Un varan mécanique traverse la mangueraie. La clef brûlante attachée dans son dos est dans la main d'un vieillard. Qui, dans l'oubli d'une femme, de son autre main compte les dents gâtées tombées de son éclat de rire.
La terre tourne lentement, sous le ventre des pinasses, piquée par la perche de bambou qui passe du fleuve au ciel dans les mains du piroguier.
L'aube fendue de pirogues. Navettes en ces drapés gazeux qui tissent l'invisible au fil du visible. L'eau porte des hommes dressés, des éclats de poissons illuminent leur peau.
Des bruits de bois s'entrechoquant bercent la berge de ceux qui attendent, l'esprit bleuissant.
Des gueules des gargouilles, pots cassés de Farako, s'écoulent des cloaques luisants griffés par la volaille. Une bouilloire éventrée déverse la poussière des anciennes mains. La vie d'un homme s'éteint de l'autre côté du mur dans les yeux d'un margouillat stupide miroir sautillant.
Un soui-manga s'affaire dans la fleur profonde. Son bec tout au pollen et ses yeux dans le voile collant pâle.
Elle porte au-devant d'elle une braise dans une louche d'aluminium. Comme un oeil qu'elle regarde en son tréfonds marchant dans la nuit.