: le moins que l'on puisse dire, c'est que le personnage de Juliette a le coup d'oeil et le bon coup de crayon.
D'un regard, elle arrive à saisir les dernières tendances de la mode de son époque, comprendre techniquement comme cela se conçoit et en faire sienne sur le papier pour de nouvelles créations personnelles et originales. Mais hélas, ce n'est pas si simple de se faire un nom avec une clientèle aussi exigeante et faire avec l'émergence d'un métier encore rare mais très concurrencé.
Juliette Renard est un des personnages de l'aventure de Pauline, le tome un de la série des "Lumières de Paris". C'est la seule véritable amie aux magasins de "L'Élégance parisienne", pour cette jeune femme débarquant du Havre.
Pauline se fait renvoyer ( voir le tome 1), puis finalement est réintégrée. Mais à son retour, Juliette ne travaille plus pour le magasin, on pouvait supposer le pire.
Mais il n'en est rien. C'est Juliette qui donne sa démission.
Mais pour une proposition qui peut être la chance de réaliser ses projets professionnels.
Certains crieraient pure folie que d'abandonner cette bonne place très convoitée. Néanmoins, Juliette prend les risques qui s'impose. A t-elle bien misée? C'est ce que nous raconte le tome 2, "la mode au bout des doigts".
Un petit récapitulatif de l'itinéraire de Juliette nous est accordée avant d'embrayer pleinement dans son aventure. Elle est fille d'artisans lyonnais à la Croix-Rousse et détient son savoir-faire et sa grande connaissance des qualités textiles des ateliers de ses parents.
De santé fragile, la jeune fille de seize ans est recommandée par son oncle sur Paris pour lui épargner l'atmosphère polluante des ateliers sur ses poumons. Comme Pauline, malgré sa "simplicité provinciale" face au monde parisien et mode de comportements bien différents, elle se distingue très rapidement car vive, déterminée et intelligente.
Juliette est plus audacieuse que Pauline car elle n'ont pas les mêmes charges, les mêmes objectifs, Pauline se doit de rester prudente. le don de Juliette pour le dessin et sa créativité foisonnante forge ce caractère qui peut la mettre parfois en danger pour ce qui pourrait être jugé rapidement comme du pêché d'orgueil.
C'est un sentiment ambiant dans lequel elle baigne, insufflé par sa clientèle très aisée mais dans lequel elle ne doit pas se perdre à chaque fois si elle ne veut pas repartir de zéro.
Juliette n'est pas une enfant prétentieuse, son jugement est assez assurée mais faut-il être encore être entendu, remarqué, quand on est en bas de l'échelle sociale, simple vendeuse du rayon "confection".
Avec culot, et encore plus d'audace que Pauline qui avait aussi des idées, Juliette joue les bonnes cartes auprès des bonnes clientes sans écraser les autres, tout en conservant ses valeurs inculquées.
Dans ce tome 2, le personnage est aussi ici l'excuse pour nous présenter un corps de métier, un artisanat du tissu dans ce grand Paris du XIXème siècle, mis à mal face à l'industrialisation, les rêves de splendeur des grands magasins avec de nouvelles stratégies de vente.
Dans cette fiction aussi , l'auteure Gwenaël Barussaud se lance dans une forme de critique sociale liée aux multiples transformations, décisions commerciales et urbanistiques du Paris de sa fiction. Comment le
Baron Haussmann a changé, bouleversé la vie de chaque Parisien?
Le constat est à la fois merveilleux et sévère.
Le monde parisien bouge et le destin de Juliette suit ses vagues en surfant dessus. Styliste à son époque est considéré comme marginal, ce n'est pas un vrai métier. Sauf, si l'on est bien introduit par les bonnes personnes.
Et le temps ne s'arrête pas avec les aspirations de Juliette à Paris, il était évident que le personnage qui faisait vibrer son coeur ne l'aurait pas attendu sagement à Lyon. Là aussi, nous revenons sur un aspect mis en avant dans le tome 1, avec les choix de femmes de ses jeunes dames.
Astucieusement, les tomes pourraient se lire dans le désordre mais il est plus savoureux de suivre la chronologie des aventures et des rencontres.
A découvrir absolument.