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Critique de henrimesquida


Né en 1958, écrivain, homme de théâtre et traducteur (Racine, Molière, Marivaux, Kleist, Genet, entre autres), Neil Bartlett est, au Royaume-Uni, l'une des figures les plus respectées et les plus éminentes de la culture gay. Il vit à Brighton.

A trois heures du matin, au son d'un slow joué au piano, sous un plafond scintillant d'étoiles artificielles, dans le coin le plus sombre d'un bar et sous le regard de tous, deux amants tombent dans les bras l'un de l'autre…
L'un est plus âgé et plus sage. L'autre n'a que dixneuf ans. Des premiers baisers à la proclamation des bans, du mariage à l'acte d'amour et à la fondation d'une famille, tout dans cette histoire est à sa place habituelle. Sauf que ce mariage est un mariage entre hommes.
C'est dans une langue hypnotique et musicale, avec un goût rare pour le détail baroque, que Neil Bartlett conte cette fable érotique gay et morale peuplée de personnages énigmatiques, cette histoire d'amour fou empreinte de crudité parfois, de romantisme souvent, mais aussi d'une compassion admirable.

Cela se passe à Londres, dans le monde ancien quand les gays n'existaient pas encore. Dans une petite partie de ce monde et de ce temps vivent et s'égayent folles et homos, tous semblables tous différents sous le plafond étoilé du Bar, frères et rivaux dans un grand ballet nocturne au goût d'éternel recommencement, où chacun se cherche et cherche l'autre, désir de vie et d'amour. le Bar c'est une société où viennent se briser les solitudes du jour, un lieu de liberté offerte à la clientèle en gage d'avenir. On y sent approcher, imminentes, les années de libération, mais la peur et la violence sont là, coups de couteau réguliers dans le texte pour rappeler l'oppression et le ghetto. le SIDA non plus n'existe pas encore, la haine, elle, a été de tous les temps. L'histoire qui a ce paysage pour cadre est une histoire d'amour qu'on aurait envie de qualifier de toute bête. O et P'Tit Mec vont construire leur amour, différents et indifférents, seuls et entourés, Bartlett l'écrit avec intensité, méticulosité. Il mêle aux détails d'un quotidien réaliste, voire trivial, les codes et les épreuves d'un monde initiatique qui oblige les êtres à s'élever. Figures symboliques, Mère et Père permettent, volontairement ou non, aux deux amants de franchir des étapes existentielles jusqu' incarner un couple de notre mythologie.
On retrouve en écho du titre original cette phrase dans la dernière partie du livre Si jamais P'Tit Mec était tombé je sais qu'O aurait été là pour voler à sa rescousse, tout de suite et que ses bras auraient été assez forts pour le relever. Une phrase que l'on découvre comme une clef-de-voûte, elle paraît pas grand'chose alors qu'elle tient l'édifice. Bref, comme dans un vrai roman d'amour.
Oui, c'est un livre qui donne de la force et de l'amour.
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