même ("La tombe d'
Antigone") ; celles de saint
Jean de la Croix, notamment
le Cantique Spirituel et celles de
Baudelaire (Le cygne). La liturgie et l'exil, méditations communes à ces trois auteures sont abordées dans les acceptions propres à chacune :
Simone Weil est en effet la seule à s'en tenir à un stoïcisme chrétien de l'immanent tandis que Campo et Zambrano sont passées, elles, de l'autre côté du miroir.
La
poésie est définie comme un souffle de nature mystique, voie d'accès à la spiritualité humaine, d'inspiration essentiellement chrétienne ici, mais ouverte à toutes les confessions :
"C'est par
poésie et la liturgie, reflet de la lumière céleste, que l'homme s'enracine dans la patrie universelle, établit un lien avec elle.(...) Il est presqu'impossible d'établir une hiérarchie entre elles, puisqu'une religion ne se connaît que de l'intérieur. La diversité des formes de vie religieuse constitue la richesse spirituelle de l'humanité, car il y a entre elles comme "compensations" partielles des différences visibles, certaines équivalences cachées que peut-être le discernement le plus aigu peut seulement entrevoir. Chaque religion est une combinaison originale de vérités explicites et de vérités implicites ; ce qui est explicite chez l'une est implicite dans l'autre."
Elisabeth BART (
Les incandescentes)