À l'occasion du salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil 2018, Gwenaëlle Barussaud et Myrtille Tournefeuille vous présentent leur ouvrages " Célestine petit rat de l'opéra" aux éditions Albin Michel-jeunesse.
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On est à Paris ici ! Un poste pareil est pourvu en un jour, deux jours tout au plus ! Il faut aller vite, très vite, si l’on veut participer à la marche du siècle… A la marche, que dis-je ? A la course, plutôt !
Marie-Thérèse ne peut tout de même pas avouer devant ses parents qu'elle vient de faire l'expérience de la liberté. Debout à la place du cocher, les mains tenant fermement les rênes des 8 chevaux, elle a découvert le moteur de cette révolution qui les broie. Et elle a perçu, non sans frémir, que cette force est irrépressible.
C'est donc ça, la liberté ? Cette sensation grisante, ce souffle puissant qui vous envahit la poitrine et vous rendrait capable de toutes les audaces. Un instant, elle songe au peuple français sous les fenêtres de Versailles. "Liberté ! criait-il. Liberté !" Et elle comprend que ce mot de liberté dont on a abreuvé le peuple est de nature à vous enivrer. Il vous donne quelque chose qui ressemble au courage, quelque chose de puissant et d'invincible. Soudain, elle a le vertige. On dit que la liberté en marche ne s'arrête jamais. Jusqu'où mènera-t-elle le peuple français ?
Les larmes me montent aux yeux. Ce n'est pas de la tristesse que j'éprouve. C'est de la colère. Je pense aux frais engagés par ma mère pour faire cette robe, au prix de la dentelle, aux soins déployés. Parce que je suis une ouvrière, je dois paraître une ouvrière, penser comme une ouvrière, agir comme une ouvrière. Cela signifie : pas de fantaisie, pas de fierté, pas d'ambition, pas de rêve. Obéir. Etre conforme à l'image qu'on attend de moi. Cette pensée me soulève d'indignation. un vent de révolte souffle dans mon cœur.
La nuit tombait à présent, les becs de gaz s'allumaient, trouant le jour mourant de leurs petites flammes jaunes. Elle courait encore, elle courait toujours, le souffle court, l'air éperdu. Une file ininterrompue de calèches élégantes remontait l'avenue, jetant dans l'ombre croissante le grondement sourd du trot des attelages. Çà et là, entre les arbres, des petits groupes sombres, des promeneurs attardés avançaient vers le coeur de Paris, on entendait des femmes rire très fort. Où donc allaient-ils tous ? Là-bas, des théâtres, des cafés, des restaurants allumaient leurs premiers feux, comme une promesse flamboyante, l'appel irrésistible des soirées parisiennes. Et cette fête perpétuelle, cet enivrement heurtait à présent son coeur noyé d'angoisse.
Maintenant, Rose est devant la porte des cuisines. Elle tourne la poignée. Celle-ci résiste. Elle insiste. Rien à faire. La porte est fermée à clef. Rose ne peut y croire! Elle secoue frénétiquement la poignée, dans l’espoir que celle-cifinisse par céder. Peine perdue. La porte reste obstinément close. Quel malheur! Comment va-t-elle faire pour pâtisser maintenant?"
Héloïse passa l'imposante porte en courbant les épaules. Ses yeux se posèrent sur une plaque de marbre où l'on pouvait lire, gravé en lettres d'or, "HONNEUR ET PATRIE". Elle en eut un frisson et, lorsque la porte se ferma dans un bruit sourd et menaçant, elle se raidit d'un coup. Il lui semblait qu'elle laissait derrière elle les années insouciantes de son enfance. Bien qu'elle eût promis à sa mère de ne pas manifester son chagrin entre les murs de la Légion d'Honneur, Héloïse avait toutes les peines du monde à retenir ses larmes depuis son arrivée à Saint-Denis.
Je ne sais pas si Louise a raison. Je ne pense pas être trop raisonnable, simplement, je ne cherche pas à atteindre des sommets qui me dépassent. J'aime ma maison, ma famille, mon travail, mes amis. J'aime ma vie à Noisiel. Je sais que toujours, elle se déroulera ici, sur les bords de la Marne. Qu'il y aura des mations brumeux où je rejoindrai l'usine en soufflant. des soirs d'été où je prolongerai ma promenade sous les étoiles. Des dimanches de printemps au bord de l'eau.

-Est-ce que tu accepterais e m'y accompagner, demain?
-Demain? À quelle heure?
-Après midi.
Il a une grimace.
-Après-midi, je suis au turbin mais tu pourrais m'accompagner.
-Qu'est-ce que tu fais?
-Je vends le journal à la criée. "La Marseillaise" qu'il s'appelle ajoute-t-il d'un air crâne.
Un coup d'oeil rapide en direction des ouvriers de Noisiel. Ils ont disparu, absorbés par la masse confuse de la foule. Je dois les retrouver. Mon coeur bat la chamade.
-Je serai aux Tuileries, dis-je très vite. Je t'attendrai.
-Dans les jardins? Je viendrai. Attends-moi devant la statue du tigre, près du bassin.
Je hoche la tête.
-Je m'appelle Émilien, dit-il.
-Léonore.
Il sourit. Il doit croire que je le dupe, que j,emprunte le prénom d'une autre. Léonore, ça ne colle pas très bien avec ma blouse grise d'ouvrière, mes mains abîmées.
-Léonore, répète-t-il, incrédule.
-Oui, Léonore. Pourquoi fais-tu cette grimace?
Il hausse les épaules.
-Je trouve que ça ne te va pas du tout. Ça fait bourgeois.
-Ça fait peut-être bourgeois, mais c'est le nom que j'ai reçu!
-D'accord, Léonore, d'accord! Alors à demain, aux Tuileries.
Je dégage ma main et pars en courant.
Lorsque je rejoins Jules, qui est resté en retrait pour m'attendre, je suis essoufflée, encore stupéfaite de mon audace.
-Qu'est-ce que tu faisais? me gronda Jules.
-Rien, je flânais...
Jules a une moue réprobatrice. Est-ce qu'il m'a vue avec le vendeur de roses de Noël?
-T'a acheté ça à ce vaurien? me demande-t-il en ôtant de mes cheveux une rose blanche.
Je regarde la fleur, stupéfaite. Émilien a dû la glisser dans mes cheveux sans que je m'en aperçoive. Je hoche de la tête, cache ma surprise.
-Oui je l'ai achetée. Elle est belle, hein?
Je ne sais pas si c'est la rose ou le vendeur, mais Jules semble hostile.
- Tu devrais pas dépenser tes sous inutilement, dit-il. Tous ses vendeurs des rues, ce sont des vauriens, des bonimenteurs.
Les souverains se bercent de cette illusion. Ils sont persuadés que, pour reconquérir le royaume, il suffit de quitter Paris, de gagner la province encore imperméable aux idées révolutionnaires. C'est oublier que les idées voyagent, comme les hommes. Cela, Marie-Thérèse s'en est rendue compte en écoutant les voyageurs attablés. Mais elle n'ose pas détruire les espoirs de ses parents, quand bien même ceux-ci sont dangereux. D'ailleurs, tout le monde est content, et on est bientôt sauvés. Pourquoi irait-elle assombrir la joyeuse atmosphère qui règne dans la berline ?