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Critique de SophianeLaby


On croit manquer de temps. On s'agite, on travaille, on fait du sport, on prend des trains. Lauren Bastide s'efforce de trouver une allure moins vive.

“En écrivant sur l'escargot, je voulais écrire sur la lenteur et l'étrangeté, sur la solitude et la mort, sur l'hibernation et l'estivation.” Comme les autres livres de la collection Bestial, l'animal est prétexte à livrer une pensée, un cheminement. “Je voulais écrire un livre triste, être seule et avoir une coquille. Je voulais laisser une coulée d'argent derrière moi.” Une “traînée”.

Mais Lauren ne sait pas trop comment avancer dans ce projet d'écriture. Au milieu de faits scientifiques sur cette bestiole étonnante, hermaphrodite, millénaire, à la bave cicatrisante - “aussitôt traumatisé, aussitôt réparé” -, elle glisse quelques anecdotes, quelques souvenirs, quelques blessures, dans de courts paragraphes qui commencent par “je crois que” et qui se terminent par “à vérifier”.

Peu à peu, les synchronicités la submergent. Un bar qui s'appelle “L'Escargot”, la structure des arrondissements de Paris, les comptines de ses enfants, les fautes de frappe dans ses textes, le menu dans un bistrot, les escaliers en colimaçon… Elle tourne en boucle. En spirale, comme la coquille d'un escargot.

Comme il est difficile de ralentir. de se recroqueviller. D'accepter l'immobilisme. On a beaucoup à apprendre de ce limaçon qui symbolise non pas la lenteur, mais “l'immensité et l'infini, le dépassement de toutes les binarités dans lesquelles s'empêtrent les humains.” Célébrons cet animal qui sait réparer les corps, guérir les traumatismes et résister à l'assèchement de la terre. Pour l'instant.
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